Die Adler
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[Touatja] Les mouches [28 Juillet 1941] [Sang, sueur et sable]

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AuteurMessage
Hans-Rüdiger von Warlau
Allemand
Hans-Rüdiger von Warlau

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[Touatja] Les mouches [28 Juillet 1941] [Sang, sueur et sable]   Vide
MessageSujet: [Touatja] Les mouches [28 Juillet 1941] [Sang, sueur et sable]    [Touatja] Les mouches [28 Juillet 1941] [Sang, sueur et sable]   EmptySam 3 Oct - 21:01

Elles étaient partout.

Le bourdonnement suivait la Die Adler depuis son entrée dans le désert. Étonnant comme un lieu en apparence avare en vie pouvait fourmiller d'autant de mange-merde, et pourtant : comme appelées par la guerre, les mouches envahissaient l'air dès lors que les hommes osaient y mettre un pied.

Rudy s'en était plaint, allègrement, et ce dès son débarquement sur les côtes Africaines. Ce territoire pourri ne méritait pas que des Allemands y saignent ; que certains y meurent l'avait révolté. Tout ça parce que des abrutis de latins dégénérés ne savaient pas garder leurs frontières... à présent, il n'entendait plus que ça. Les canons s'étaient tus et les voix en fond lui paraissaient lointaines. Si lointaines, comparé au bourdonnement des mouches et à leurs assauts inévitables.

Un insecte se promenait en toute impunité sur son visage. Depuis combien de temps ? Le pilote n'aurait sut le dire. Il oscillait entre le sommeil et la somnolence, à moins que ce ne soit le coma et de vagues moments de lucidité. Impossible de savoir si la mouche picorait la commissure de ses lèvres depuis dix minutes ou dix heures, ou même s'il s'agissait de celle qui avait parcouru son front en long, en large et en travers lors de son réveil précédent. La salope avait l'air de croire qu'il était déjà mort. Un cadavre prêt à l'emploi pour pondre ses œufs d'infâme parasite. Un cadavre pas différent de celui de n'importe quel animal, au mépris le plus total de la conscience qui l'avait habité et qui avait été la source de sa supériorité.

Rudy refusait de finir bouffé par les mouches.

Il ouvrit les yeux. Il ne faisait ni clair ni sombre, et un peu plus frais qu'il n'aurait pu l'espérer, mais toujours trop chaud. Un nuage d'insectes bourdonnait malgré la présence d'une moustiquaire à l'entrée. Un infirmier bandait une plaie trois lits plus loin. Les blessés remplissaient la tente : une vingtaine de lits au moins, peut être plus, certains occupés par des gars assez en forme pour s'asseoir et discuter à voix basse en fumant du mauvais tabac.

Je suis sûr qu'ils ont volé mes clopes. Rudy fumait des américaines, pas de la merde à soldats. Sûr que ça devait s'échanger à prix d'or entre troufions.

Rudy secoua la tête pour se débarrasser de la mouche. L'effort lui parut déjà épuisant ; il avait la bouche terriblement sèche et le corps trop lourd. Quel jour était-on ? Depuis combien de temps était-il couché là ? Quelqu'un lui avait retiré le haut de son uniforme, le laissant torse nu avec ses bandages.

La mémoire lui revint de l'incroyable douleur, d'une sensation de chute, de sa main gauche qui tentait vainement de remonter un corps de plomb. Les sangles de son harnais personnel lui avaient évité une chute mortelle. Une vague de nausée lui remonta dans la gorge : il était blessé. On lui avait tiré dessus, il avait perdu connaissance... il se rappelait du choc entre Majestas et le Honneur d'Or, l'empoignade chaotique entre ses parachutistes et l'équipage, la trahison de Tamerlan. Il s'était fait tirer dessus par le second du Verdun.

Quelqu'un l'avait blessé.
Il n'était pas invincible.
Il mourrait peut être à cet instant même.

Le constat le frappa comme un boxer poids lourd. Lui, le golden boy, l'audacieux, Major à peine sorti du berceau, lui qui se voyait comme le futur as des poids moyens, avait été descendu. Il s'était vu en tête d'affiche dans les bureaux des recruteurs ; il avait signé des interviews, des autographes même, et baisé un nombre incalculable de femmes malgré ses critères très sélectifs.

Il avait été la perfection incarnée.

Et maintenant ?

La mouche revint se poser au dessus de son arcade sourcilière. Rudy parvint à peine à la chasser de la main. Une main de béton liquide.

Et maintenant... il se voyait dans le miroir que ses supérieurs, sur la Manche, lui avaient mainte fois tendu. Il n'était pas invincible, béni ou même doué. Il n'était qu'un gosse chanceux qui avait joué sans croire aux risques, comme on joue avec une épée de bois, aidé par une bête féroce, terrifiante, qui avait trouvé en lui l'opportunité de se comporter en monstre sauvage. Il était vain, arrogant et égoïste, au point d'avoir volé le dragon de son père. Le visage sévère du patriarche apparu soudain sous ses yeux. Hans-Friedrich était plus âgé, mais les pilotes cinquantenaire ne manquaient pas dans la Luftwaffe, d'autant que son grade lui permettait de prétendre à un commandement d'escadrille. Sauterait-il sur l'occasion pour reprendre ce que son ingrat de fils lui avait volé ? Une vague de panique traversa Rudy. Sans son dragon, il n'était plus rien : un officier surnuméraire tout au plus.

Le souffle lui manquait. Début de panique. Majestas vivait-il toujours ? L'hôpital, allié ou ennemi ? Qu'est-ce qui n'allait pas, pour qu'il soit aussi faible ?
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[Touatja] Les mouches [28 Juillet 1941] [Sang, sueur et sable]

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