Die Adler
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05.04.41 - Ca n'est pas mon monde.

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Deborah Levy
Française
Deborah Levy

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Âge du personnage : 26 ans.

05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. Vide
MessageSujet: 05.04.41 - Ca n'est pas mon monde.   05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. EmptyMer 29 Juil - 0:30

Ca n'est pas mon monde.


    Ainsi font, font ..
    Le soleil tapait fort, en ce début d’après-midi. Etonnant pour un jour de mars, d’ailleurs. L’astre ne faisait qu’accentuer le poid du panier de Deborah. Enfin, de Estelle.
    Mine de rien, le linge de tout ces gens pesait lourd, surtout pour une personne de constitution faible, comme la demoiselle. De plus, ce quartier aisé était loin du sien, celui Saint-Paul. Elle venait de donner à des domestiques trois chemises, et un veston. Incroyable comment ces gens ne s’occupaient pas de leurs affaires. Plus que deux livraisons, et elle aurait fini. Enfin, si personne d’autre ne lui demandait un travail.
    Son regard inquisiteur observait tout le remue-ménage qui avait lieu autour d’elle. Ces Messieurs occupés à tenir le bras de leur Dame, tout en lorgnant sur les servantes. Les fils embrassant tendrement leur parents, mais prêt à leur planter un couteau dans le dos au moindre problème.
    Certaines personnes ne l’aimaient pas, à cause des regards méprisants qu’elle lancait fréquemment. Mais qui était le plus mal élevé ? Dans cette ville, peu de personnes respectaient des convenances un tant soit peu importante. Les cabarets se remplissaient chaque soir, laissant s’échapper leur odeur de vice et d’ivresse.
    Mais Dieu, dans tout cela ? La vie de famille, les plaisirs simples ? A les voir tous faux, tous fourbes, elle ne les voyait pas heureux. Ils se donnaient un air, oui. Mais quel plaisir dans la luxure ? Dans le vol ?
    Elle-même éprouvait beaucoup de plaisir à accomplir des actions simples. Prier près de la fenêtre, aider les enfants des rues. Mais à les voir tous, elle ne comprenait pas. Ce monde n’était pas le sien.
    Un violoniste jouait, prêt d’un carrefour. Evidemment, c’était un quartier rentable, ici. Seulement, personne ne l’écoutait. A croire que les seules musiques agréables à leur oreille étaient du jazz joués par des êtres pervertis.
    Elle arrêta de bouger, une fois devant le musicien. Elle aurait aimé jouer. Du piano, surtout. Ou du violon. Mais où ? Quel prix ? Doucement, elle laissa son corps s’installer contre le mur le plus proche, sa tête reposée contre la pierre froide.
    Il était beau. Pas à proprement parler, bien sûr. Son âge avait creusé les rides, accentué les imperfections, de même que son ventre. Mais au contact de son instrument, il semblait possédé. Comme si quelque chose de supérieur s’était emparé de lui, quelque chose de bien plus important que toutes nos histoires de bijoux, ou de boutons qui s’envolent.Elle ne savait pas ce qu’il jouait. A vrai dire, c’était beau, mélancolique. Comme quelque d’intime, que l’on était le seul à entendre.
    Une larme tomba, puis une deuxième. Pas besoin de mot, la mélodie était là, comme un guide de la mémoire. La mémoire d’une histoire belle, tragique, et passionnée.
    Certains hommes se retournaient devant elle. Evidemment, une femme aux cheveux ébouriffés, à la robe de lin grossière, pleurant devant un musicien, c’était grotesque. Mais en ce moment, elle ne s’en préoccupait pas. Qu’ils les gardent, leurs catins et leurs plaisirs éphémères. Devant elle, l’Eternité.
    Le violoniste s’arrêta, dans une dernière note, les yeux fermés, gardant pour lui toute l’intensité de sa musique. Un échange de regard, non pas méfiant et inquisiteur, mais doux, comme complices d’une même sensation.
    Regard vivant, rempli de joie, de remerciement. Pas de mot.
    Tel quelqu’un qui n’existait pas, le musicien s’éloigna. Qu’il soit là ou non ne comptait pas. Il n’était pas important. Deborah aussi, ne comptait pas.
    Elle ferma les yeux, rien qu’un instant. Savourer l’instant présent, ce petit morceau de bonheur présent entre ses mains. C’était bon. Et quoi qu’il arrive, cet instant restait gravé avec elle, dans ses yeux, dans ses oreilles.
    Pour l’Eternité.
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Heinz Siedler
Allemand
Heinz Siedler

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05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. Vide
MessageSujet: Re: 05.04.41 - Ca n'est pas mon monde.   05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. EmptyMar 1 Sep - 0:36

Deborah se trompait : la musique ne tombait pas que dans ses oreilles. Ceux qui disaient que tous les Allemands étaient mélomanes se trompaient également ; pas de beaucoup, cependant. Heinz faisait partie de cette majorité qui appréciait sans pratiquer. Il était lui même totalement inepte en la matière et avant rapidement laissé tomber de piètres essais.

Heinz avait toujours ressenti le violon comme un instrument profondément triste. Le genre de musique qui tirait des élans dans le coeur et savait les réveiller, qui parlait de séparations et de rendez vous manqués. Etait-ce la musique, ou juste sa présence dans les rues, un samedi après midi ? A cette heure, la semaine précédente, il se disputait avec Paul. Il devait se faire des idées. Il faut dire que tout réveillait des envies de sanglots, cette semaine.

Merde ! C'était pourtant qu'un putain de français !

Pourtant, Heinz passait ses soirées à écrire des brouillons qu'il finissait par jeter au feu. Les premiers jours, il ne savait même pas comment les commencer. Cher Paul. Paul. Monsieur Nantois. Rien. Tu. Paul. Dur de se dire qu'il n'y pensait pas, ou qu'il faisait tout ça pour rompre l'ennui de la demeure des Reynaud.

Alors il avait décidé de se trouver du boulot à faire pour le samedi. Il avait ramassé trois lettres de dénonciation au hasard, tout en sachant qu'elles n'étaient probablement que de la merde sur un peu de papier bon marché. La première donnait une adresse à St-Paul, où on avait remué un peu l'appartement pour la forme après que la vieille femme qui vivait là eu hurlé que c'était encore ses sales neveux qui voulaient voler ses biens. Comme elle avait l'air tout à fait inoffensive, un peu gaga et surtout parce que ses cris l'énervaient, Heinz avait laissé tomber. Les deux adresses suivantes dénonçaient une bonne juive et une famille qui soit disant cachait des armes. La seconde était fausse (ils ne trouvèrent qu'un fusil de chasse exposé par dessus une cheminée et hors d'usage), mais la bonne était israëlite. Ses maîtres affirmèrent qu'elle le leur avait caché, et elle tenta de le faire. Deux gifles de Pfeffel l'avaient convaincue de dire la vérité et on l'avait embarquée.

Heinz s'était finalement fait déposer à un coin de rue. Il affirma vouloir prendre l'air : son asthme (soit disant) le travaillait ces derniers jours, la faute à trop de confinement. Il rentrerait à pieds.

Il s'était arrêté pour écouter, assis sur un banc, de l'autre côté de la rue. Le manque d'essence rendait les voitures rares ; l'absence de bruit de moteur rendait le tout beaucoup plus agréable. Mais contrairement à Deborah, il ne fermait pas les yeux.

C'était elle qu'il fixait et, même quand le violoniste s'en alla, il ne se détourna pas.
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Deborah Levy
Française
Deborah Levy

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05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. Vide
MessageSujet: Re: 05.04.41 - Ca n'est pas mon monde.   05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. EmptyMar 1 Sep - 14:15

    Lorsqu’elle rouvrit ses yeux, elle remarqua qu’elle n’était pas la seule à avoir observé le violoniste. Et, malheureusement, il n’avait pas l’air d’être un français.
    Bien sûr, il pouvait être n’importe lequel des soldats allemands, et, avouons-le franchement, elle ne savait pas différencier les uniformes. Sauf qu’il était assez .. Atypique, ce garçon. Après tout, le peu d’allemands qu’elle connaissait étaient grand, du type arien monstrueux. Si elle n’avait jamais entendu parlé de lui, elle aurait sûrement pensé qu’il était un individu enrôlé de force, vu le doute et le peu de confiance en lui qui émanait de sa personne.
    Sauf qu’elle avait entendu parlé de lui.


    Quelques heures auparavant, alors qu’elle revenait d’un de ses clients. Un petit français, qui avait l’habitude de jouer avec les jeunes juifs de son quartier, se cachait derrière un buisson.
    - Il y a un problème ?
    Les sanglots furent la seule réponse.
    - Petit ..
    - Un monsieur est venu chez nous. Il disait que papa était un traitre, et il va les emmener, j’en suis sûre ..
    Une moue de colère se forma sur ses lèvres. Tout ces chiens d’allemands, prêts à détruire une famille afin de satisfaire leurs histoires de bonnes femmes sur les races, ou pour se protéger ..
    - Ecoute, il n’y a sans doute rien, tu sais.
    - Si. Le monsieur n’était pas comme les autres. Il avait l’air triste, et au fond de ses yeux, c’était comme si brillait la lame de la guillotine.



    Il y avait quelque chose de dérangeant dans le regard de l’allemand. Alors que tout son corps exprimait un manque de confiance en lui évident, son regard était fixe, glacial. Et la cible était Deborah.
    Comme si d’un coup, elle avait eu une étoile jaune gravée sur le visage.

    D’un léger coup de tête, elle effaça cette idée. Après tout, personne n’était au courant pour ses origines. Elle s’appelait Estelle, la couturière, et était une bonne française. Non ?

    La meilleure des choses à faire était de partir. Etre humble, et ne pas lever le regard vers l’allemand, même si cela la démangeait. D’un pas vif, elle partie vers le bout de la rue.
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Heinz Siedler
Allemand
Heinz Siedler

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05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. Vide
MessageSujet: Re: 05.04.41 - Ca n'est pas mon monde.   05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. EmptyJeu 3 Sep - 23:54

Le tout était un fâcheux quiproquo qui aurait prêté à rire s'il n'avait frôlé le drame : le gestapiste ne voyait en la jeune femme qu'une pauvre française apparemment mélomane. Elle l'intriguait parce qu'elle était sans doute laide. Trop mince, les cheveux trop noirs, de taille classique et assez mal habillée. Pas le type de l'aryenne, pas le type de la femme séduisante tout court. Laide, donc, mais bizarrement fière quand elle pleurait en se jouant de la foule, et assez rêveuse pour se perdre dans une musique. Cela suffisait pour que Heinz trouve du charme aux pommettes et aux joues creuses -juste à cause de la musique, peut être. Le violon offrait des chants d'amour et de pitié.

Elle le vit, s'aperçut qu'il la regardait. Évidemment, cela sembla la troubler et elle partit rapidement.

Normal. Nazi n'était pas gravé sur son front mais sur ses épaules, sur son torse et autours de son cou. Avait-elle peur ? Pourquoi ? La Gestapo n'attaquait pas les innocents.

Heinz secoua la tête à son tour. Il voulait se répéter ça quand il arrêtait les gens et ne pas y penser le reste du temps. Le violon. Il ferma les yeux et ramena la musique contre le noir de ses paupières. Il n'empêche que s'il avait été français, peut être aurait-il eu droit à un sourire, un regard complice. Il n'y avait bien que le soleil pour être d'une neutre indifférence !

Il respira profondément et tira le coup vers l'arrière pour exposer son visage aux rayons.
Dommage que le beau temps finisse toujours gâché.
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05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. Vide
MessageSujet: Re: 05.04.41 - Ca n'est pas mon monde.   05.04.41 - Ca n'est pas mon monde. Empty

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