Die Adler
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[Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]

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Camille Libberecht
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MessageSujet: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyLun 9 Mar - 21:26

- Négatif, Adler 7 !

L'ordre lui vrillait encore les oreilles alors qu'ils volaient à tire-d'aile vers l'inconnu, remontant peu à peu pour disparaître dans le plafond nuageux qui les avais si mal servis. Derrière eux leur parvenaient encore pour quelques instants les rugissements des dragons blessés et les détonations des salves d'artillerie, et pourtant ils s'en éloignaient délibérément. En faisant passer sa mission en priorité, Camille avait bien pensé faire la nique aux Allemands, et surtout à von Warlau qui pourrait désormais ouvertement l'accuser d'insubordination devant un tribunal militaire. Mais il n'avait pas pensé à la moitié française de l'escadrille qui avait dû engager un combat fratricide. Serrant les dents, le jeune pilote chassa l'image de Tamerlan et de son équipage décimé par les tirs des FFL sans avoir le cœur de riposter. Il fallait aller de l'avant. Peu à peu, la strate cotonneuse engloutit les écailles éclatantes du Porte-Drapeau et noya les états d'âme de son pilote.

Quelques minutes plus tard, certain d'être hors de vue de l'escarmouche, Camille rebascula le PzB 39 dans son dos et sortit sa boussole de sa poche de poitrine. Dans une purée de pois pareille et dans le désert, elle était sa meilleure chance de s'orienter décemment. Heureusement que son équipement complet lui permettait théoriquement de survivre sur une mission en solitaire, et qu'il avait une autonomie de quelques jours par rapport à l'escadrille. Il essuya machinalement la buée soufflée sur ses lunettes de vol par le brouillard d'altitude.

- Orphée, on redescend sous le plafond, faut que je voie où on va.

Le paysage était toujours aussi monotone, mais un simple rocher pouvait servir de repère dans ces occasions-là. Camille confirma ses observations avec sa carte, où il retraça au crayon un itinéraire direct vers Touatja, sans s'embarrasser de l'escale initialement prévu pour la Die Adler. Il devrait pouvoir rallier l'oasis largement avant la nuit. Restait à savoir ce qu'il allait y trouver… Sa mission était de faire un état des lieux et de repartir faire un rapport. Mais il savait fort bien qu'il n'avait quasiment aucune chance de faire ça discrètement, il n'avait pas le bon dragon pour ça. Il était courrier, pas éclaireur. Mais à bien y réfléchir, ce serait peut-être un atout. Lentement, un sourire se dessina sur ses lèvres gercées par l'air sec du désert en imaginant la réaction des Français Libres qui verraient approcher les couleurs nationales sur les ailes du Porte-Drapeau.

Les étendues arides défilèrent quelques heures à un rythme de croisière calculé pour ne pas fatiguer le petit dragon, histoire de garder des forces au cas où les choses ne se passeraient pas comme prévu. Puis, finalement, une tache de verdure poussiéreuse se détacha derrière les dunes, adossée à un flanc de montagne rocheux. Mais la nappe de brouillard d'altitude, dissipée en cours de journée, n'était plus là quand on aurait eu besoin d'elle, jouant la perfidie jusqu'au bout.

- On n'a aucune chance de ne pas se faire repérer par leur poste de guet, à mon avis ils nous voient à dix kilomètres vu le temps. On cercle par tribord, à l'opposé de la tourelle, ça me donnera peut-être le temps de comprendre ce qui se passe.

- Compris.

Camille sortit les jumelles au moment où Orphée arrivait à portée, virant souplement sur sa droite pour faire le tour de l'oasis. Quelques secondes lui suffirent, en partant du poste de guet visible à l'œil sur un pic rocheux, pour repérer le village au pied de la palmeraie, et surtout l'étendue suspecte de toile claire qui prolongeait les habitations en terre. Il y avait là la place de loger tout un bataillon, ce que confirmaient les camions garés non loin, de quoi amener pas mal de matériel. Mais en faisant le tour de l'oasis aux jumelles, le pire fut de constater que plusieurs dragons avaient été installés au bord de l'eau, aux couleurs pas toujours évidentes à identifier d'aussi loin. Surtout quand Orphée le tira de son observation pour lui signaler ce qu'il n'avait pas vu venir, absorbé par ses lentilles tournées vers le sol.

- Cam ! On a de la visite.

Le jeune homme s'arracha instantanément aux jumelles et n'eut pas besoin de chercher pour voir le dragon léger qui volait droit vers eux. Très léger, d'ailleurs, peut-être un gros courrier, aux couleurs exotiques qu'il ne reconnut pas, même de près. Un instant désarçonné, lui qui se vantait de reconnaître n'importe quelle bête française, allemande et même quelques anglaises à cinq cent mètres, il réalisa qu'il était sans doute devant une espèce locale, ou en tout cas africaine. De sa main libre, il tira sur le harnais d'Orphée, le guidant dans une manœuvre d'approche prudente et circulaire qui lui éviterait à la fois de se retrouver en position d'attaque et en position vulnérable par rapport à l'autre. De près, il s'aperçut que le pilote avait la peau d'un noir poussiéreux où s'enchâssaient deux yeux vifs comme des charbons ardents. Probablement un officier de la Coloniale, ce qui confirmait sa première idée sur le dragon. Ce fut lui qui engagea le dialogue, avec un accent africain à couper au couteau, surprenant par-dessus sa voix profonde, reptilienne.

- Halte ! Amis ou ennemis ?

Camille n'avait pas lâché le harnais d'Orphée, qui continua son cercle rapproché, la seule manière de rester à distance raisonnable du guetteur sans se poser et sans s'approcher davantage de l'oasis quand on ne pouvait pas voler sur place. Il avait presque envie de rire devant la naïveté de la question quand on était en temps de guerre, mais il n'avait pas le temps de faire dans le détail, et il n'y avait qu'une seule réponse possible s'il voulait avoir au moins l'occasion de comprendre ce qui se passait ici. Il mit ses mains en porte-voix et répliqua avec toute l'assurance qu'il put rassembler.

- Amis ! J'amène du courrier !

Ce qui n'était pas faux. Restait à espérer que son uniforme ne parle pas avant lui et qu'il aurait le temps de tâter le terrain et d'ouvrir sa grande gueule avant de se faire mettre au trou par méfiance. Quant à savoir s'il allait devoir choisir un camp, pour l'instant, la zone grise dans laquelle sa mission l'autorisait à nager depuis qu'il avait quitté l'escadrille lui convenait parfaitement. Imperceptiblement, il relâcha sa prise sur le harnais, assouplissant la marge de manœuvre de son dragon au cas où sa réponse ne plairait pas à son vis-à-vis.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyMar 10 Mar - 4:08

Le dragon entra lui aussi dans une phase de plané lent, de sorte qu'Orphée et le gros courrier décrivaient un large cercle tout en se hurlant des paroles de reconnaissance. Mais, plus que leurs couleurs, c'étaient les marquages de leurs ailes qui opposaient les deux dragons. Une cocarde bleue, blanche et rouge (très légèrement cerclée de noir pour ressortir sur l'aile) ornait les membranes du Porte-Drapeau ; sur l'Africain ne figurait qu'une croix de Lorraine noire.

Le dragon ocre resta silencieux le temps de s'entretenir avec son pilote puis, d'une voix puissante qu'aucun humain n'aurait pu égaler, tonna en direction du duo vichyste : "Vous devez vous poser ! Si vous venez en amis, moi, Kattan fille de Ngelaw, sur mes ancêtres et mes enfants, je promets que vous serez traités avec respect !"

L'ordre était formulé avec amabilité, mais Orphée comme Camille aurait été aveugles pour ne pas voir décoller un autre dragon, physiquement assez proche de Kattan, mais pas assez pour qu'on les suppose de la même race. Cela confirmait sans doute la rumeur comme quoi il était difficile de forcer les dragons africains à se conformer à des races précises, définies par les éleveurs de métropole à des fins purement militaires, alors que la ponte suivait chez eux des logiques claniques. Ce nouveau venu, nettement plus brun, portait lui aussi la croix de Lorraine, et semblait tout près  à aller faire ses propres rotations entre Orphée et la route de retour au bercail...

Les deux dragons s'interpellèrent dans leur langue, mais ni l'un, ni l'autre ne fit mine d'attaquer après cet échange.

[Kattan = Force et Ngelaw = Vent en Wolof, langue parlée au Sénégal !]
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyJeu 12 Mar - 20:53

Du coin de l'œil, Camille observa le dragon qui lui barrait toute possibilité de fuite. Il arborait les couleurs du désert, une musculature sèche et puissante qui dissuadait de tenter la course contre lui, et connaissait sans doute la région comme sa poche. Ils n'étaient peut-être pas si naïfs, finalement.

- Tu y crois, toi, quand elle dit qu'on sera traités avec respect ?
- Je n'en sais rien, mais on n'a rien à perdre. Dis leur qu'on descend.

Il avait décidé de jouer la carte de l'amitié, autant suivre son idée. S'il n'avait vraiment pas eu l'intention de se poser, il aurait fallu tenter une approche moins frontale, ce qui voulait probablement dire sans Orphée. Et ça, ce n'était pas envisageable.

Cependant, il appréciait l'absence d'agressivité de l'accueil qu'on lui réservait, ce qui signifiait qu'il avait encore ses chances de régler la question pacifiquement, malgré la cocarde sans équivoque qui ornait les ailes du Porte-Drapeau. Le dragon prit une inspiration et répliqua à son homologue africain dans un français sans défaut, peut-être teinté d'un léger accent alsacien qu'on ne devait pas beaucoup entendre dans ces parages.

- Très bien ! Indiquez-nous votre aire d'atterrissage !

Camille se félicita qu'Orphée ait ce genre de réflexes, parce qu'un incident diplomatique serait vite arrivé s'il se posait n'importe où sans son escorte. En attendant, il avait tout le loisir de s'interroger sur les coutumes locales concernant les dragons, en dehors d'un laxisme certain sur la sélection des reproducteurs. Paradoxalement, Kattan semblait accorder beaucoup d'importance à sa lignée, ce qu'on ne pouvait pas dire de la plupart des dragons occidentaux. Peut-être qu'il vaudrait le coup de s'en souvenir au cours des négociations que Camille s'apprêtait à engager.

Laissant Orphée suivre leur guide jusqu'au sol, le pilote refit mentalement le tour de son inventaire, particulièrement de la précieuse enveloppe destinée au commandant de l'oasis, bien à l'abri dans les fontes avec ses effets personnels. Il n'allait pas pouvoir cacher bien longtemps qui l'envoyait ici, déjà que les apparences parlaient pour lui. Avec un peu de chance, pourtant, il pourrait les convaincre qu'il n'était pas leur ennemi. Camille rangea sa paire de jumelles, et se remit à observer ce qui se passait autour de lui.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptySam 14 Mar - 0:05

Les deux dragons accompagnèrent la descente d'Orphée, attentifs mais sans agressivité. Ils avaient dû décider de lui accorder le bénéfice du doute ou considéraient qu'ils rattraperaient sans difficulté le Porte-Drapeau, ce dont le caporal ne pouvait pas être sûr. C'était bien ça, le défaut des dragons de race non identifiée : on ne savait jamais vraiment de quoi ils étaient capables.

L'aire d'atterrissage ressemblait plus à un champ de cailloux en bordure de l'oasis qu'à une véritable aire aménagée. Aucun marquage au sol n'y avait été pratiqué et elle n'était pour ainsi dire pas gardée, ce qui paraissait moyennement nécessaire dans la mesure où, espace découvert aidant, on pouvait décoller ou atterrir à peu près où on voulait en dehors de l'oasis elle même. De toute façon l'intérêt du sol pâlissait dès lors qu'on l'atteignait car, de là, on avait une vue plus claire sur ce (et ceux) qui s'abritaient sous les arbres et de grandes toiles tendues.

Un dragon lourd. Non, des dragons lourd, dont un Grand Chevalier, auprès duquel somnolait un dragon moyen qui pouvait être un Papillon ou un Flamme-de-Gloire.

Il aurait été difficile d'évaluer le nombre de bêtes depuis le ciel. Il y avait là des Africains qui lézardaient au soleil, les ailes entrouvertes, sous lesquelles des courriers de métropole s'abritaient ; les dragons plus grands dormaient sous des toiles brunes et beiges, et à bien y réfléchir, il était très probable que des courriers se soient absentés pour chasser dans les montagnes (pour peu qu'il y ai quelque chose à chasser vu le degré de sècheresse). Il n'était toutefois plus possible de douter de l'évidence : la Die Adler n'avait croisé que l'avant-garde, voire même les éclaireurs d'un escadron entier.

Le pilote de Kattan rejoignit rapidement le Caporal, alors que celui de l'autre dragon semblait prêt à rester sur place pour surveiller Orphée. Sur la veste de la Coloniale figurait un grade de Sous-Lieutenant.

"Je suis le Sous-Lieutenant Amédée Régent," se présenta l'homme. Contrairement à son dragon, il s'exprimait avec un accent très léger. "Vous allez devoir rencontrer le Colonel Dumestres, il s'occupera de votre affaire. Suivez moi."

Cela sonnait comme un ordre, mais était-ce parce qu'il était de rang supérieur ou parce que Camille était prisonnier ?
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyMer 18 Mar - 16:40

A mesure que le sol se rapprochait, il devenait de plus en plus claire que le village de toile était en grande partie composé de bâches tendues entre les palmiers et autant destinées à protéger des regards que du soleil de plomb. Mais une fois Orphée posé, Camille put se rendre compte de l'étendue de son erreur d'appréciation, s'il ne s'était basé que sur les quelques poids légers visibles depuis le ciel au bord de l'eau. Il y avait là de quoi reconsidérer la force de frappe des FFL, et vite, surtout quand on apercevait la masse indolente du Grand-Chevalier dont les ailes rivalisaient d'envergure avec les toiles qui l'abritaient.

L'escadrille qui avait intercepté la Die Adler ne représentait qu'une fraction de leurs possibilités, et pourtant la dragonne amirale Lien s'était déplacée en personne. Cela, Camille ne se l'expliquait pas. Ce n'était pas une question de puissance, difficilement une question de discrétion, peut-être une question de négociations, quand on pensait que les Célestes étaient sans doute la race la plus intelligente du monde. Mais qu'avaient-ils à négocier avec une demi-escadrille franco-allemande détachée pour soutenir la ridicule garnison italienne locale ? A priori, il leur suffisait de cacher leur avancée à l'état-major du Reich.

Et justement, si la Die Adler s'était fait intercepter, Camille était là pour rendre compte de la situation, d'abord à sa propre hiérarchie, puis ça se transmettrait aux autorités d'occupation. Brusquement, il se sentit mal à l'aise. Il dégrafa son harnais et enleva une partie de sa combinaison de haute altitude, se défaisant ainsi de son masque à gaz et de l'appareillage radio. D'un geste souple, il descendit de dragon, mais resta un instant accroché au cuir du harnais, réticent à se séparer de son seul véritable allié dans cette affaire. Sentant son hésitation, le Porte-Drapeau arqua le cou pour venir souffler affectueusement dans les cheveux de son pilote. L'attention d'Orphée lui rendit son assurance, et il regarda approcher le Sous-Lieutenant avec fermeté.

- Caporal Camille Libberecht.

Il le salua d'un signe de tête courtois, mais pas de salut militaire ici, il n'était pas question de hiérarchie. Si Camille était prêt à suivre l'ordre par mesure de bon sens, il n'était pas pour autant prêt à reconnaître de sa part une quelconque autorité. Une contraction musculaire souligna un instant la ligne de sa mâchoire, puis il laissa glisser sa main sur le cuir chaud de son dragon, et perdit le contact.

- Cam… Tu reviens tout de suite après, hein ?

Le pilote avisa le dragon africain, l'oasis bondée de bêtes quasiment toutes plus lourdes qu'Orphée, et considéra le fait qu'il s'apprêtait à se jeter tout droit entre les griffes du commandant des lieux. Mais après tout, c'était là la mission qu'on lui avait assignée, et tant qu'il parvenait à louvoyer entre les intérêts des FFL, les siens et le contact avec Vichy, il n'avait rien à craindre. Il sourit, et déclara d'un ton dégagé au Porte-Drapeau, comme une promesse dont il prenait les deux officiers à témoin :

- Oui, bien sûr. En attendant, sois sage et garde mes affaires, d'accord ?

En parlant d'affaires, avec un léger signe pour faire patienter le Sous-Lieutenant, il prit quelques instants pour se rendre présentable, après son long vol dans le désert. Fouillant dans les fontes, il se passa un peu d'eau sur le visage et une main mouillée dans les cheveux, et récupéra au passage le fameux courrier destiné au commandant de la base, précieusement caché dans la poche intérieure de la sacoche qui contenait le petit équipement qu'il prenait à terre. Si Touatja ne daignait pas lui offrir un rafraîchissement avant de discuter des choses sérieuses, qu'à cela ne tienne, on ne dirait pas qu'il n'avait pas fait de son mieux, malgré la fatigue du voyage et le manque drastique de moyens de ce fichu pays. Toujours souriant, il se tourna enfin vers son escorte.

- Je suis derrière vous, Sous-Lieutenant.


Et il lui emboîta le pas, sous le regard insistant d'Orphée qui se demandait si on ne venait pas tout simplement de lui arracher son pilote sans même qu'il ait l'occasion de protester. Pendant ce temps, Camille essayait désespérément de se souvenir si le nom du Colonel Dumestres avait le moindre écho dans sa mémoire, que ce soit dans ses cours de l'école militaire ou par des rumeurs entendues pendant sa trop brève expérience sur le front.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyJeu 19 Mar - 21:25

[Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] 5ca8hx
Colonel Dumestres

Le dos tourné du sous-lieutenant ne permettait pas au caporal de savoir si refus de saluer le faisait tiquer ou pas ; toute réaction resta cachée alors qu'il s'enfonçait dans l'oasis. Cette dernière n'était pas si grande, mais elle était si encombrée de véhicules, de caisses et de dragons que la progression prit un certain temps.

Le colonel Dumestres occupait une large tente brune avec plusieurs de ces officiers, tous en uniforme colonial ou, pour certains, vêtus de beige saharien sur lequel ils avaient cousus les symboles de leur grade. Tous arboraient fièrement la croix de Lorraine et un bronzage des plus marqués.

L'homme en lui même, roux comme Stéphane Wilson, avait cramé sous le dur soleil du Sahara ; mais son teint aussi carotte que ses cheveux  n'était pas son seul signe distinctif, au point qu'il aurait fallu faire un concours pour savoir lequel remportait la palme du plus marquant. Etait-ce la boucle d'oreille sur laquelle brillait une émeraude de Colombie ? La moustache résolument démodée qui fleurait bon le XIXème ? Ou ses yeux verts dont la pâleur ressortait d'autant plus au milieu de ses coups de soleil ? Vêtu d'un ensemble orientaliste short-chemise en lin et d'un chapeau safari, il semblait tout droit sortit d'un livre d'histoire sur la conquête de l'Afrique noire.

Le sous-lieutenant Régent claqua un salut parfait qui ramena le silence dans la tente.

"Un courrier en provenance de la France occupée, mon colonel ! Le caporal Libberecht !"

Ledit colonel détailla le caporal, clairement et sans aucune subtilité, des pieds à la tête. De façon insistante. Longtemps. Sans doute assez pour mettre mal à l'aise n'importe quelle personne normalement constituée.

Avant de laisser éclater une sorte de "bah !" qui était peut être un vague éclat de rire et ressemblait un peu à un aboiement.

"Que quelqu'un sorte un tabouret et une tasse de thé pour ce malheureux ! Bon sang, ce pauvre Caporal a l'air d'un légume trop cuit. Je me demande qui de vous ou de moi est le plus rouge."


Ledit tabouret et un verre d'étain rempli d'un liquide brun et de feuilles de menthe apparu immédiatement sous le nez du courrier.

"Bon, parlons franchement. Vous êtes vichystes et nous pas. Vous êtes aussi discret que Charles dans une assemblée de nains donc je présume que vous êtes vraiment venu livrer du courrier. Je pense que le plus simple serait que vous remettiez directement votre paquet au lieutenant Naullain ici présent," dit-il en désignant un jeune homme au visage plutôt commun... si on omettait le fait qu'il était le portrait craché du général qui avait demandé à Camille de faire tout ce chemin. "Ensuite, vous aurez amplement le temps de vous décider entre nous rejoindre et attendre tranquillement que nous quittions cet endroit."

Parce que bon, il était évident que Camille ne serait pas autorisé à rentrer tranquillement pour faire son rapport.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyVen 20 Mar - 19:14

Le Sous-lieutenant salua avec une discipline admirable, qui fit tressaillir Camille, par réflexe. Pourtant, il ne salua pas plus le Colonel que l'estafette, se contentant de se planter bien droit au milieu d'une scène digne des grandes heures de la Colonisation. Il fallait admettre qu'à part Amédée Régent, personne ne semblait se formaliser de l'étiquette militaire, sans parler de la tenue. Leur seul uniforme était la croix noire imprimée sur le tissu et dans leurs regards fiers, aussi sûrement que la brûlure du soleil sur leur peau.

Camille soutint le regard de Dumestres sans fléchir, bien qu'en son for intérieur, il se demandât rageusement combien de temps allait durer l'examen. Ce n'était pas vraiment par inquiétude, mais il dut repousser l'impression tenace qu'on se payait sa tête, impression que l'éclat du Colonel ne fit rien pour arranger. Un légume trop cuit ! Ah, c'était ainsi qu'on accueillait les nouvelles, par ici ! Mais le trait d'autodérision le mit étrangement à l'aise, laissant voir un humour solide derrière l'austérité du cadre.

Il se détendit imperceptiblement, et se rendit compte en s'asseyant qu'il avait la tête qui tournait. La fatigue, le soleil, l'adrénaline de l'escarmouche dont quelques heures ne suffisaient pas à effacer la réalité, la pression d'un ordre de mission hasardeux… Il accueillit le verre avec gratitude, et se brûla à la première gorgée imprudente. La douleur et le sucre fouettèrent le sang du pilote, et il reprit brusquement des couleurs avec une grimace, tout en gardant désormais le thé hors de portée de ses lèvres gercées.

Il écouta le Colonel exposer sa vision de la situation en termes admirablement concis et sans fioritures. D'emblée, sa franchise lui plut, d'autant plus qu'elle touchait juste. Mais il ne put réprimer un sursaut de surprise à la vue du Lieutenant Naullain. Il faillit même ne pas entendre la proposition qui suivait, et qu'il rangea dans un coin de sa tête, car il aurait effectivement le temps d'y revenir.

Il remonta dans sa mémoire à ce petit matin grisâtre où il avait reçu son ordre de mission du Général Naullain en personne, entre une assiette de croissants secs et une carte d'Etat-Major. Le nom s'accordait indubitablement mal avec la tenue coloniale du jeune homme qu'il supposait être son fils. A moins qu'au contraire, le vieux renard ne cache admirablement son jeu ? Tout comme lui-même avait attendu son heure dans les souterrains de Sarnand…

Mais il ne servait à rien de sauter à des conclusions hâtives quand il restait autant de questions en suspens. Naullain n'aurait pas dépêché un courrier pour assurer sa correspondance personnelle, mais ça ne pouvait pas non plus être une coïncidence. Pourtant, la croix de Lorraine était sans équivoque. Le Général aurait-il surestimé la loyauté de son fils au régime de Vichy ? Sous-estimé la prise de Kouffra et Touatja ? Ou y avait-il une subtilité dans ses ordres que Camille n'avait à l'époque par les renseignements pour saisir ? Remettre le pli au dirigeant de la garnison, ou faire un rapport si vous n'avez pas pu atteindre le Lieutenant. Il regarda successivement Naullain Junior, puis Dumestres, et se décida à poser son verre de thé sur la table la plus proche. Quoi qu'il en soit, il avait son destinataire.

- J'apprécie votre franchise, Colonel, et j'apprécierai de pouvoir en abuser un peu plus longtemps. Ça m'étonnerait que vous attendiez des communications de métropole. Qu'est-ce qui désigne particulièrement le Lieutenant ?

Avec un certain sens de la mise en scène, il tira théâtralement le courrier de sa besace, mais le retint quelques instants en suspens. Etait-ce le thé à la menthe trop fort ou son léger vertige qui lui donnait l'assurance de s'interroger, allez savoir, mais il continua dans la même veine, s'accordant même le luxe d'un sourire engageant.

- Il se trouve que ce pli est destiné au commandant de la garnison de Touatja. Je le remettrai avec plaisir à qui de droit, si on peut m'expliquer ce qui se passe ici.

Et il plaça l'enveloppe dans son giron. Sans doute jouait-il avec le feu, mais il aimait ça. Plus important, l'attitude décontractée du Colonel le mettait à l'aise, et il ne regrettait pas sa décision de se pointer plutôt frontalement avec Orphée. Mais ce n'était pas une raison pour abattre d'un coup le peu de cartes qu'il avait en main, s'il pouvait glaner quelques informations avant de lâcher son précieux chargement.

Après, il fallait admettre qu'il serait bien en peine de résister à une quelconque fouille, ou de s'échapper sans autorisation du trou dans lequel il s'était complaisamment posé. Pourtant, on ne le traitait pas en prisonnier, et pour cela, il était prêt à coopérer.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyVen 20 Mar - 20:01

[Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] 5ca8hx
Colonel Dumestres

La nervosité du Lieutenant Naullain sembla monter d'un cran face aux questions du courrier. L'homme ne perdit pas ses moyens, mais sa gêne était visible au subtile changement de position qu'il accusa lorsque son nom fut prononcé.

"Je suis le commandant de l'oasis de Touatja," lâcha-t-il finalement. "J'ai décidé de rallier ma garnison à la France Libre."

D'après quelques regards en coin, certains se demandaient clairement si ce ralliement était motivé par l'adhésion du jeune monsieur à leur mission ou s'il n'avait retourné sa veste qu'en raison de la force de frappe considérable rameutée par Lien. Il faut dire qu'en temps normal, Touatja n'aurait sans doute eu qu'un courrier de passage pour seul dragon attitré, peut être un ou deux canons, mais rien qui puisse permettre à un vichyste convaincu de tenir la place.

Ni le Colonel, ni aucun de ses officiers ne fit le moindre geste pour confisquer le pli. Tous fixaient le duo Lieutenant-Caporal dans l'attente de la suite ; Demestres en particulier les étudiait avec attention, l'expression indéchiffrable.

"Je n'attendais pas d'ordres de métropole. Normalement je reçois tous mes ordres de la part du commandement du territoire militaire d'Oasis, qui est lui même commandé depuis Alger..."

"Eh bien, nous sommes tous d'accord que c'est étrange, Lieutenant,"
coupa Demestres. "Mais attendre plus longtemps ne rendra pas le paquet du caporal moins suspicieux. Vous devriez l'ouvrir avant de faire une attaque, non ?"

Le Lieutenant acquiesça, mais ne se détendit pas pour autant. Il se leva néanmoins et s'avança vers Camille, main tendue, et l'air résolu d'un homme qui s'attend à se faire bouffer la main.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyVen 3 Avr - 19:44

Camille jeta un regard aigu au Colonel lorsqu'il interrompit le jeune commandant de l'oasis alors qu'il lui apportait un éclairage bienvenu sur la situation militaire théorique de la région. Avait-il peur qu'il en dise trop ? Que devenaient les courriers d'Alger ? Quel territoire contrôlait la France Libre actuellement, en se camouflant derrière des oasis insignifiantes ? Autant de questions qui avaient de bonnes chances de rester sans réponse.

Il revint sur la main tendue du Lieutenant, et y déposa son courrier, en plaçant le cachet de Dijon directement entre ses doigts pour qu'il sache d'où ça venait, et puisse refermer la main dessus au cas où il veuille le cacher aux autres officiers. C'était à peu près tout ce qu'il pouvait faire pour la discrétion, ça et éviter de mordre, même si le jeune Naullain semblait s'y attendre.

- Eh bien, voilà le sort de ma mission entre vos mains, mon Lieutenant.

Il sourit, peut-être pour l'encourager, ou simplement parce qu'il avait au moins autant que lui l'air d'avoir le postérieur entre deux tabourets de camp. Il était curieux aussi, de voir s'il allait ouvrir le pli là, devant tout l'état-major des FFL dont il avait affirmé faire partie à présent, mais qui le considéraient avec presque autant de défiance que lui-même.

Techniquement, sa mission était accomplie dans les grandes lignes : remettre le courrier, et savoir ce qui était arrivé à l'oasis. La moitié d'un groupe d'armée, voilà ce qui était arrivé à Touatja, avec Lien en prime qui patrouillait le long de ce qu'il allait sans doute bientôt falloir appeler une ligne de front. Le pilote de Porte-Drapeau était loin d'être tiré d'affaire. Il ne se départit pas de son expression avenante, pourtant, en se tournant une fois de plus vers Dumestres.

- Colonel, une fois que cette affaire sera réglée, nous pourrions peut-être revenir aux options dont vous parliez tout à l'heure à mon sujet, si vous acceptez de m'éclairer davantage sur la situation.

Parce que c'était très bien de prendre un thé à la menthe brûlant sous la tente de commandement, mais Camille se doutait fort que ça n'allait pas durer. Et s'il fallait faire un choix, il aurait besoin d'un maximum d'informations sur ce qui se passait ici. De toute façon, il allait avoir besoin d'un maximum d'informations, d'ailleurs, même si sur le moment, l'idée de jouer au prisonnier évadé avec Orphée et une demi-douzaine de poids moyens ne l'enchantait guère.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptySam 4 Avr - 18:27

Le lieutenant répondit au sourire de Camille par une vague imitation, et un léger froncement de sourcils en déchiffrant le cachet de la poste. Il s'éloigna de quelques pas tout en déchirant le papier de l'enveloppe. Profitant de ce qu'il s'isolait, le colonel reporta toute son attention sur Camille. Un instant pensif, il rompit finalement le silence de son rire-aboiement si caractéristique.

"La situation, je ne peux rien vous en dire tant que vous n'aurez pas juré de vous battre pour la France, et par là j'entends la France libre. Les nôtres ont prêté serment, à Koufra, que nous ne déposerions par les armes avant d'être à Strasbourg. Je veux être sûr que vous ne ferez autant.

Réfléchissez bien. Vous pouvez choisir de vous constituer prisonnier si vous souhaitez rester fidèle à Pétain. Malgré ce que disent les nazis à notre sujet nous ne sommes pas des voyous, je vous assure que vous serez correctement traité."


Comme pour laisser plus de temps à Camille pour bien réfléchir, Naullain (qui devait avoir parcouru son courrier à la vitesse de l'éclair) revint, le visage aussi pourpre que les coups de soleil de Dumestres.

"Je... je suis embarrassé, mon colonel. Ce message... cette lettre ne contient aucun ordre. Il s'agit d'une correspondance purement privée. Ma mère est souffrante et, craignant que sa lettre ne mette trop de temps à m'atteindre, mon père a abusé de son grade pour faire porter le pli par le caporal Libberecht."

Ladite lettre, repliée, trouva refuge dans sa veste alors que, pris d'une gêne palpable, le lieutenant se tournait vers ledit caporal.

"Je vous présente mes plus sincères excuses, caporal. Vous n'auriez jamais dû être envoyé ici."
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptyMar 7 Avr - 12:19

Camille croisa gravement le regard du Colonel, alors que Naullain parcourait rapidement son courrier. Se battre pour la France… on jouait là sur une corde sensible chez lui, un patriotisme bafoué depuis trop longtemps, tenu au silence par la nécessité absolue de garder son dragon, de rester en poste, d'être prêt à rejoindre les combats un jour, quelque part…

La tentation était grande. Il suffisait de suivre le sens du vent, de saisir l'opportunité, et il serait libre. Mais il y avait peut-être encore mieux à faire que de simplement peindre une croix de Lorraine à la place de la cocarde tricolore sur les ailes d'Orphée. Il avait été envoyé en mission officiellement, et pouvait encore en revenir pour reprendre sa place à Sarnand. Un courrier n'était pas d'une grande utilité en combat, en revanche, un homme dans la place en métropole, ça pouvait toujours servir…

Le retour du Lieutenant interrompit le fil de ses pensées, et il lui jeta un regard surpris, vite suivi d'un geste pour balayer son embarras. Des ordres étaient des ordres, et si quelqu'un en était responsable, c'était son père et non lui. Mais quelque part, il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un peu trop pratique. Une lettre personnelle urgente, c'était possible évidemment, pourtant Camille n'y croyait qu'à moitié. Et si le Général avait présupposé que son fils était dans une situation délicate, et codé ses ordres en conséquence ? Il y avait plus d'un double jeu possible, et c'est précisément pour cette raison que le pilote demeura impassible.

- Il n'y a pas de mal, mon Lieutenant, vous n'y êtes pour rien.

Ou peut-être que si, et peut-être que la mission n'était pas si inutile, stratégiquement parlant. Mais cela impliquait qu'il y ait encore sous cette tente des soldats des deux camps, et que nulle parole ne pouvait être échangée librement. Dans le doute, mieux valait manœuvrer prudemment. Pour se donner le temps de la réflexion, Camille sirota une bonne partie de son thé à la menthe, désormais parvenu à une température plus buvable. Il lança un regard prospectif par-dessus le bord de son verre aux officiers en présence, au visage tanné de Dumestres à qui il avait envie de faire confiance, à l'embarras évident ou extrêmement bien joué de Naullain dont il ne pouvait s'empêcher de se méfier, malgré la présomption qu'ils soient encore à Vichy tous les deux.

- Colonel, vous comprendrez que je suis dans une position délicate, tout comme je comprends que vous êtes tenu à la discrétion de vos opérations. J'ai encore la responsabilité de mon dragon, et malgré la teneur inattendue du courrier que j'amène, me voilà bel et bien tombé ici. J'aimerais… m'isoler quelque peu avant de vous faire une réponse.


Tombé, on pouvait le dire, car quelle que soit sa décision, son destin dépendrait en grande partie de leur bon vouloir. Mais ce qu'il demandait à mots couverts, c'était une entrevue seul à seul avec Dumestres, parce qu'il n'y avait que comme ça qu'il pourrait évoquer le plan qui germait dans sa tête. Oui, marcher sur la corde raide entre deux loyautés, celle pour sa patrie et celle où l'armée de l'Air l'avait affecté, pouvait être un jeu dangereux. Mais il était déjà à la limite du point de retournement, alors il pouvait bien danser encore un peu.
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MessageSujet: Re: [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable]   [Touatja] L'oasis silencieuse [27 juillet][Sang, sueur et sable] EmptySam 11 Avr - 17:36

Le colonel ne semblait pas partager la suspicion du caporal vis à vis de Naullain, ou, s'il la partageait, il n'en montrait rien : il écarta le sujet de la lettre comme on écarte une mouche, d'un revers de la main et d'une expression faciale qui en disait long sur ce qu'il pensait de la mission de Libberecht et sur celui qui la lui avait confiée. Le sujet s'arrêta là... pour le moment.

Il paraissait plus intéressé par ce que Camille lui même avait à lui dire.

"Oui, bien sûr. Le sous-lieutenant vous escortera vers votre dragon et vous trouvera bien un endroit pour vous bricoler un abri. Personne ne veut que la pauvre créature se fasse du sang vert en se demandant où vous avez bien pu passer. Pour ma part, cet intermède aura été très plaisant mais j'ai du travail. Nous nous reverrons plus tard."


A ces mots, le sous-lieutenant fit signe au pilote de le suivre hors de la tente. Ils traversèrent de nouveau le camp bondé, direction l'aire d'atterrissage où les dragons ocres montaient toujours la garde auprès d'Orphée, une garde qui ne les empêchait pas de discuter amicalement avec le petit dragon. Après quoi une tonnelle leur fut attribuée qu'ils devaient partager avec deux jeunes Toute-Vitesse dont la vitesse de vol devait être inversement proportionnelle à leur intelligence ; si ces deux là savaient quoi que ce soit, soit ils l'avaient déjà oublié, soit ils n'en avaient même pas conscience, et la seule chose qui semblait les intéresser était de savoir si Orphée ne sera, à tout hasard, intéressé pour pondre un oeuf avec elles ?

Pendant que leurs piaillements emplissaient l'atmosphère, le soleil mettait fin à sa course journalière. Demain serait un autre jour...
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