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A travers le filtre (07/06/1941)

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François Drisslet
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François Drisslet

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MessageSujet: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyJeu 17 Juin - 23:07

Non mais franchement, c’était pas possible ! Un caillou roula sur quelques mètres après qu’il eut tapé dedans et s’arrêta dans une flaque d’eau, mais cela n’arrangea pas l’état d’esprit de François. Elle n’avait pas roulé assez loin, cette maudite pierre. Il n’avait pas tapé assez fort. Il n’avait pas tapé sur ce qu’il avait envie de taper, et le caillou était un bien piètre exutoire. Aussi l’aviateur continua-t-il sa route d’un pas rageur, en pestant intérieurement contre les Etats-majors qui affectaient les deuxième classe sous les ordres des capitaines aux cheveux roux, les capitaines de l’Armée de l’Air aux cheveux roux qui fumaient des cigarettes, les cigarettes qui s’écrasaient sur les harnais sans les brûler, la guerre qui rendait tous les produits – dont les cigarettes – difficiles à obtenir, les allemands qui avaient causé la guerre – et qui occupaient la France, fallait pas oublier l’essentiel – et cette saleté de pluie qui tombait depuis le début de la journée.

Pourquoi, mais pourquoi, le capitaine Wilson avait-il décidé à la fin de l’entraînement nocturne que c’était maintenant qu’il lui manquait des cigarettes ? Comme si ça ne pouvait pas attendre un peu. Ouais, on était samedi matin et les boutiques étaient fermées le dimanche, mais rien n’empêchait le pilote de Nobilitas de se lever un peu plus tôt le soir et de se rendre lui-même en ville, si ? Plutôt que d’envoyer quelqu’un d’autre les acheter à sa place. Plutôt que de l’envoyer, lui, les acheter à sa place. Pourquoi lui ? Est-ce qu’il avait une tête de commis, hein ? Il était aviateur, a-via-teur, de seconde classe peut-être, mais aviateur quand même. Ce n’était pas son boulot d’aller faire un petit tour en ville à l’heure où il aurait dû aller se coucher – oui, à dix heures du matin, on se couche quand on travaille la nuit – pour aller acheter des clopes à son capitaine. Vérifier chaque lanière du harnais après chaque patrouille pendant des heures pour vérifier que les mégots n’avaient laissé aucune brûlure, ça oui, c’était son boulot. Vérifier les armes et les parachutes et tout, aussi. Mais faire les courses, ça non !

Sauf que ce n’était pas un truc à répondre au capitaine quand il donnait un ordre. Et il le savait, le bougre ! Et voilà comment on se retrouvait à prendre le téléphérique pour se rendre à Montreuil sous la pluie et tâcher de dénicher une épicerie. Comme s’il avait une tête à trouver les épiceries, franchement ! Il ne se rendait quasiment jamais en ville, étant donné qu’il n’en avait pas besoin et qu’il y avait tout à Sarnand. Mais il fallait croire que la chance n’était pas totalement contre lui, puisqu’en relevant le nez de la flaque et du caillou qui y faisait trempette, il remarqua une enseigne.

Ah ah ! Une épicerie avant d’avoir atteint le centre-ville ! Restait plus qu’à espérer qu’il n’y aurait pas un monde fou à l’intérieur mais bon. Il n’avait définitivement pas envie d’aller chercher plus loin. Aussi ne tergiversa-t-il pas pendant des heures avant de pousser la porte.

« Bonjour, » lâcha François plus par habitude qu’autre chose.


[HJ- Pour Marie-France et tous ceux qui veulent.]


Dernière édition par François Drisslet le Ven 18 Juin - 17:58, édité 1 fois
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyVen 18 Juin - 12:58

Un jour de pluie. Ma foi, rien de plus naturel à Montreuil ces derniers temps!Comme on avait l'occasion de dire à Nantes,il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille. Oui bon, elle n'aurait pas l'idée de ressortir l'expression devant ses clients. Ils la prendraient sans doute pour une demeurée, si ce n'était pas déjà fait!
Un sacré caractère la MF. MF comme mauvaise foi, Mf comme mauvaise fille, MF comme mine de folle.
Bon là, on exagérait un peu.
Une fois de plus , la boutique avait été laissé à ses soins, son père étant allé pêcher avec son frère...pêcher par ce temps. Les hommes étaient tous des inconscients. En tout cas, elle laisserait le soin à sa mère de les couver quand ils rentreraient malades. Très peu pour elle, non mais. Ce n'était pas pour rien qu'elle n'avait jamais eu l'envie de devenir infirmière.
Mise à part une gentille petite vieille indécise, elle était bien tranquille, et restait là à son comptoir, observant la pluie dégouliner. Elle l'aimait bien bizarrement cette pluie. Le bruit qu'elle faisait dans les gouttières, l'image des gouttes dévalant la vitrine. C'était un spectacle.
Opinion un peu Nantaise. Ses gênes prévalaient!
La porte s'ouvrit, la cloche sonna. Et une nuée de gouttes portées par le vent atterrir sur le sol.
Avec un client en accompagnement, bien sûr!
Comme à son habitude elle regarda le client, avant qu'il n'ait refermé la porte. Tiens un uniforme? Tiens pas un uniforme Allemand?!Après Siedler, c'était le côté français qui débarquait chez elle. Dieu que c'était excitant. Et puis, de la chair fraiche en plus. Il n'avait guère que quelques années de plus qu'elle, et encore!
Il se retourna en lançant un bonjour assez taciturne, auquel elle répondit gaiement.


-Bonjour Soldat, alors qu'est ce qui me vaut le plaisir de votre présence ici?Ce n'est pas tous les jours qu'on reçoit de vaillants et fringuant jeunes français de l'armée!

Il n'avait pas un regard commode ce brun là! Une tête de garçon qui s'est levé du pied gauche. Un supérieur désagréable?Ou peut être un état d'esprit rebelle.
Tout détrempé en tout cas, le pauvre homme.


-Vous m'avez l'air tout trempé, si vous voulez , je peux vous apporter une serviette pour que vous vous séchiez un peu, ou bien une petite tasse de café.. enfin.. de chicorée.

Peut être trouverait il sa proposition un peu trop osée, mais après tout ça partait d'un bon sentiment. Il ressemblait un peu à un chien mouillé à l'instant, et puis il semblait si malheureux ce gars là. Elle se trompait sans doute, remarque, si elle en jugeait par la tête habituelle de son frère Jean, les garçons faisaient souvent la mauvaise tête sans raison.
Ce qui était sûr c'est qu'elle n'aurait pas proposé de la chicorée à ce Siedler.
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François Drisslet
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François Drisslet

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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyVen 18 Juin - 19:36

La chance était décidément une drôle de chose, qui prenait un malin plaisir à faire tourner les pauvres aviateurs en bourrique. Malheureusement François avait une préférence marquée pour ce qui était sérieux. Non seulement il ne ressentait pas un amour immodéré pour ce qui était drôle mais, en plus, il n’appréciait vraiment pas que l’on se moque de lui. Peut-être que ça expliquait le fait que son capitaine ait une fâcheuse tendance à l’agacer avec ses airs nonchalants et je-m’en-foutiste et son habitude de lui refiler toutes ses corvées, même s’il était capable, parfois, de se montrer sérieux et efficace. Enfin non, pas peut-être, sûrement. Mais la question n’était de toute façon pas là. Pour l’instant, ce n’était pas contre le capitaine Wilson que le jeune aviateur en avait – enfin, pas que contre lui – puisque la chance venait de gagner une place de choix dans ses récriminations intérieures.

Non contente de lui faire tomber dessus une splendide corvée dont il se serait bien passé, elle s’amusait également à faire tomber la pluie des nuages, comme si ce n’était pas suffisant qu’il doive descendre en ville et que c’était bien mieux s’il ne pouvait pas le faire au sec. Mais, d’un autre côté, elle plaçait une épicerie justement sur le chemin qu’il avait décidé de prendre, ce qui lui évitait de se rendre jusqu’au centre ville sous ladite pluie. Il n’y avait même pas de queue, en plus, réalisa François quand il poussa la porte, simplement une vieille dame et – ô miracle ! – pas la moitié du quart d’un allemand. Sauf que tout ne pouvait pas être devenu merveilleux d’un seul coup et que le commerçant derrière son comptoir était en fait une commerçante. Une fille et, évidemment, bavarde. Or si l’aviateur était parfois capable de faire des efforts pour soutenir une conversation, là il n’avait même pas envie d’essayer.

« Je viens acheter des cigarettes, » annonça-t-il donc simplement, sans commenter le passage sur les « vaillants et fringants jeunes français de l’armée ».

Fringant, il le serait déjà plus s’il n’était pas obligé de ressortir après l’entraînement au lieu d’aller se coucher. Quand à vaillant… Il voulait bien l’être, et ses camarades aussi sans doute, mais encore fallait-il que l’armée en question leur en laisse l’occasion. C’était pas en faisant tout ce que disaient les allemands sans broncher et en ne servant à rien qu’ils pouvaient se targuer d’être vaillants. Ils avaient même pas le droit de moufter – enfin si, ils avaient le droit, mais valait mieux pas s’ils voulaient rester entiers et conserver leurs postes. Même Nobilitas n’avait pas eu à protester quand on lui avait interdit de s’attarder sur l’aire d’atterrissage comme elle le faisait et d’aller enlever son harnais dans son étable, ce matin. Encore une lubie de ces s****** d’occupants !

Et d’ailleurs, plus vite il retournerait à Sarnand et moins il aurait de chances d’en rencontrer en ville, de ces occupants, et plus vite il retrouverait son lit dans le dortoir. Autrement dit, il n’avait pas vraiment envie d’une serviette pour se sécher, étant donné qu’il allait ressortir sous la pluie de toute façon, et encore moins d’une tasse de quoi que ce soit à boire.

« Non merci, » répondit-il donc, un peu sèchement.

Petite pause. Peut-être un peu trop sèchement. Après tout, elle n’y était pour rien, elle, et elle ne pouvait pas savoir qu’il n’avait pas envie de parler ou de s’attarder. Si sa mère avait été là, elle se serait sans doute arraché les cheveux, à cause du manque d’amabilité de son fils.

« Mais c’est gentil, reprit-il, d’une voix un peu moins sèche – fallait pas exagérer non plus. Je n’ai pas le temps de boire quelque chose, et il pleut donc je serais trempé avant d’arriver à la base. »
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptySam 19 Juin - 0:51

Il ne se dérida pas, pas un sourire, pas un seul changement sur sa figure.
Mauvaise pioche! Elle préférait presque l'Allemand. Oui, bon!D'accord! L'autre c'était un occupant, un doryphore, mais au moins il était loquace et affable. A l'inverse le Français lui, était aussi expansif qu'une tombe de granit dans un cimetière breton, c'est vous dire! Et aussi joyeux qu'une vieille veuve de quatre vingts ans.

Il ne devait pas vraiment être drôle à vivre pour ses camarades. En ces temps sombres, MF aurait pensé que les soldats avait plutôt l'envie de décompresser. Mais non. Celui là en tout cas, pour un peu, elle aurait cru qu'un de ses camarades avait été fusillé.

Enfin!ça restait un client, pas vrai. Et un compatriote qui plus est, sans parler du fait qu'il était en proche en âge d'elle même, or elle croisait peu de gens de son âge ces derniers temps, surtout à l'épicerie.

Tiens, il venait chercher des cigarettes, après l'autre Siedler en quête d'alcool fort, voilà que le second vice de l'armée se présentait, le tabac. Marie France avait essayé une fois en cachette et avait toussé autant que possible. D'ailleurs la fumée de cigarettes l'importunait , autant que l'odeur! Mais ça valait mieux que le cigare.


-Parfait. J'espère que vous n'êtes pas pointilleux sur la marque, vous comprendrez qu'avec l'occupation, on se procure plus difficilement ce genre de produit...

MF s'en va dans son arrière boutique. Rares sont les gens qui viennent acheter ces produits, beaucoup se font des cigarettes artisanales encore plus infâmes. Ah.. voilà. Elle mit enfin la main sur les paquets et en retira un. Ils étaient tous pareils.

-Alors..je n'ai que des Gauloises, ça vous ira?

Il avait l'air de s'en fiche comme d'une guigne.Qu'il s'empoisonne donc si ça lui faisait plaisir, mais qu'il lui prête au moins un peu d'attention!

-Vous avez les tickets de rationnement pour?Simple formalité.

Dans le même temps il avait rejeté son offre avec une sécheresse à peine dissimulée qui avait légèrement vexée la jeune fille. Heureusement il s'était rattrapé. Lourdement.

-Je me demande bien ce que vous faites d'ailleurs, tout compte fait, puisque nous sommes occupés et que la guerre est finie. Enfin, apparemment à ce que vous dites, vous avez plétore d'occupations!Grand bien vous en fasse. Et vous avez raison... c'était stupide de ma part......

Elle jeta un coup d'oeil dehors, une vraie averse.

-....Vous serez dégoulinant de toute façon à l'arrivée.

D'une certaine façon il lui rappelait son ami d'enfance.. celui qui avait disparu de la circulation. Mort ou parti...si seulement elle le savait. Pourquoi tant de jeunes s'étaient engagés dans une guerre perdue d'avance?
D'un côté elle le comprenait, elle même chérissait la liberté nationale d'antan, mais d'un autre, pourquoi aller à l'abattoir?!
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François Drisslet
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François Drisslet

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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyDim 20 Juin - 20:47

Le second vice de l’armée, tout de suite. François ne pouvait évidemment pas lire dans les pensées de son interlocutrice – enfin, locutrice oui, inter- c’était déjà moins évident puisque ça nécessitait un effort de conversation des deux côtés – mais il se serait certainement contenté de hausser les épaules s’il l’avait pu. Autant il avait du mal à tolérer l’alcool parce que ça conduisait ceux qui en abusaient à toutes sortes de débordements, sans parler des lendemains de beuverie difficiles, autant il n’avait pas grand-chose à reprocher au tabac. Il avait essayé une fois et n’en raffolait pas mais ça ne le dérangeait pas plus qu’autre chose, temps qu’on ne lui soufflait pas la fumée dans le nez ou qu’on ne s’amusait pas à écraser ses mégots sur le cuir du harnais de Nobilitas. Et puis, il fallait reconnaître – même s’il ne l’aurait même pas avoué en pensée – que la cigarette à la main collait parfaitement bien à l’image que le capitaine Wilson donnait de lui-même, quelle soit réfléchie ou non.

Mais, même s’il voyait souvent son supérieur avec une cigarette à la main ou à la bouche, François n’avait aucune idée de la marque qu’il achetait d’ordinaire. Et il était bien placé pour savoir ce que l’Occupation entraînait comme désagrément, et pas que pour le choix de marque de cigarettes. Aussi ne vit-il aucune objection à apporter à la jeune fille… à un détail près.

« Je comprends, approuva-t-il donc, avec un peu – juste un peu – moins de sècheresse dans la voix. Mais il m’en faudrait avec filtre, si vous avez. »

Oui, oui, avec filtre. La marque, il n’en savait rien, mais ça il le savait à force de ramasser des mégots. Les cigarettes avec filtre étaient peut-être plus récentes et moins répandues que celles qui n’en avaient pas, mais c’étaient celles que le capitaine fumait. Et il n’avait franchement pas envie, une fois rentré à Sarnand, que le pilote de Nobilitas le renvoie en ville parce que ce qu’il lui avait ramené ne lui convenait pas. Il ne voulait qu’une chose : rejoindre le château le plus vite possible pour donner à son supérieur ce qui lui revenait, prendre une bonne douche chaude et aller se coucher. Et il était hors de question qu’il redescende à Montreuil.

« Oui, » répondit-il donc quand l’épicière lui demanda si les Gauloises lui convenaient.

Il ne savait même pas qu’il y avait une marque qui portait ce nom-là, pour dire !

La question suivante de la jeune fille ne nécessitait aucune réponse à haute voix, puisqu’elle était revenue de son arrière boutique et qu’elle pouvait donc très bien voir le hochement de tête qu’il lui adressa. De toute façon, hochement de tête ou pas, il suffisait qu’il sorte les tickets de la poche intérieure de sa veste pour les lui donner et ce serait certainement suffisamment éloquent comme cela. Il s’avança donc vers le comptoir en farfouillant dans sa poche, à la recherche desdits tickets en espérant qu’ils ne soient pas trop mouillés, quand les nouveaux mots prononcés par l’épicière le firent se hérisser.

Abandonnant un instant sa recherche, François releva un regard furibond sur la jeune fille. Ah ouais, elle se demandait ce qu’ils pouvaient bien faire ? Puisqu’ils étaient occupés et que la guerre était finie ? Les mâchoires de l’aviateur se crispèrent et il se retint de justesse de serrer les poings. Ca n’avait pas l’air de la déranger, elle, que la guerre soit finie alors qu’ils n’étaient plus maîtres chez eux, justement ! C’était leur France, leur pays, leur terre, et les Allemands n’avaient pas à s’y conduire comme s’ils étaient chez eux ! La guerre était finie, hein ? Elle le serait surtout quand le dernier de ces occupants aurait traversé de nouveau le Rhin, si possible en fuyant à toute vitesse et la queue entre les jambes ! Mais ça risquait de mettre longtemps si les soldats ne faisaient rien parce qu’ils n’avaient plus rien à faire, non ?

Les dents serrées, le jeune homme souffla violemment par le nez pour s’empêcher d’exprimer ses pensées à voix haute. Il le savait pourtant que tous les français ne pensaient pas comme lui et qu’il ne devait rien dire et rien laisser percer de ce qu’il pensait vraiment, sous peine de se faire virer de l’armée, voire pire. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire ; il était loin de savoir se montrer aussi nonchalant que son capitaine. Aussi préféra-t-il baisser la tête pour reporter son regard sur sa poche et ses tickets, tout en laissant échapper quelques mots, bien moins politiquement orientés que ses pensées, mais d’une voix qui avait retrouvé sa sécheresse.

« On s’entraîne, paraît que ça peut servir pour des soldats. Et les dragons ne disparaissent pas parce que la guerre est finie, ils ont toujours besoin de leurs équipages. »

Ah, ça y était ! Les tickets. Ils étaient trempés eux aussi, mais tant pis. Elle n’aurait qu’à les faire sécher si c’était si important, songea François, en les déposant sur le comptoir.

« Tenez. »
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Timothée Vivier
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Timothée Vivier

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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyDim 20 Juin - 21:14

La porte de la boutique s'ouvrit brusquement alors qu'un petit tas mouillé faisait son entrée. Enfin, pas si petit que ça, mais très mouillé. Le petit tas semblait grognon comme le signala les premiers mots qu'il prononça, bien avant la politesse ou même une demande quelconque.

" P'tain, y pleut comme vach'qui pisse ! S'lop'rie d'temps pourri ! "

Oui, Timothée Vivier venait de faire son entrée dans la boutique et il le faisait savoir avec sa délicatesse habituelle. Il faut dire qu'il était encore embêté par ses blessures et que le bleu sur son visage était toujours visible. Mais, c'était avec fierté qu'il arborait ses deux platres, l'un pour le poignet, l'autre pour la jambe et sa béquille. Oui, il aurait certainement était mieux d'en avoir deux, mais il ne pouvait pas s'appuyer sur l'autre. Il aurait aussi certainement été mieux de ne pas sortir, mais il l'avait demandé à Madame Manon après avoir manqué de provoquer une nouvelle catastrophe.

Il faut dire qu'il ne supportait pas l'inactivité et que du coup, il se tournait tout particulièrement vers sa patronne pour faire des trucs ! Et pas des trucs pénibles comme éplucher des patates, non d'trucs chouettes parce que j'suis pas s'cassé qu'ça et que j'peux bien aider un max quand même, non j'pas peur d'tout' façon ! Donc, elle lui avait demandé de rapporter un truc depuis l'épicerie des Vaubert, paraissait que c'était les mieux pour ce truc là.

" S'lut tout l'monde ! Wouah, un vrai s'ldat d'chez nous ! Moi c'Tim, mon cap'taine ! Z'avez un dragon rien qu'pour vous ? Ouais s'lut M'rie France, comment qu'tu vas ? "

Oui, il la connaissait et il la tutoyait, après tout, elle était gentille en général et puis elle lui filait des trucs des fois, bon il ne lui demandait pas forcément avant de prendre un bonbon pendant qu'elle avait le dos tourné. Mais elle devait bien le savoir quand même donc elle était gentille. Il s'approcha avec sa démarche particulière étant donné ses blessures et tout le monde pu voir que ses deux plâtres étaient couverts de dessins divers. Des jolies fleurs aux croix gammées parce qu'il avait demandé à tout le monde chez M'dame Manon d'le signer. Un grand sourire sur les lèvres, Tim attendait qu'on lui réponde et qu'on lui parle.
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyDim 20 Juin - 22:57

Il comprenait ? Encore heureux. Un exposé ne serait pas nécessaire.
Elle n'irait certainement pas à l'autre bout du monde pour chercher une autre marque. Voilà qu'il voulait des cigarettes à filtre?Elle en avait entendu parler, ça n'existait que depuis une dizaine d'année, mais déjà les gens se ruaient dessus. MF s'estima heureuse de savoir son père si attaché à avoir les derniers produits, qu'importe la pénurie, sinon,elle aurait pu dire Adieu au client.
Elle vérifia que ce paquet de Gauloise, pour plus de sécurité, était bien de ceux à filtre.


-Oui, Soldat, vous avez de la chance nous avons quelques paquets de celles là, mais c'est Byzance pour le trou paumé où nous nous trouvons!!

Au moins il acceptait les Gauloises, elle avait eu un client , quelques semaines auparavant qui ne jurait que par une marque anglaise ... comme si les produits anglais étaient simples à acheminer. Il était drôle cet homme là, à croire qu' il ne devait pas avoir entendu la nouvelle de l'occupation!
On avait de ces gus parfois!
Finalement il avait des qualités, le mutique. Il était plutôt accommodant: il ne coupait pas la parole, il répondait par oui ou par non, simple à comprendre, il allait droit au but. Un homme franc et direct à n'en pas douter!
Elle releva un instant la tête, le sourire aux lèvres, ici plutôt commercial ,car le client ne donnait pas lieu de s'extasier et ne donnait pas franchement envie de le faire, pour croiser une tête plus renfrognée que jamais, un air presque méchant;
Avait elle fait une gaffe?! Peut être l'histoire sur l'utilité des soldats.


-Veuillez m'excuser.. vous semblez...Si c'est à cause de ma réflexion, je ne pensais pas à mal... C'est juste qu'il me semblait que les mobilisés devraient être renvoyés chez eux, maintenant que le gouvernement a décidé de nous abandonner aux mains des Fritzs, ça semblait être dans la logique de l'idée de Pétain. Après vous êtes peut être de l'armée de métier.

Il ne lui pardonnerait pas de sitôt. ça semblait certain.

-Vous êtes dans le vrai, vos dragons ont bien besoin d'entretien, et puis, mieux vaut avoir une armée de réserve bien entrainée sous la main... au cas où..


De toute évidence, aucune envie de lui parler. Juste d'avoir ses cigarettes et de s'en aller. Un vrai homme des cavernes. Enfin!On avait tous des caractères différents! Elle lui tendit les cigarettes, qu'elle avait emballées soigneusement dans un petit sachet , pour plus de précaution vis à vis de la pluie,ne faisant pas confiance à l'étanchéité des emballages originaux. Elle laissa le client chercher sa monnaie et lui donner les fameux tickets.. qui devaient être aussi secs que lui! Quelle joie!
Dring.. avant même de regarder, elle sut que c'était Tim. Un vrai vocabulaire de charretier, à en faire pâlir les Soeurs, seule la bouche du jeune coursier était capable de produire de telles sentences.
Marie -France lui adressa un sourire éclatant, se laissant même aller à lâcher un petit rire.Elle adorait ce littéralement Timothée. Un gamin bien débrouillard, avec une bonne bouille et une manière de parler tout à fait coloré qui changeait de l'ordinaire.Or comme vous le savez, MF adore sortir de l'ordinaire et ne déteste rien plus que le banal?
Lâchant son client, elle abandonna un instant son comptoir. Timothée était déjà employé à exprimer tout ce qu'il pensait au.. capitaine, apparemment,et allait sans nulle doute le bombarder de questions . Vu la nature du type, ce n'était pas une bonne idée.


-Tim, tu ne peux pas savoir ce que ça me fait plaisir que tu passes par ici!ça faisait quelques temps déjà!Ecoute, ça va très bien.
Se rapprochant de lui, elle lui lâcha au creux de l'oreille:

-Je te recommande de ne pas t'attarder sur ce lascar..le genre solitaire bougon.

Elle se releva, comme si de rien n'était, puis fixa un instant les deux plâtres, et le magnifique bleu ornant la joue encore pouponne du garçon.

-Mais tu t'es vu?!Dans quel état est ce que tu sors, sous toute cette pluie, tu pourrais glisser!Tu n'es vraiment pas raisonnable.Enfin, c'était à prévoir avec toi! Qu'est ce qui t'est arrivé?!Raconte moi tout, je veux tous les détails!

Elle s'absenta, puis revint avec une chaise.

-Vas y, assieds toi!C'est Madame Manon qui t'envoie? Si je n'étais pas sûre que tu l'aies convaincu de te laisser faire cette course, j'irais lui dire ma façon de penser.

Un bonbon pour la peine?Bah... il se servirait bien, elle le connaissait le loubard!Même avec deux plâtres, il trouverait encore le moyen de lui faucher quelques douceurs. Le niveau de la bonbonnière s'affaissait petit à petit, à chaque visite. Elle ne disait jamais rien. Favoritisme?Non, jamais!
Bon.. il lui avait déjà rendu service en faisant des commissions de sa part à des garçons, quand son père lui interdisait de sortir, quelques années auparavant.
Oh d'accord. Elle était charmée par sa bonne tête et sa gouaille si virulente.Vous êtes contents?!
L'image des espèces de croix gammées dessinées sur son plâtre la refroidir.


-Avec qui est ce que tu traines, encore? Tu laisses vraiment n'importe qui signer.

Elle s'empara d'un crayon, et gribouilla une fleur de lys sur son plâtre du poignet, en grand, très grand, plus grand que les petits dessins des nazis.

-Voilà c'est mieux ainsi. Un signe bien de chez nous.

Signe de la monarchie?Oui, elle le savait bien. Plus d'actualité?!C'était évident.Mais le temps de la monarchie absolue résonnait encore dans les têtes étrangères comme le règne du roi soleil, le faste français, le savoir vivre et la culture dominante de la France à travers l'Europe. C'était une façon bien à elle de montrer sous couvert ce qu'elle pensait. La france était grande, la france était plus grande que l'Allemagne nazie. Elle la dépassait et ne pouvait de ce fait être sous son joug.
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François Drisslet
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyLun 21 Juin - 22:50

Bon, très bien, elle avait des cigarettes avec filtre. La marque avait peut-être de l’importance aussi mais, comme il ne connaissait pas celle du capitaine, autant prendre ce que l’épicière avait. Au moins, avec des filtres, il diminuait les risques de devoir retourner en ville parce que ses achats ne conviendraient pas au pilote de Nobilitas. Et puis, de toute manière, il y avait peu de chances qu’il y ait d’autres marques ailleurs, même dans des épiceries plus proches du centre ville. Après tout, l’Occupation était la même partout, la pénurie aussi, et le capitaine n’aurait qu’à faire avec. Satisfait d’avoir fait ce qu’il avait à faire, François se sentait presque content de retourner sous la pluie dans quelques instants, puisque cela rapprochait d’autant le moment où il serait à Sarnand, où il prendrait une douche et où il irait se coucher. Il était donc presque détendu – enfin, un peu plus qu’à son arrivée, quoi – lorsque la jeune fille lui demanda les tickets, mais cette détente ne dura pas bien longtemps à cause des paroles qu’elle prononça ensuite.

Et apparemment son changement d’état d’esprit n’était pas passé inaperçu, même s’il avait fait de son mieux pour ne pas laisser percer trop de colère ou de ressentiment dans ses paroles. Mais il avait beau savoir qu’il devait faire attention, l’aviateur n’en avait soudain plus rien à faire, de ce qu’elle pouvait penser de lui, l’épicière. Elle pouvait même essayer de s’excuser et dire ce qu’elle voulait pour tenter de se justifier, si ça lui faisait plaisir, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle était commerçante, c’était son boulot d’avoir l’air d’accord avec ses clients – comme son boulot à lui était d’avoir l’air d’accord avec les ordres, fussent-ils allemands, songea-t-il, amer – mais elle ne pouvait pas effacer ses paroles. Ca faisait presqu’un an que ce bout de torchon l’armistice était signée et les jeunes gens qui ne faisaient pas partie de l’armée de métier avaient déjà été démobilisés depuis un bon moment, elle ne pouvait pas prétendre l’ignorer. Aussi François haussa-t-il les épaules, comme pour rejeter ses justifications, avant de laisser échapper quelques mots, toujours aussi sèchement.

« Oui, ça peut peut-être servir une armée entraînée. »

Et sans s’attarder sur la question qui l’agaçait au plus haut point, le jeune homme attrapa le paquet qu’elle lui tendait en échange de ses fameux tickets de rationnement. Il lui remit la monnaie en même temps qu’un « Merci » aussi sec que ses paroles précédentes et pivota sur lui-même dans l’idée de rejoindre la porte… qui s’ouvrait pour laisser passer un drôle d’hurluberlu, au langage coloré. Un peu surpris, à la fois par le garçon et l’avalanche de question qu’il lâcha, François resta coi quelques instants avant d’ouvrir la bouche pour répondre.

« Bonjour. Mais je ne suis pas cap… »

Il n’eut toutefois pas le temps de poursuivre puisque la jeune fille avait quitté son comptoir pour rejoindre le gamin en répondant à son salut. Fort bien. Il n’avait visiblement rien à faire là, parmi ces retrouvailles entre amis, et il avait ce qu’il était venu chercher, alors… François ébaucha donc un deuxième pas vers la porte, alors que l’épicière repartait dans son arrière-boutique, et décida finalement de profiter de sa courte absence pour corriger le salut du garçon et répondre à ses questions. Enfin, à la seule qu’il avait retenue.

« Tim, c’est ça ? Je ne suis pas capitaine, si tu veux savoir. Je suis juste aviateur et je n’ai pas de dragon à moi, je fais juste partie d’un équipage… »

Sa voix mourut sur ces derniers mots, tandis qu’il détaillait le nouvel arrivant trempé et que ses yeux s’arrêtaient sur ses bleus, ses deux plâtres… et les beaux petits dessins qui y étaient griffonnés. Les mâchoires de l’aviateur se crispèrent à nouveau et il eut presque l’impression d’entendre ses dents grincer de frustration. Et voilà, un autre français qui ne voyait aucun inconvénient à voir son pays fouler par les allemands. D’un autre côté, ce n’était pas si étonnant que ça puisqu’il paraissait être un ami de l’épicière, hein. Entre personnes de même opinion, on s’entendait bien certainement. Tout comme avec les Occupants, dans leur cas.

Le poing serré sur le paquet que lui avait remis la jeune fille et qui contenait les cigarettes, François décida subitement qu’il en avait assez. Devoir se farcir les allemands à Sarnand, leur présence, leur arrogance – comme à celui qui s’était invité une nuit, ce Heydrich, et à ce pilote, là, von Warmachin – et leurs ordres à longueur de temps, c’était déjà à la limite du supportable, mais s’il devait aussi faire bonne figure devant tous ces sympathisants français pour le régime de Vichy et l’Occupation allemande, ça devenait carrément impossible. Qu’ils restent tous là, lui il allait retrouver son lit, son livre d’histoire et tout ce qui avait conservé un peu d’essence de la France, pendant qu’ils s’amusaient à dénigrer les soldats de leur pays et à dessiner partout des croix gammées… et des fleurs de lys ? Allons bon ! Et puis quoi encore ?

« C’est mieux, oui, s’entendit prononcer l’aviateur, avant même de réaliser qu’il avait ouvert la bouche. Mais ça fait longtemps qu’on n’a plus de rois en France, ajouta-t-il en retrouvant un brin de sécheresse. Le drapeau tricolore, c’est plus républicain. »

Et, lui, s’il se l’était bouclée, c’aurait été mieux.
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Timothée Vivier
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyLun 21 Juin - 23:36

L'accueil de Marie France fut comme d'habitude rapide et bruyant mais Tim souriait d'une oreille à l'autre. Il était bien, tout le monde lui souriait, le capitaine semblait décidé finalement à lui parler et Marie France voulait savoir comment il s'était fait ça. Bon, d'accord, il ne savait pas trop quoi dire. Il verrait bien ce que cela donnerait quand il aurait terminé de parler.

Il les regarda l'un après l'autre, incapable de parler alors que les deux faisaient un relai dans ce qu'ils disaient. Il les fixa l'un après l'autre, il regarda tout bien pour voir ce qu'il pouvait faire.

" J'me suis crouté dans l'z'escaliers ! C'rien t'inquiète ! C'pas comme si j'm'étais fait cogné d'ssus ! Et pi t'vu j'me suis r'trouvé comme ça ! Donc j'sais 'xactement comment j'dois faire maint'nant. Et t'vu tout l'monde chez m'd... Madame Manon a signé ! Même l'chef ! Lui l'a fait l'grosse croix là ! "

Il regarda le dessin que faisait Marie France tout en souriant et en écoutant l'aviateur, mince il était pas capitaine, c'était pas grave, il n'avait pas de dragon non plus, pas de soucis. Il sourit à la commerçante et à l'aviateur qui regardait les dessins avec un air pas content. Allons bon, encore un qui n'allait pas approuver que Tim soit copain avec des allemands et avec des français. Pourtant ils étaient gentils avec lui, ils lui racontaient des trucs, parlaient fort et faisaient du bruit. Il avait eu droit à plusieurs leçons de tir au pistolet même ! Les hommes riaient quand ils le voyaient pris par le recul, totalement rater sa cible.

Alors qu'au lance pierre, il faisait mouche presque à tous les coups, il faut dire qu'un lance pierre c'était plus facile à manier qu'une arme à feu. Ca c'était l'excuse qu'il donnait bien entendu. Il entendit les deux autres parler des gens qui avaient fait les signatures.

" Ben t'sais j'leur d'mande et s'ils disent oui, j'les laisse faire, t'sais qu'j'ai d'fois d'tickets en plus si j'suis gentil ? Enfin pas f'cément g'til hein, si j'dis d'conn'ries aussi ! Ca l'fait rigoler ! Mais et vous m'sieur l'viateur ? V'signez aussi, v'pouvez faire un d'peau tric'lore hein, pas prob ! J'fous c'que j'veux c'mon plâtre rien qu'moi ! "

Il fouilla dans sa poche et sortit deux tickets froissés, il les tendit à Marie France en expliquant.

" C'pour l'bar, y m'faut d'beurre et pi d'sucre ! Hé ! M'sieur l'viateur ? Vous z'avez quoi comme dragon ? C'con que j'puisse pu v'nir à Sarnand, c'tait chic, v'croyez qu'vous pourriez m'faire rev'nir, c't'abruti d'Siedler qu'veut pas. Ah p'tain merde ! Faut que j'dise M'sieur Herr Siedler même si c't'un abruti. Heu, v'répétez pas hein ! "

Il les fusilla du regard en les montrant l'un après l'autre du doigt. Non mais, hors de question qu'il retourne faire un tour à la Gestapo pour le moment. Enfin, non, il voulait bien y aller mais comme invité par comme prisonnier, il était pas assez en forme pour subir un interrogatoire, il était capable de dire la vérité, ce serait idiot non ? Son sourire par contre démentait ses paroles, il était ravi d'être le centre de l'attention des deux autres. Ca changeait de voir de temps à autre de nouvelles têtes.
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyMar 22 Juin - 15:59

Sans un mot ou presque, il prit le paquet, marmonna un merci peu enthousiaste,donna l'argent nécessaire et puis s'en alla vers la porte, au soulagement de Marie France, qui sentait bien qu'entre eux ce ne serait jamais la grande entente.
Il s'arrêta en voyant Tim, s'engagea dans une conversation, à l'étonnement de l'épicière, et lui aussi remarqua les signes sur le plâtre de Tim. Son visage devint aussi pâle que le blanc d'un oeuf à l'instant même où il aperçut ces infâmies.
Clairement pas vichyste ou pro nazi. Elle non plus, mais il devait la considérer comme telle avec son monologue sur les soldats, et puis surtout, du fait de son apparente amitié avec le coursier.
Tant pis, elle n'en avait que faire de son opinion à ce blanc bec. Qu'il la prenne pour une demeurée même, si ça lui plaisait!
Et puis, ça n'avait pas manqué, il lui précisait que c'était royaliste...Là, elle eut envie de lui rétorquer... non pas une envie, elle le fit.


-Merci de me préciser que la monarchie a été abolie, je n'étais pas au courant.Non mais, vous me prenez pour qui! Si vous cherchiez un peu dans votre caboche de soldat bougon, vous comprendriez qu'au vu des étrangers, des Allemands notamment, la République, ça n'évoque pas la grandeur, rien qu'une chose qu'ils ont su écraser,alors que la monarchie française, dans leur tête, ça résonne Louis XIV,et ce monarque, ça leur évoque la richesse, le rayonnement culturel et militaire, la France au centre de l'Europe.
Vous n'êtes pas d'accord avec moi, tant pis, mais ne venez pas commenter mes faits!


Tim était encore dans l'adolescence, il ne comprenait pas vraiment les enjeux, et comme le gamin un peu perdu qu'il était, il n'écoutait que les opportunités. Il essayait de s'attirer les bonnes grâces du côté vainqueur, pourquoi l'en blâmer. Il ne faisait rien de réellement grave. Il gagnait des tickets comme il pouvait, au bon endroit.
Elle reprit sa discussion avec lui, tournant clairement le dos au soldat qui l'agaçait à lui lancer ses regards réprobateurs.


-Tu vois ce qu'on gagne à foncer sans réfléchir. Allez va!ça t'apprendra!Au moins maintenant tu sauras te servir d'une béquille, ça peut toujours servir, et tu apprendras peut être la patience, avec un peu de chance!

Elle ne fit plus de commentaires sur les Allemands. Elle même étant enfant aurait peut être recherché les dessins et l'affection de tous, sans distinction. Et indépendamment de leur statut, les Allemands n'étaient pas tous désagréables.
Prenant un tabouret, elle monta dessus pour chercher le sucre sur les étagères, en redescendit un pot, et remplit un paquet, puis, prit une motte de beurre, glissa le tout dans un sac plus grand, et tendit le tout à Tim, prenant les tickets en même temps.


-Tu paieras plus tard?!

Il commença à parler de Siedler et n'avait guère l'air de l'aimer. Malgré elle et bien que se montrant peu amène avec le dit Siedler lorsqu'il se présentait devant elle, elle le trouvait gentil.

-Abruti de Siedler?!u le connais celui là?!Que t'a t il donc fait?Il semblait pourtant assez respectable à première vue pour un Goth!
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François Drisslet
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyMar 29 Juin - 2:16

[HJ- Désolée pour le retard… ><]


Et voilà. François savait bien qu’il aurait mieux fait de se la boucler. On ne pouvait décemment pas s’attendre à ce qu’une fille qui ne voyait aucun inconvénient à la présence d’allemands occupant le sol français et qui ne voyait pas l’intérêt de conserver des soldats français dans l’Armée de l’Air puisse accepter sans broncher sa remarque sur la monarchie, même si elle avait tort. Et toutes ses assertions sur la grandeur de la France ainsi que ses comparaisons n’y changeaient strictement rien. Pétain, tout maréchal et héros de la Grande Guerre qu’il soit, avait remplacé la IIIème République par le Régime de Vichy et s’aplatissait devant les envahisseurs. La République s’était battue – et ne demandait qu’à continuer la lutte – alors que Vichy s’écrasait. Mais ce n’était pas étonnant que l’épicière déforme les faits pour les conforter à son opinion. Comme si la République et ses valeurs auraient pu laisser passer l’Occupation par les allemands et leurs idées !

Sauf que, songea l’aviateur, les dents serrées, il était évidemment hors de question d’exprimer ses pensées à voix haute. Il y avait des choses qu’il ne valait mieux pas dire tout haut, et encore moins quand on se trouvait en présence de certaines personnes avec certaines opinions. Entre l’épicière qui venait de lui faire clairement comprendre ce qu’elle pensait de la situation et du rôle des soldats français et le gamin qui était visiblement copain comme cochon avec des soldats allemands, il ne se trouvait apparemment pas en idéale compagnie pour pouvoir s’exprimer sans risque. Ce n’était pas qu’il avait peur desdits risques, mais il devait reconnaître que ce serait idiot d’avoir des problèmes juste pour ça.

« Napoléon aussi a été battu, rétorqua-t-il donc seulement, avec toujours autant de sécheresse, et personne ne peut nier que c’était un grand homme. »

Comme si la dragonne Lien avait pu s’allier à quelqu’un qui n’était pas un grand homme ! Les livres d’histoire, même s’ils ne prenaient pas parti, étaient suffisamment clairs là-dessus. Les faits parlaient d’eux-mêmes.

Il n’ajouta pas que la République avait au moins le mérite d’être grande avec tous ses citoyens, contrairement au roi évoqué par l’épicière qui avait basé les soi-disant grandeur et rayonnement de la France sur l’exploitation de son peuple, mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait. De toute manière, la jeune fille ne l’écouterait peut-être même pas. Si ça se trouvait, elle était même royaliste ou un autre truc du genre. Après tout, elle avait l’air d’apprécier la botte que les allemands faisaient peser sur la France, l’idée d’un roi qui exploitait ses sujets ne devait pas trop la gêner. Et puis, franchement, François n’avait aucune envie de se lancer dans un quelconque débat avec une interlocutrice pareille. Il en avait déjà assez dit comme ça. Aussi se contenta-t-il de se taire, avant de secouer la tête en signe de refus à la proposition du gamin.

« Non merci, ça ira. »

Drapeau tricolore ou pas, il n’avait aucune envie de griffonner quelque chose sur un des plâtres du garçon. D’une, il n’aimait déjà pas signer ou dessiner quoi que ce soit en temps normal mais, de deux, sur un plâtre recouvert de croix gammées, c’était encore moins tentant. Le gamin était peut-être jeune et tout, il pouvait amuser les allemands qui lui donnaient des tickets s’il le voulait, mais ce n’était pas une raison aux yeux de l’aviateur. Il était français à la base, non ? Et qu’un français puisse cautionner l’occupation de sa terre par des étrangers, c’était quelque chose qu’il n’arrivait pas à comprendre, un point c’était tout.

Avec un haussement d’épaule mental, François s’apprêtait donc à quitter définitivement l’épicerie en laissant ces collaborateurs à leurs joyeuses discussions, lorsque le gamin l’apostropha à nouveau. En tâchant de faire taire son mécontentement – ou, tout au moins, de le cacher un tant soit peu – l’aviateur écouta l’avalanche de mots qui lui tomba dessus et eut du mal à retenir un haussement de sourcil quand il fut question de Siedler, mais il n’eut pas le temps d’articuler une réponse que, déjà, l’épicière renchérissait. Il fit immédiatement une légère grimace mais attendit que la jeune fille ait terminé de parler pour ouvrir la bouche. Enfin, quand même… Respectable, le chef de la Gestapo ! il aurait tout entendu ! Il était bien plus d’accord avec « c’t’abruti d’Siedler » qu’avec le « respectable Herr Siedler » même s’il se doutait que, pour s’être retrouvé au niveau hiérarchique où il était, le Siedler en question n’était pas si abruti que ça.

« C’est quand même le chef de la Gestapo, » se contenta-t-il donc de répondre, surtout à l’attention de Marie-France.

Même si elle aimait tant que ça les allemands, elle ne pouvait quand même pas être en admiration des officiers en uniforme feldgrau, si ? Même les allemands d’origine ne les aimaient pas en général, ceux-là… Enfin, de ce qu’il avait compris.

« Et, reprit François pour répondre à l’adolescent, il loge à Sarnand aussi. Alors, si c’est lui qui t’a interdit d’y venir, je vois pas comment je pourrais faire quelque chose. »

Comme s’il avait eu envie de faire quelque chose, en plus. Il y avait suffisamment d’habitants d’Outre-Rhin à la base pour qu’il n’y ait pas besoin d’y ajouter les français sympathisants. Et puis, songea brièvement l’aviateur mais sans le dire, bien sûr, s’il y tenait tant que ça, pourquoi il ne demandait pas à un de ses amis qui lui donnaient des tickets et lui dessinaient des croix gammées sur le poignet, hein ? Ils étaient plus à même de faire quelque chose, eux, non ?

« Et je suis membre de l’équipage d’une Fleur-de-Nuit, » ajouta-t-il pour terminer, sans toutefois préciser le nom de la Fleur-de-Nuit en question ou celle de son capitaine – fallait pas pousser grand-mère dans les orties, quand même.
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Timothée Vivier
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyMer 30 Juin - 20:18

Tim soupira quand ils parlèrent de roi, de monarchie, de toute sorte de choses inutiles. Il soupira ouvertement en attendant qu'ils aient terminé tout en écoutant ce qu'ils disaient des fois qu'il y ait un truc à saisir. Mais non, rien de particulier et ils parlèrent aussi de Napoléon. Il se tourna vers Marie-France dans l'espoir qu'elle change de sujet et elle finit par le faire alors qu'il allait perdre patience. Elle lui demanda s'il était conscient qu'il avait agi trop vite et il hocha vigoureusement la tête.

Il avait bien compris qu'il ne devait plus foncer sans réfléchir mais cela n'était pas possible car il s'agissait de Tim après tout. Il regarda les deux et protesta énergiquement quand l'aviateur osa dire qu'il ne signerait pas son plâtre.

" Hé ! Mais t'sais qu'c'est pas s'pa ça ! Pff, moi qui m'disais qu'les s'ldats français z'étaient sympas, j'me suis fouré l'doigt d'l'oeil j'squ'au coudes !"

Il tendit les deux tickets à la commerçante tout en se tortillant sur sa chaise parce qu'il avait un truc qui le grattait dans son plâtre. Il regarda autour de lui en grimaçant, il ne voyait rien de particulier pour l'aider.

" Pour p'yer, l'plus simple c'est d'le met' su'l'compte de M'dame Manon t'crois pas ? J'peux 'voir un truc pour m'gratter ? "

Il se pencha vers l'aviateur profitant d'un moment d'inattention de la commerçante et lui murmura avec un sourire empli de perversité.

" Heureus'ment qu'j'ai 'core une main pou'l'soir ! "

Qu'il comprenne s'il pouvait. En tout cas la conversation obliqua vers Siedler et il fit une grimace éloquente en l'entendant qualifier de respectable ! Il lui avait interdit d'aller à Sarnand, c'était pas de la respectabilité ça de mettre des règles comme ça à un Tim en pleine possession de ses moyens. Sans compter que s'il n'avait pas interdit, il ne serait pas dans cet état puisqu'il aurait trouvé un moyen d'empêcher le second vol en se faisant remarquer. Donc voila !

Bon, maintenant il restait à parler de l'homme qui logeait à Sarnand ? Ah ben première nouvelle ça, et depuis quand alors ?

" Heu j'sais qu'c'est l'chef et j'voulais pas dire 'bruti, mais d'puis quand qu'y loge 'vec vous lui ? L'a pas un truc à Montreuil pou'vivre ? "

Il ne réfléchit pas et bondit sur ses pieds quand il entendit les mots Fleur de Nuit, ce qui le fit basculer sur l'aviateur et se rattraper à son épaule avec son seul bras valide.

" Aie, p'tain ! C'pas p'ssible d'la faire d'scendre un soir pour que j'la vois ? "

Il était pas mignon avec son air innocent qui ne trompait plus personne ?
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptySam 3 Juil - 13:20

Pas la peine d'essayer, il ne clouerait jamais son bec ce compatriote.Mutique comme pas deux, mais enragé comme un boeuf.Enfin bref, si vous ne saisissez pas la pensée,Marie France se comprend.Il n'entendrait jamais raison le bougre. Si seulement il ne fonçait pas tête baissée dans les premières impressions, ils auraient pu s'entendre. Tous deux français, sensiblement du même âge, il était idiot que la population française se divise en ces temps de tristesse. Des préjugés à la pelle, sans compter la méfiance , et puis l'opportunisme , creusaient ce fossé toujours plus grand entre les Français.
Pouvait on du reste respecter des compatriotes qui vous livraient sans scrupule à l'envahisseur pour quelques récompenses?!
Brebis égarés, oui, mais brebis galeuse...
En un sens, la réaction, bien que faussée,de l'homme s'expliquait très bien.
Oui ils auraient pu s'entendre peut être, enfin, c'était sans doute de l'optimisme de sa part. Voilà que Napoléon venait s'en mêler.


-J'ai une profonde admiration pour feu l'empereur...effectivement il a été vaincu, mais il avait le respect de ses congénères et de ses vainqueurs au moins pour son génie militaire, ce qu'on ne peut pas dire pour nos dirigeants.Sujet clos!

Pas plus tard qu'un instant après, les deux hommes..enfin le jeune homme et le petit homme, discutaient assez froidement pour l'un, et très vivement pour l'autre. L'un refusait le dessin, l'autre médisait des soldats français.L'ensemble ne faisait pas bon ménage, et au vu du caractère du militaire, une seule goutte d'eau suffirait à faire déborder le vase. Mais que pouvait elle y faire? Elle n'allait pas chasser l'autre.
Dans le feu des paroles , Tim lui répondit..il fallait attendre qu'il ait une faveur à lui demander pour obtenir une réponse..tsss.


-Oui, oui, je mets ça sur l'ardoise de Madame Manon. Et tu sais très bien que tu ne devrais pas te gratter..mais attends!

Elle se baissa pour ramasser un bout de bois qui trainait là depuis que son frère était parti en vadrouille dans les bois, la veille, ne se doutant pas de la position fort peu esthétique dans laquelle elle se trouvait à présent, les fesses en l'air.
Rapidement, elle le tendit à Tim et s'empressa de répondre au râleur qui maintenant, la reprenait sur Siedler.


-Non, il me semble qu'il faisait parti d'un autre service, le SDP, ou SPD, je l'ai même entendu critiquer la Gestapo. Par respectable , je sous entendais tout au plus qu'il était aimable, souriant, et ne réquisitionnait rien, lui.

Elle n'attendait pas de réponse à ça. D'autant que Tim, telle une vraie mitraillette avait recommencé à parler de plus belle.Avec même quelques allusions grivoises qui lui valurent un regard désapprobateur de Marie France

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François Drisslet
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyMar 6 Juil - 2:57

Sujet clos, effectivement. Si les réponses de l’épicière ne l’avaient pas autant agacé, encore plus qu’il ne l’était avant d’entrer dans la boutique, François aurait même pu se demander comment il avait pu amorcer une telle discussion avec une telle interlocutrice. Il était peut-être énervé par les réactions insupportables des allemands et les ordres de son capitaine, agacé par les sous-entendus de la jeune fille et son apparente position pro-occupants, et irrité par le comportement et les jolis dessins en forme de croix gammée sur le plâtre du nouveau venu, mais ce n’était pas une raison pour se lancer dans une conversation sur la politique et l’histoire, pour défendre la République et Napoléon. Non seulement, c’étaient des sujets bien trop intéressants pour être partagés avec n’importe qui mais, en plus, vues les opinions affichées des deux autres, ça risquait plus de lui attirer des ennuis qu’autre chose, et même pas qu’à lui, d’ailleurs. Et il n’avait pas franchement envie de causer des problèmes à ses camarades d’équipage ou à son capitaine.

… Mais quand même ! songea l’aviateur quand Tim – puisque c’était son nom, apparemment – poussa les hauts cris à cause de son refus, c’était bien plus facile à dire qu’à faire, garder son calme et le silence. Il savait parfaitement qu’il était bien loin d’arborer le même visage nonchalant et impassible – et insupportable – de son supérieur mais il avait déjà du mal à ne pas répliquer vertement à l’adolescent. Comment faisait le capitaine Wilson pour conserver une figure neutre face à un allemand de passage qui décidait, par caprice, que Nobilitas ne devait pas voler et que son pilote devait dîner à sa table ? Lui avait du mal à conserver un semblant de sang-froid lorsqu’un gamin lui disait qu’il n’était « pas s’pa » ! La réponse de Tim le fit grincer des dents, mais François s’obligea à souffler une fois par le nez pour tenter de se calmer avant de desserrer les mâchoires.

« C’est pas notre boulot, d’être sympa, rétorqua-t-il sèchement. Mais y en a peut-être qui le sont plus que moi, si ça t’intéresse. »

Y en avaient peut-être mêmes qui ne voyaient aucun inconvénients à la présence des allemands en France, qui sait. Après tout, la majorité des opposants à l’Occupation avaient rapidement été démobilisés, non ? Et c’était pour ça, se répéta l’aviateur, qu’il devait faire attention. S’il parlait trop fort – ce qui serait un comble, étant donné qu’il ne parlait pas beaucoup selon les dires de certains – il risquait de se faire virer de l’armée, lui aussi, voire pire. Et c’était hors de question. Au moins, en servant sur Nobilitas, il pouvait servir à quelque chose. Il pourrait servir à quelque chose, si besoin était.

Il aurait d’ailleurs bien planté là les deux autres énergumènes, avec leurs amitiés allemandes et leurs problèmes de courses et d’ardoise, pour retourner à la base et à son boulot en quelque sorte – dormir en faisait partie, après tout, histoire d’être en forme le lendemain – mais Tim semblait avoir décidé de continuer à lui parler, même s’il n’était « pas s’pa ». Néanmoins, s’il n’était ni stupide ni innocent au point de manquer l’allusion grivoise du gamin, François ne répondit rien. Il se contenta de hausser un sourcil, sans qu’aucun autre muscle de son visage ne bouge, et certainement pas les zygomatiques qui auraient pu relever les coins de sa bouche. Un gamin, vraiment. En plus de tout le reste. Et il pouvait s’intéresser aux dragons et traiter Siedler d’abruti que ça ne rattrapait pas le reste en question, loin de là, quand bien même l’aviateur ouvrait la bouche pour lui répondre.

« C’est pareil, ou presque, » commença-t-il toutefois, en s’adressant à l’épicière, avec un semblant de haussement d’épaule.

Gestapo, SD ou SP ou quel que soit le nom qu’ils se donnaient. François n’était pas sûr qu’il y ait une grande différence et, quand bien même ce serait le cas, il s’en fichait au fond. Il aimait l’histoire, mais il n’avait aucune envie de se pencher sur les divers services du Troisième Reich. C’étaient tous des allemands, des Occupants, et ceux-là, en particuliers, c’étaient ceux qui se pavanaient en uniforme feldgrau et qui ne faisaient pas partie de l’armée… et qu’il ne valait mieux pas rencontrer, à ce qu’on disait.

« Et je ne sais pas pourquoi il est à Sarnand, ajouta-t-il à l’intention de Tim, avant d’ajouter quelque chose de mauvaise grâce, malgré la tentation de se taire. Peut-être qu’il n’a rien trouvé qui lui plaisait à Montreuil. C’est son problème. »

Du moment qu’il ne causait pas plus d’ennuis aux aviateurs français qu’ils n’en avaient déjà à cause de l’Occupation et des soi-disant commandants allemands de la base, François s’en moquait comme d’une guigne. Enfin, presque. Il faisait toujours attention, quand même. Et ses collègues devaient faire de même, certainement. Même les allemands devaient faire attention, parce que la Gestapo – ou SD ou autre – n’avait apparemment pas une place de choix dans leur cœur à tous non plus.

Aussi, faire descendre du château une Fleur-de-Nuit simplement pour satisfaire les caprices d’un gamin aux airs faussement innocents et aux tendances clairement collaboratrices, c’était même pas en rêve. Même quand le gamin en question avait deux plâtres et se cassait à moitié la figue sur votre épaule. François réussit tout de même à ne pas repousser son « assaillant » trop vivement et ne bougea pas le temps que l’adolescent retrouve son équilibre, avant de dégager son épaule et de reculer d’un pas, en répondant, toujours de la même voix sèche.

« On descend pas souvent vers Montreuil. Ca dépend des patrouilles, mais les consignes sont strictes. »

Et on les suit, dans l’armée, les consignes. Les soldats, ce n’étaient pas des gamins qui tentaient des sourires innocents pour qu’on leur cède et qui se faisaient dessiner des petites croix gammées sur leurs plâtres ! Ils avaient des ordres à suivre… et des horaires à respecter. D’ailleurs, c’était bien de pouvoir rentrer à la base pour se coucher par trop tard !
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Timothée Vivier
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyVen 9 Juil - 14:58

Heureusement que Marie France était gentille elle parce que l'aviateur n'était vraiment pas très sympathique à refuser systématiquement tout ce qu'il demandait. Pourtant Tim n'avait pas demandé la lune, juste de pouvoir voir un dragon, c'était pas grand chose mais non, l'aviateur refusait.

Il se saisit du bout de bois sans prendre garde au fait qu'a priori il ne devait pas se gratter, il se grattait s'il voulait d'abord parce que c'était très perturbant ce genre de trucs sinon. Il s'assit à nouveau alors que l'aviateur parlait pour le contrarier encore plus, prenant un ton sec et désagréable. Le garçon se ferma aussitôt parce que cet homme n'allait pas lui faire la leçon sur ce qu'il pouvait et ne pouvait pas faire ! Oui, il y avait des consignes strictes mais ce n'était pas une raison pour être désagréable ! Est-ce qu'il n'avait jamais rien fait d'interdit lui dans sa vie ?

" Je m'doute qu'les consignes sont strictes. Mais faut pas m'prendre pour un con, j'sais qu'c'est sur'ment p'ssible de v'nir faire un p'tit tour ! M'dites pas qu'z'avez j'mais fait d'con'ries quand z'étiez p'tit ! Je l'croirais pas ! Mais puisqu'vous v'lez pas êtes s'pa 'vec moi, c'pas grave, j'viendrais en douce pour vous r'garder. "

Sous entendu, et si je me fais chopper ce sera de votre faute à vous et toc ! C'était petit et mesquin mais au moins il se vengeait un petit peu. Il inspira profondément tout en se grattant dans son plâtre de bras et en toisant le militaire du regard. Ah ah, il s'y attendait pas à cette manière de réagir hein ! Et bien il verrait ce que cela coûtait de provoquer un Tim en mal d'action.

" Bon, c'pas l'tout mais faut que j'm'arrache moi ! M'rie France, merci pour tout ! Aviateur, j'vous r'mercie pas vous par contre ! Z'êtes bornés mais c'doit v'nir d'l'âge ! "

Non, Tim n'était absolument pas suicidaire, il se contentait de ... se venger comme il pouvait et puis comme il était blessé, il ne risquait pas grand chose, logiquement.

Il se redressa comme il pouvait et attendit que son équilibre soit bon pour récupérer les provisions.
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyJeu 15 Juil - 17:51

Dieu qu'il était exaspérant celui là. Mignon pourtant. Enfin, laissons tomber cela, de toute façon ils étaient déjà ennemis en une seule rencontre, enfin.. de son côté à lui. Elle, elle l'aurait bien accueilli comme un bon ami. Mais ça y est. Le fossé était creusé, par quelques paroles mal placées et deux vraies têtes de bornés.Ils se recroiseraient sans doute, ils ne s'adresseraient pas la parole, à coup sûr, il la gratifierait tout au plus d'un signe de tête. Il irait répandre comme une trainée de poudre, ses soit disants convictions vychisantes. Quoiqu'étant du genre mutique, il y avait plus à parier qu'il ne ferait aucun commentaire sur sa sortie en ville. Tant mieux. Il allait s'en aller, bon débarras. En entendant la phrase qu'il lança au gamin, elle ne put s'empêcher de rétorquer en se retenant de rire:

-Oui . Je pense que de ce côté là, vous ne perdriez pas grand chose à parier sur la justesse de votre affirmation!

Des plus sympathiques que lui, dans toute la joyeuse troupe de français, il devait sûrement y en avoir, pas de doute là dessus.Des plus élégants, des plus gentils garçons, des plus bavards. Elle en mettrait sa main au feu, même son corps entier..enfin..non..fallait peut être pas exagérer. Voilà qu'il lui reparlait de l'affaire Siedler. Qu'est ce qu'il en connaissait du SPD..bien sûr c'était des allemands, c'était l'ennemi, il y avait là bas des pourritures, mais peut être qu'il disait vrai l'autre?!C'était peut être moins un repère de rat.

-Ah je note un presque, ce qui me rassure. Il ne m'a donc pas complètement menti.

Une question lui brûlait la gorge. Après tout, il faisait le fier à bras, mais qu'aurait il fait lui?!

-Vous me méprisez pour servir des Allemands dans ma boutique, ça se voit bien, ne le cachez pas, mais si vous étiez à ma place, derrière le comptoir, vous feriez quoi, vous?!On ne peut pas refuser au risque de se faire embarquer, vous le savez aussi bien que moi.

Tout en attendant la réponse, elle aida Tim' à prendre les sacs de provision. L'aviateur n'avait manifestement pas fait bonne impression sur le p'tit gars, mais ça n'était pas comme si ça lui importait, il était clairement misanthrope ce garçon.

-Au revoir Tim', tu es toujours le bienvenu. Tu es sûr que ça ira avec les sacs?Sinon j'irais les porter chez Mme Manon..je n'ai pas trop de clientèle à cette heure là!
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François Drisslet
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyVen 16 Juil - 21:16

S’il était exaspérant, elle était quoi, elle, hein ? D’accord, il ne parlait pas beaucoup, et pas forcément de la façon la plus chaleureuse qui soit mais enfin, flûte !, depuis quand devait-on faire la conversation à toutes les personnes qu’on croisait, surtout quand elle ne nous revenait pas ? Déjà ce n’était pas dans ses habitudes, et en plus il avait toutes les raisons pour ne pas être de bonne humeur. Il sortait d’un entraînement, les allemands avaient encore fait des leurs et Nobilitas devait être d’une humeur massacrante, son capitaine l’avait désigné volontaire d’office pour faire sa corvée d’achat de cigarettes qui se retrouvaient écrasées sur le harnais de vol – sans laisser de trace, OK, mais quand même – et il pleuvait des cordes ! Ce qui ne l’avait tout de même pas empêché d’être correct et poli et tout et tout… et d’apprendre que l’épicière ne trouvait plus aucune utilité aux militaires français puisque la guerre était finie, qu’elle ne voyait aucun inconvénient à la présence des allemands et que son petit camarade de chez Madame Manon partageait peu ou prou sa vision des choses. Alors, d’accord il n’était pas sympa, d’accord il n’était peut-être pas prédisposé à l’être, mais là il avait des circonstances atténuantes ! Elle s’attendait à quoi, hein ? A ce qu’il lui jette des fleurs ? Et l’autre ? A ce qu’il lui offre une médaille ? Fallait pas pousser grand-mère dans les orties et dire qu’elle était tombée toute seule, hein !

D’ailleurs, s’il était si « pas s’pa » que ça, c’était à se demander pourquoi ils continuaient à lui tenir la jambe. Ils n’avaient qu’à le laisser s’en aller et continuer leur petite conversation d’amis des allemands et on n’en parlerait plus. Mais non. A chaque fois que François entrevoyait le moment de se diriger vers la porte, il y en avait un des deux pour lui poser une question ou lui répondre. Et, même s’il n’était pas bavard et pas sympathique, il était tout de même bien élevé : il ne tournait pas le dos à quelqu’un qui lui parlait et il ne gardait pas le silence quand on lui posait une question, même si sa réponse ne s’apparentait pas forcément à un discours. Et il ne se permettait pas non plus des remarques inutiles et à la méchanceté gratuite, contrairement à certaine.

Furieux et vexé, l’aviateur jeta un regard noir à l’épicière qui renchérissait de la sorte à la réponse qu’il avait fait à Tim, mais n’ouvrit pas la bouche. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait pourtant, mais il savait qu’il ne valait mieux pas qu’il essaye. Il n’était pas capable d’imiter la nonchalance du capitaine Wilson et s’il ouvrait la bouche, il risquait de prononcer des mots qu’il regretterait plus tard – quand ils attireraient des ennuis à ses collègues d’équipage ou à son supérieur, par exemple. Aussi François se contenta-t-il de resserrer sa prise sur le sac contenant les cigarettes de son capitaine de la même façon qu’il serra les dents et garda le silence. Il n’articula pas un son non plus lorsque la jeune femme répondit à sa remarque sur la Gestapo, le SD ou tout autre nom que portait le service ou travaillait Siedler et se contenta de hausser les épaules. Si ça la rassurait que l’officier allemand ne lui ait pas menti, grand bien lui fasse ! En ce qui le concernait, il ne faisait de toute manière pas confiance aux occupants, alors ça ne l’aurait pas étonné qu’ils mentent.

Sa bonne résolution de ne pas ouvrir la bouche ne résista néanmoins pas bien longtemps aux paroles véhémentes de l’adolescent.

« Sarnand est une base militaire, fit remarquer François sèchement. Si tu veux risquer ta peau en t’y introduisant alors que tu n’as pas le droit, c’est ton problème. »

S’il croyait qu’il allait le faire culpabiliser, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Il était apparemment assez grand pour protester quand on lui disait quelque chose, alors il n’avait qu’à prendre ses responsabilités de temps en temps. Surtout qu’il avait apparemment déjà rencontré Siedler, il ne pouvait pas dire qu’il ne savait rien de rien.

« Tu oublies juste un détail, c’est que ce n’est pas moi qui décide des vols – il était homme d’équipage, aviateur de seconde classe, pas capitaine, nom de nom ! Et ce que je faisais quand j’étais petit ne te regarde pas. »

Non mais sans blague ! Comme s’il allait déballer sa vie au premier venu ! Il n’en parlait déjà pas à ceux qu’ils connaissaient plus ou moins bien, alors c’était hors de question de bavarder avec un inconnu – oui, oui, inconnu, connaître le nom de quelqu’un ne signifiait pas connaître le quelqu’un en question – surtout quand l’inconnu était insupportable. Et, d’ailleurs, puisqu’il était si insupportable, il n’avait strictement aucune raison de s’attarder, aussi François décida-t-il d’amorcer un mouvement vers la porte… au moment où l’épicière lui adressait à nouveau la parole.

L’aviateur stoppa donc immédiatement son ébauche de repli vers la sortie et reporta son regard sur la jeune femme. S’il avait été galant ou s’il avait eu envie de lui plaire… ou simplement s’il avait été plus sympa et pas si contrarié et persuadé qu’elle était pro-occupants, il aurait pu lui dire que, non, il ne la méprisait pas du tout, etc, etc. En l’occurrence il se contenta de répondre simplement, toujours aussi sèchement :

« Je ne vous méprise pas parce que vous servez les allemands dans votre boutique, si vous voulez savoir. »

Lui, il suivait bien leurs ordres après tout, il était bien placé pour savoir qu’effectivement il y avait des choses qu’on ne pouvait pas faire ou dire sans risque. Mais il y avait quand même une différence entre ce qu’on devait faire par obligation si on ne voulait pas risquer de « se faire embarquer » et ce qu’on faisait par plaisir. Il suivait les ordres des officiers allemands quand il n’avait pas le choix, mais ce n’était pas pour ça qu’il le faisait de gaieté de cœur. Et si elle servait les allemands, ce n’était pas pour ça qu’elle était obligée d’être contente de le faire, au point de se satisfaire de l’Occupation et de considérer que la guerre était finie et que les soldats français n’avaient plus rien à faire.

Mais tout cela, François n’avait pas spécialement envie de le lui expliquer. Il souhaitait plutôt en finir au plus vite pour quitter la boutique et retourner à Sarnand, prendre une douche et retrouver son lit. Il allait donc prendre congé quand l’adolescent le devança. A nouveau, l’aviateur serra les poings mais réussit à ne rien répondre. C’était de la provocation pure et simple. De la part d’un gamin. D’un collabo en plus. Il ne fallait pas y faire attention. Il ne devait pas y faire attention. Il n’y ferait pas attention. Inspiration. Expiration. François souffla violemment par le nez pour se calmer et y parvint apparemment suffisamment pour reprendre la parole sans agresser le gamin.

« Je vais y aller aussi, annonça-t-il simplement. Bonne journée. »
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Timothée Vivier
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptySam 17 Juil - 17:22

L'aviateur n'était pas content et ben tant pis pour lui, Timothée était gentil d'habitude mais pas là alors qu'on refusait tout simplement d'être aimable avec lui. Il se tourna vers Marie France alors qu'elle parlait et lui donnait les sacs. Il lui fit un grand sourire alors qu'elle tentait de lui proposer de l'aider mais Tim était un grand garçon alors il refusa d'un signe de tête. Il était très chargé, mettrait beaucoup de temps à rentrer mais il ne voulait pas de son aide à elle. C'était au soldat de la proposer dans les critères de Tim ! Donc il attendait encore et encore qu'il lui réponde. Et il le fit en insistant sur le coté militaire de Sarnand. Comme s'il ne le savait pas ! Il était parfaitement au courant que c'était une base militaire, c'était ça qui donnait l'intérêt à la chose sinon ce serait moins bien.

Des informations concernant les vols arrivèrent ensuite et l'aviateur fut encore moins sympathique. Mais qu'est-ce qu'il lui avait fait ? Il ne l'avait pas forcé à venir ! Donc c'était pas la peine de râler ainsi après lui ! Timothée se redressa un peu et commença à partir parce que cela ne servait à rien de continuer à bouder et à attendre. François ne ferait rien, strictement rien !

" Bon ben s'lut M'rie France ! M'sieur l'aviateur j'suis pas d'solé d'pas avoir causé comme qu'y fallait ! "

Il ouvrit la porte comme il pouvait et il regarda le temps en soupirant bruyamment.

" Temps d'merde ! T pleut comme vache qui pisse. "

Il se retourna vers les deux autres et hocha la tête pour dire au revoir avant de sortir sans fermer derrière lui, l'aviateur partait après tout. Il allait être trempé mais ce n'était pas grave, il se mettrait à sécher au coin du poêle en grignotant des trucs au passage. Il savait ce qui n'avait pas plu à l'aviateur et il notait déjà sans son esprit le nom de l'homme pour éventuellement lui reparler quand il serait certain de ses envies et de ses affiliations.

Mais maintenant, rentrer chez Madame Manon, donner les courses et se reposer un peu parce que quand même ça fatiguait de bouger ...
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Marie-France Vaubert
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptySam 24 Juil - 1:23

Le soldat était aussi tête de bois qu'avant, aussi souriant qu'avant, aussi enthousiaste qu'avant.En gros.Pas du tout. Il répondait toujours aussi sèchement avec Tim, qui pour le coup, il est vrai, n'avait pas eu beaucoup de tact.Braver le pilote n'allait pas le rendre d'humeur plus charmante. De toute façon il était clair qu'il n'avait pas envie de faire des ronds de jambes,ni même de s'éterniser. Tant mieux. Supporter les querelles de ces deux là un instant de plus, ne la tentait pas vraiment. Il ne la méprisait pas..enfin pas pour ça. En gros il la méprisait tout autant. Mais cela ne changerait pas la face du monde, pas vrai?!Ni même la face de Montreuil. Qu'il s'en retourne dans son précieux Sarnand, faire son bavard avec son dragon.Rohhh les hommes. Tous des grognons avares de gentillesses, réservant leur affection à leurs affreuses bêtes à écailles.

-Bonne journée à vous, Monsieur le Pilote. J'espère que vous n'arriverez pas trop trempé.Bon retour à Sarnand.
Bonne journée Tim! Tu es trop audacieux pour ton propre bien, mais tant pis pour toi!


Quand bien même elle n'appréciait pas plus que ça le type, elle l'espérait sincèrement pour lui. Arriver dégoulinant n'était pas réjouissant. Surtout dans une base militaire un peu fraiche.
Tim refusa son aide, invectiva le soldat puis prit également la poudre d'escampette. Après tout ce remue ménage. MF décida de fermer sa boutique.Un peu de tranquillité après ce tourbillon, ne lui ferait pas de mal.
Elle aurait fini par avoir la migraine à se disputer avec celui là, et entendre l'autre essayer désespérément d'avoir un contact avec un soldat mutique et méprisant.
Quelle journée mon Dieu!Il ne resterait plus que Siedler débarque..L'horreur. Enfin pas de raison, maintenant qu'elle avait placer le panneau "fermé".Normalement plus personne n'oserait la déranger.
Exténuée et plus pensive que jamais, Marie France monta dans sa chambre en claquant la porte brutalement.


HRP: désolée du retard j'étais en panne d'inspi(je le suis manifestement toujours!C'était bien sympa de RP avec vous deux!!Merci encore! :17:
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François Drisslet
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MessageSujet: Re: A travers le filtre (07/06/1941)   A travers le filtre (07/06/1941) EmptyMar 27 Juil - 19:25

Alors, comme ça, le gamin s’attendait à ce qu’il lui propose de porter ses courses pour l’aider. La plus juste des vérités, c’était que François n’y avait même pas pensé… et que s’il y avait pensé, il ne l’aurait certainement pas proposé. Il n’était déjà pas en avance s’il voulait avoir le temps de rentrer – sous la pluie ! – et de donner les cigarettes au capitaine et aller se coucher pas trop tard, mais en plus toute la mauvaise foi dont il était capable lui aurait sûrement trouvé toutes sortes de raisons pour ne pas le faire. D’une Tim n’avait pas l’air si handicapé que ça malgré ses deux plâtres, puisque ça ne l’empêchait ni de marcher joyeusement ni de raconter des bêtises, et de deux il avait beaucoup de chance de rencontrer un allemand en route et celui-ci se ferait certainement un plaisir d’aider un si fervent ami de l’Occupation, n’est-ce pas ?

Enfin, l’aviateur était de toute façon trop énervé pour y penser et se contenta de hausser les épaules en silence lorsque Tim le salua… ou, tout au moins, lui adressa la parole avant de prendre le chemin de sortie, parce qu’on ne pouvait pas vraiment dire que ce qu’il disait se rapportait à un salut, ce qui incita d’ailleurs François à ne pas lui répondre. Il avait bien compris qu’il n’était pas « s’pas » alors ce n’était franchement pas la peine qu’il se fatigue à parler à quelqu’un quand ce qu’on lui disait ne demandait pas de réponse, non ? Déjà que le salut de l’épicière en nécessitait une, puisqu’elle lui souhaitait un bon retour, il ne fallait pas exagérer.

« Merci, » articula donc le jeune homme, à l’intention de Marie-France, avant de suivre le chemin emprunté par Tim et de franchir à son tour la porte de la boutique.

Une fois dans la rue, François n’accorda même pas un regard à la direction qu’avait prise le gamin et se contenta de prendre la route de Sarnand. S’il y avait bien une seule chose que le garçon avait dite avec laquelle il pouvait être d’accord, c’était bien ses récriminations contre le mauvais temps. Il serait trempé avant d’atteindre le téléphérique, c’était sûr, et sa seule chance de ne pas attraper la crève, c’était sans aucun doute la douche chaude à l’arrivée. C’est-à-dire, à condition de trouver rapidement le capitaine et de ne pas avoir à attendre son tour pour aller profiter de l’eau chaude, bien sûr. Saleté de pluie, saleté de mauvais temps… saleté de mauvaise journée, en un mot, vivement qu’elle soit terminée !


[HJ- Pas grave pour le retard, ne t’en fais pas. Et c’était sympa, oui, ce RP ^^]
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