Die Adler
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Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]

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Otto Raydel
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Otto Raydel

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MessageSujet: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyJeu 23 Sep - 18:46

Il était de nouveau de service. L'Hautpmann Raydel n'était plus sous l'obligation de se tenir en civil, loin des organisations militaires. Son écartement de la Sainte Armée régulière Germanique était maintenant révolu et il était de nouveau membre des services.

Le capitaine était installé à son bureau, au Quartier Général de la Garnison de Montreuil, il écrivait actuellement une lettre à sa mère, comme il le faisait souvent. Sa mère, c'était quelqu'un de très important dans sa vie, encore plus que le Reich et des désirs de puissance d'Adolf Hitler.
Autant dire qu'il la mettait dans une grande bulle dont personne n'avait le droit de souffler dessus. Encore moins de l'éclater.

Il revint à la ligne grâce à sa machine à écrire, directement importée d'Allemagne avec lui, puis sembla hésiter quelques secondes. Comme pour se donner du courage, il s'accorda une petite tasse d'un café chaud et pas excellent. Il avala le liquide noir d'une seule gorgée, pour éponger une fatigue évidente.

Otto continua la rédaction de la lettre. Il termina cette dernière quelques secondes après. Au moment où il s'apprêtait à signer d'une façon manuscrite, un grand homme, à l'uniforme vert de gris et à la voix qui vérifiait la théorie selon laquelle les allemands avaient de plus grosses voix que les autres. Il fallait dire que l'allemand était une langue gutturale. Ce dernier salua son supérieur dans un salut militaire assez caricaturé.

-"Heil Hautpmann. Je vous apporte vos lettres."

Otto lui fit un petit sourire. Du courrier, si tôt ?

-"Danke Hermann.

L'homme posa le courrier et sortit de la pièce assez vite, comme si il avait peur qu'en étant retourné, Raydel se transforme en loup et lui saute dessus. Les traces de la vielle qu'il avait tué était encore dans tous les esprits. Il se redressa et prit le petit paquet de deux lettres. Une de sa mère, il se réserverait la lecture pour tout à l'heure, dés qu'il aurait terminé sa garde. Une lettre sans trop d'importance et une lettre, à l'écriture grossière et à un nom plutôt curieux : Rodolphe Conreid ? Qui était ce type ?

L'officier de la Heer attrapa son ouvre papier où une croix gammée était représenté et ouvrit l'enveloppe. A l'intérieur, une lettre manuscrite, la connaissance du français d'Otto lui permit de lire.

"Cher frère,

ils sont là, partout. Les allemands, comparables à des porcs, des gros porcs boivent, mangent et sortent avec nos femmes. Ils parlent un français plutôt dégueulasse. Tu sais, un truc qui ressemble à Vous z'avoir des oeufffffss ?

Les bosch comme on dit nous polluent, leurs uniformes ont infestés les rues. Ils comparent les juifs à des rats, mais eux sont pires. Ils sont partout, envahissants, méchants et ils tuent sans pitié.
En espérant que tu lises cela. Ton frère."


Otto leva la tête d'une façon énergique. Il était très énervé, il ne pouvait contenir cette colère. Il cria après Hermann, ce dernier arriva en trombe.

Trouvez moi ce Conreid, et immédiatement. JE NE VEUX PAS ATTENDRE !

L'autre sortit en trombe. Otto se prépara à une rencontre musclée. Il redressa sa veste, vérifia la bonne tenue de son bandeau sur l'œil et croisa les mains. Si la Wermacht était une bonne armée, Conreid serait là dans pas longtemps...

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Rodolphe Conreid
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Rodolphe Conreid

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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyJeu 23 Sep - 19:52

Au moment précis où Otto Raydel lisait un courrier qui ne lui était visiblement pas adressé, Rodolphe était très occupé à faire semblant de travailler dur.

Bien qu'il n'ait commencé son travail à Sarnand que depuis une dizaine de jours, il n'avait pas eu trop de mal à se roder, son prédécesseur étant apparemment quelqu'un de très rigoureux et organisé. Il n'y avait pas d'affaires en retard, les inventaires étaient à jour, les commandes aussi, si bien qu'il n'y avait pas tellement de travail, du moins en milieu de mois. A la fin du mois évidemment il fallait rédiger des rapports, faire suivre des factures, envoyer de nouvelles commandes, ainsi de suite. En attendant, personne ne se donnait beaucoup de mal au service de l'intendance.

Rodolphe fut donc à la fois surpris et mécontent d'entendre quelqu'un frapper impérieusement à la porte. Il eut tout juste le temps d'ôter ses bottes de son bureau avant que l'importun n'entre, sans même attendre une réponse.

"Non mais dites donc, vous n'êtes pas gêné !" protesta Rodolphe. Il remarqua après coup que l'enquiquineur portait un uniforme vert-de-gris ; mais comme il se rendit compte au même moment qu'il était aussi moins gradé que lui, cela ne le troubla pas trop.

L'intrus prit la parole, en Allemand, d'une grosse voix :

"Herr Oberleutnant, le Herr Hauptmann Raydel veut vous voir immédiatement."

"Me voir ?" répéta stupidement Rodolphe, pas encore tout à fait réveillé. "Raydel ? Connais pas." Il fallut quelques secondes à son cerveau pour se mettre en route. Cela dit, même en agitant des neurones, il avait du mal à imaginer ce que pourrait bien lui vouloir un officier Allemand qu'il n'avait jamais rencontré. D'un autre côté, si c'était effectivement un capitaine, c'était le genre de personne qu'il valait mieux ne pas faire attendre. Rodolphe ne tenait pas à se faire des ennemis, et d'autant moins s'ils étaient plus gradés que lui.

"Et pourquoi veut-il me voir ?" demanda-t-il en français, en partie pour gagner du temps mais aussi un peu par principe. Ça ne se faisait pas de débouler comme ça chez les gens, occupants ou non.

Il n'en était pas sûr mais il crut voir les lèvres de l'Allemand se tordre un peu avec désapprobation. "Je ne spécule pas sur les ordres de mes supérieurs, Herr Oberleutnant." Dit avec un minimum de politesse, mais d'une façon qui montrait clairement qu'il ne considérait pas vraiment Rodolphe comme l'un des supérieurs en question.

Une pensée vint subitement à Rodolphe, assez plausible pour lui causer des sueurs froides. Et si ce Raydel, quel qu'il soit, avait découvert quelque chose sur ses activités secondaires ? S'il l'envoyait chercher pour le faire arrêter ?

Impossible. Il faisait toujours attention. Et puis, si ça avait été le cas, Raydel aurait envoyé tout un détachement, pas un seul homme. N'est-ce pas ?

A moins qu'il n'ait juste des suspicions et que son but soit de déstabiliser Rodolphe, de lui montrer des preuves partielles dans l'espoir qu'il se trahisse ?

La bouche sèche et son coeur battant plus vite que la normale, Rodolphe regarda l'Allemand qui lui faisait face. Bon, il n'avait pas l'air particulièrement méfiant ni hostile. Il se faisait sûrement des films. L'ennui, c'était qu'il ne voyait vraiment pas pour quelle autre raison un capitaine qu'il ne connaissait pas pourrait avoir tellement envie de le voir qu'il l'enverrait chercher au beau milieu de la journée, et de façon moins qu'aimable.

D'une façon comme de l'autre, il était sans doute plus raisonnable de ne pas le faire attendre.

"Bon, je vous suis", fit Rodolphe, plus poliment et cette fois en Allemand comme marque de bonne volonté.

L'Allemand n'y parut pas du tout sensible et se contenta d'un bref signe de tête avant de s'effacer pour laisser Rodolphe passer devant. Rodolphe ne put réprimer un bref frisson quand il passa à côté du sous-officier, dont il ne connaissait même pas le nom. Il fit de son mieux cependant pour essayer de dissimuler sa nervosité.

"Où allons-nous exactement, au fait ?" demanda-t-il, avec un effort louable pour se montrer aimable avec ce grossier personnage.

"Au Quartier Général de la Garnison de Montreuil", répondit laconiquement le sous-officier.

Tous les autres efforts de Rodolphe pour lui faire la conversation échouèrent, pendant les vingt minutes nécessaires pour se rendre de son bureau à celui de Raydel. Apparemment, cela requérait une dose considérable d'efforts pour tirer davantage de son escorte qu'une réponse monosyllabique et équivoque. Au bout de trois minutes, il renonça, et le reste du trajet se déroula en silence, ce qui ne fit rien pour alléger la nervosité de Rodolphe. Quand ils finirent par arriver devant le bureau de Raydel, il était aussi tendu qu'une corde de piano.

Le sous-officier frappa à la porte et fit entrer Rodolphe. Il se retrouva face à un officier qui semblait de taille moyenne, assez mince, les cheveux coiffés en arrière. L'attention de Rodolphe fut naturellement attirée immédiatement par le bandeau que l'officier portait sur un œil, et qui lui donnait un air plutôt brutal et martial, un peu comme ces pirates assoiffés de sang dont Rodolphe avait dévoré les aventures étant enfant. Il détourna les yeux. Les gens qui avaient perdu un attribut physique étaient parfois susceptibles, et vu les circonstances il ne tenait pas à mettre le capitaine allemand de mauvais poil.

Il salua de la façon la plus martiale possible, même si techniquement le capitaine et lui n'étaient pas dans le même corps d'armée.

"Vous vouliez me voir, Herr Hauptmann ?" demanda-t-il, toujours en Allemand. Il s'était rendu compte que parler aux allemands dans leur langue les mettait généralement de bonne humeur.
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Otto Raydel
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyJeu 23 Sep - 20:50

Les français... Alors qu'Otto était encore seul dans son bureau, à attendre le retour d'Hermann et de son invité tellement désiré... L'officier de l'armée allemande posa de nouveau les yeux sur le courrier, tracé d'une écriture penchée, fine avec un ancre bon marché que tous les idiots de cette planète aurait payé très cher au Marché Noir.

L'Hauptmann Raydel jetta ensuite le bout de papier devant lui, le position de la façon à ce que Conreid puisse le voir en prenant place sur la chaise en bois incofortable que l'officier avait voulu qu'on lui installe.

Le capitaine nazi ne se leva même pas quand la porte bascula après qu'il ait donné l'ordre d'entrer à Hermann, son fidèle. Il regarda Conreid, un homme jeune, un Leutnant à première vue. Un militaire français ? Un de ces perdants ? Otto voyait le tableau : des français qui n'avaient pas acceptés la défaite signée par Pétain, ce traitre. L'homme parla en allemand, tous les français de Montreuil suivait des cours d'allemands ? L'officier le fixa de son seul œil valide et lui désigna la chaise.
Une fois qu'il eut les fesses vissées sur cette dernière, il ouvrit la bouche. En français. Il ne supporterait pas qu'un français parle dans la langue qu'il préférait, sa langue.

"Regardez le document sur la table. Voilà pourquoi vous êtes là

Après quelques minutes passées dans un silence des plus mornes, où Otto ne quitta pas le visage du français, il prit de nouveau la parole.

Vous êtes bien le frère de cette... Le mot français "pourriture" ne vint pas à son esprit. Pas grave. Il avait d'autre moyen d'expliquer son mécontement, notamment une jolie lettre à Klegerman, le chef suprême de Sarnand.
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Rodolphe Conreid
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyJeu 23 Sep - 22:21

Le capitaine Raydel ne se montrait pas exactement accueillant, et à peine aimable, mais au moins il n'avait pas commencé l'entrevue par une quantité d'accusations et des questions du genre "qu'est-il arrivé au lot 90A de votre inventaire ?" En revanche, Rodolphe fut surpris de l'entendre parler français. Essayait-il d'insinuer que son allemand n'était pas à la hauteur ? Ou bien essayait-il de se montrer poli ? La seconde option était assez douteuse, vu l'expression aigre de l'allemand.

Maintenant qu'il était à peu près rassuré et qu'il semblait que l'entrevue n'avait rien à voir avec ses activités les plus... douteuses, Rodolphe se sentait beaucoup plus calme, et plus qu'un peu curieux. Il prit place sur la chaise (particulièrement inconfortable) qui faisait face au bureau et s'obligea à ne pas se tortiller pour trouver une position un peu plus agréable. Un papier déplié avait été jeté négligemment en face de lui, et à l'invitation de Raydel, il s'en saisit. C'était une lettre qui... mais, une seconde ! Il reconnaissait l'écriture. Mais oui, c'était celle de Victorin. Et la lettre lui était adressée !

Le premier sentiment de Rodolphe fut l'incrédulité. Il n'était plus très proche de son frère depuis un an ou deux, et il était surpris que ce dernier lui écrive. Une lettre de lui était bien la dernière chose qu'il s'attendait à trouver, surtout dans le bureau d'un officier allemand qu'il ne connaissait même pas.

Son incrédulité ne fit que croître au fur et à mesure qu'il prenait connaissance de la missive. Le sentiment anti-allemand qu'elle exprimait ne le surprenait pas outre mesure, en revanche Victorin était en temps normal trop délicat pour s'exprimer de façon aussi grossière. Il devait être saoul, quand il avait écrit ça. Et puis qu'est-ce qu'il croyait, que lui envoyer ce genre de chiffons allait le convaincre de démissionner ? Rodolphe tenta de réprimer un sentiment d'agacement à cette pensée.

Levant les yeux vers le capitaine allemand, cependant, il réalisa que ces considérations étaient secondaires. La question importante était...

"Je serais curieux de savoir comment cette lettre est entrée en votre possession, capitaine" dit-il d'un ton affable, en allemand. Il ne comptait pas donner la moindre excuse à Raydel pour transformer cette lettre malheureuse en accusation de complot ou allez savoir quoi d'autre. Il se forçait à rester calme, bien que ce soit difficile."Dans tous les cas, je vous sais gré de m'avoir fait appeler pour me la remettre immédiatement, c'est très aimable à vous. Mais vous savez, vous auriez pu me la faire envoyer par votre aide-de-camp, il n'y avait pas besoin de me la remettre en main propre. Enfin, c'est la rigueur allemande, je suppose."

Évidemment, il était tentant aussi de désavouer son frère, mais il fallait bien faire preuve d'un minimum de loyauté fraternelle. Encore que après avoir eu la bêtise d'écrire une lettre pareille, Victorin méritait bien ce qui pourrait lui arriver.

Au moins il avait le vague espoir qu'en le prenant ainsi - comme si cela n'avait aucune importance - Raydel n'en ferait pas tout un foin. Maintenant qu'il avait eu quelques secondes pour y réfléchir, il commençait à réaliser que cette satanée lettre était un document plutôt incriminant. Il sentit de la sueur perler sur sa lèvre supérieure.
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Otto Raydel
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyVen 24 Sep - 8:33

A quoi jouer l'homme d'en face ? Croyait-il réellement qu'il pourrait partir tranquillement, avec une lettre comme celle-ci entre les mains ? Une lettre accusant les allemands d'être des personnes semblables à des porcs ?

Ce n'était pas un monde tout beau et tout rose. Raydel le fixa puis le borgne se servit doucement une tasse de café qui attendait dans le fond d'une cafetière encore chaude. Il n'en proposa même pas au français. Ce dernier n'était pas son ami.

L'officier de la Heer porta à ses lèvres le fort breuvage et en avala le contenu d'une traite. Il écouta les dires du français... Cet homme se croyait vraiment ici pour réceptionner le courrier que son frère venait de lui envoyer. Il pensait sans doute qu'Otto ne dirait rien en voyant une lettre antie-allemande de la sorte ?

Le nazi fit rouler son œil dans toute la pièce. Il avait réussi la décoration tout de même... Derrière lui, sur le mur, une bannière avec la croix gammée flottait, de part et d'autres de la pièce, des livres. Et pour Otto, l'homme qui était peint en face de son bureau, bien en vue, représentait le Peuple : Adolf Hitler avait une place de luxe dans la décoration intérieur.
Raydel reporta toute son attention sur le jeune français, et s'exprima en allemand.

"Nein, nein. Herr Conreid, croyez vous que je vais ne rien dire face à une telle lettre ?"

Il reprit son souffle, avala sa salive, toussota légèrement et reprit la parole dans un allemand parfait.

"Cette lettre, est peut-être le fruit d'une résistance. Elle fait peut-être partie d'un vaste réseau de lettres qui circulent, dénigrant nos forces armées, et croyez bien que cela serait fâcheux pour le Reich

Il se souvenait de l'Eglise, alors qu'il avait rendu une visite au curé parce que ce dernier publiait des choses sur son journal, un papier signé de Gavroche était tombé de l'étage supérieur. Ce message était également une provocation.

"Je n'ai aucune intention de laisser la résistance communiste dénigrer l'armée allemande de la sorte.

Il désigna son bandeau.

"Cet œil, je l'ai perdu sur le front. J'ai combattu pour mon pays.
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Rodolphe Conreid
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyVen 24 Sep - 16:43

Plus le capitaine Raydel parlait (en allemand cette fois), plus il devenait clair qu'il n'avait pas l'intention de s'en tenir là et qu'il prenait la question sérieusement, et Rodolphe recommençait à se sentir nerveux. Il avait le sentiment très net que l'homme en face de lui n'était pas un ami potentiel. Au moins c'était un officier de la Wehrmacht, pas de la Gestapo, mais il n'avait pas l'air très ouvert d'esprit non plus. La façon dont il se conduisait évoquait à Rodolphe les vieux militaires Prussiens, aussi raides que leurs cravaches.

Au fur et à mesure que son anxiété augmentait, son agacement suivait une croissance parallèle. Il n'était pas quelqu'un de vindicatif, mais il commençait à en vouloir sérieusement à son frère de l'avoir mis dans cette situation. Victorin savait que ses opinions n'étaient pas celles de son frère, alors pour avoir écrit une lettre pareille, il fallait soit qu'il ait voulu lui causer des ennuis, soit qu'il ait bu tous ses coupons d'alcool du mois en une seule fois. Quelle que soit la raison, il s'était vraiment comporté comme un imbécile. Et puis comment la lettre avait-elle pu passer les censeurs ? Ils auraient dû découper assez de trous dedans pour en faire de la dentelle.

Et maintenant le capitaine Raydel fixait Rodolphe de son œil unique, d'un air rien moins qu'aimable. L'image d'un gros hibou ronchon passa dans la tête du français. L'hostilité de l'allemand était palpable, il ne proposa même pas de café à son... bon, invité n'était peut-être pas le terme exact. En tout cas ça arrangeait bien Rodolphe, il n'aimait pas le café et celui du bureau était toujours infect, même quand c'était du vrai et pas un ersatz.

Par contre, la supposition de Raydel que cette lettre faisait partie d'un réseau de résistance (communiste, s'il vous plaît) était complétement idiote. Quel genre de résistant enverrait une lettre pareille par la poste ? Non, un vrai résistant se conduirait de la même façon que le collaborateur le plus acharné... et puis il n'y avait pas la moindre référence au communisme dans la lettre, juste à l'occupation, alors que cherchait à insinuer Raydel ?

Quand Raydel pointa le doigt vers son bandeau et déclara, gonflé de sa propre importance, qu'il avait lutté pour son pays, Rodolphe du faire un effort pour ne pas renifler. Est-ce qu'il croyait être le seul ? Quantité de soldats avaient combattu des deux côtés, beaucoup avaient perdu leur vie, certains beaucoup plus qu'un œil. Cela n'avait rien à voir avec le respect dû à l'uniforme, juste avec les dures réalités de la guerre. Seulement, Raydel pouvait lui causer beaucoup d'ennuis s'il le voulait, alors mieux valait faire attention à ce qu'il disait.

"Écoutez, capitaine, ce n'est pas moi qui ait écrit cette lettre, de toute évidence. Même si elle faisait partie d'un réseau de lettres, le fait que j'en ai reçue une ferait de moi une victime et non un participant. Mieux encore, si la résistance se donne la peine de m'envoyer une telle lettre, c'est qu'ils doivent connaître mes sentiments pro-allemands."

Rodolphe s'interrompit pour voir l'effet que ses paroles avaient sur le capitaine mais celui-ci, lèvres pincées, ne disait mot. La gorge sèche, Rodolphe reprit :

"Le cas échéant, je ne pense pas que la résistance soit impliquée. Vous le voyez bien, c'est une lettre de mon frère, et à ma connaissance il ne fait partie d'aucun réseau de résistance. Vous savez ce que c'est, plus ils crient fort, moins ils agissent. Victorin a mal vécu l'occupation, il en est sorti aigri, ce n'est la faute de personne. Il a dû écrire cette lettre dans un moment d'égarement. Je vous assure qu'en temps normal il est parfaitement inoffensif, et n'oserait jamais critiquer la Wehrmacht."

Autre regard en coin, mais le capitaine ne disait toujours rien. Bon, c'était aller un peu loin de déclarer qu'en temps normal Victorin ne se conduirait pas de la sorte, mais Rodolphe ne tenait pas à le voir arrêter, même s'il se conduisait comme un idiot. Disons qu'en temps normal il n'aurait pas confié ses sentiments à une lettre si... ouvertement.

"Du reste je m'étonne que cette lettre me soit parvenue. Elle aurait dû être interceptée par les autorités Allemandes. J'aurais préféré, vous pouvez me croire. Enfin, je sais qu'il y a beaucoup de travail et que les accidents arrivent..."

Rodolphe était tenté de plaider, de suggérer que le capitaine s'en tienne là et le laisse partir, mais quelque chose lui donnait l'impression que Raydel mépriserait toute preuve de faiblesse, alors il se tut.
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Otto Raydel
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyVen 24 Sep - 22:36

Ce Rodolph venait par sa dernière réplique, mit en évidence un véritable problème : comment les autorités allemandes réputées pour la rigueur n'avaient-elles pas intercepter ce message et ouvert le courrier ?
La poste était tellement surchargée avec toutes les lettres que les allemands envoyaient ou recevaient...

Et cette erreur de personne ? Pourquoi Otto avait reçu le courrier d'un certain Conreid ? Son nom c'était Raydel, et non un nom français aussi stupide et peu commode que Conreid... Encore une fois, le livreur avait peut-être prit une lettre involontairement. Quelque soit ce postier, Otto le remerciait, car grâce à lui, il venait de gagner une nouvelle façon de montrer aux français que le peuple allemand était supérieur à eux.

Les français acceptaient pour la plupart l'Occupation. Pourquoi ? Peut-être étaient-ils pas si bête au fond et ils avaient compris que les allemands étaient supérieurs, soit, ils avaient peur. Cette pensée rassura encore plus le nazi, ce français, dans son bureau, qu'il le veuille ou non, en recevant cette lettre s'exposait à de très dangereuses représailles. Ce n'était pas parce que le français disait avoir adopté une politique pro-allemande et qu'il travaillait à Sarnand, qu'il était à l'abri des problèmes.

Les français, c'était bien quelque chose de curieux, et Mein Kampf exprimait clairement la vision d'Adolf Hitler pour ce peuple plus que méprisable. Otto se remit correctement sur sa place, qu'on était bien dans son bureau ! Il regarda Conreid puis fit jouer son œil dans toute la pièce. Il s'exprima en allemand.

"Herr Conreid, je ne cherche pas à savoir si oui ou non, votre frère est résistant, ce que je sais, en revanche, c'est que cette lettre laisserait à le penser !"

L'homme posa les deux mains croisées sur son bureau, comme si il entrait dans une concentration extrême. Il parla de nouveau.

"Sarnand, ce ne doit pas être un endroit simple pour vous et vos activités, n'est-ce pas ?"

Par activité, il voulait entendre les lettres échangées avec son frère, car il était certain que si il ordonnait la fouille de la chambre de l'homme, il découvrirait un vrai réseau de lettres au message semblable.
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Rodolphe Conreid
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptySam 25 Sep - 0:06

Mais est-ce que ce capitaine n'avait rien écouté de ce que lui avait dit Rodolphe ? Il était aussi têtu qu'un Normand et aussi coincé qu'un Prussien avec un balai dans le... hum. En tout cas, ce qu'il racontait n'avait aucun sens. Il prétendait ne pas chercher à savoir si le frère de Rodolphe était résistant, seulement que cette stupide lettre le donnait à penser, mais qu'était-on censé en conclure exactement ? Qu'il ne s'intéressait qu'aux apparences, sans se soucier de la vérité ? Si c'était le cas, Rodolphe aurait aussi vite fait d'économiser sa salive et de se reconnaître coupable, même si c'était un peu fort d'être accusé pour avoir reçu une lettre. Ce n'était pas comme s'il avait fait quelque chose de mal.

Bon, si cela allait trop loin, il pourrait toujours s'adresser à l'Oberst Krüger, ou à l'Oberstleutnant Klegermann. Les Allemands étaient des gens raisonnables d'habitude, c'était juste la chance de Rodolphe d'être tombé sur la tête de mule locale. Il laissa ses yeux dériver autour de la pièce, sur la bannière à la croix gammée qui pendait derrière le capitaine, et les livres, empilés avec une minutie toute germanique, qui remplissaient la pièce.

Raydel prit de nouveau la parole pour évoquer la difficulté de mener ses activités à Sarnand, et Rodolphe sentit son souffle se coincer dans sa gorge. Qu'entendait-il par activité ? Il ne pouvait pas être au courant de...

"Excusez-moi", fit-il poliment bien que sa voix soit un peu tendue, "mais je ne suis pas certain de saisir ce que vous entendez par "activités". Je ne me livre à aucune activité en dehors de mon travail."

C'était le plus gros mensonge qu'il avait sorti depuis qu'il était entré dans ce bureau, et Rodolphe fit de son mieux pour garder une voix calme et égale, un air détendu, un regard débonnaire. Il avait soudain très chaud et il déglutit avec difficulté. Il commençait tout juste à réaliser à quel point il risquait d'avoir des problèmes, et il adressa un sourire crispé - qui ressemblait davantage à un rictus - à Raydel.

"Ecoutez, capitaine, je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous me reprochez..." en dehors du fait qu'il partageait malheureusement cinquante pour cent de ses gènes avec un sombre crétin. "Vous avez sûrement accès à mes états de service, vous pouvez donc vérifier par vous-même que je n'ai jamais eu aucune accointance avec des résistants, ni même professé le moindre sentiment hostile envers l'Allemagne. Cette lettre n'est rien de plus qu'un regrettable malentendu. Je ne vois vraiment pas ce que je pourrais vous dire de plus, ni quel gage de ma bonne foi je pourrais vous donner."
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Otto Raydel
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptySam 25 Sep - 10:52

Bonne foi ? Comment pouvait-on prétendre avec de la bonne foi lorsqu'une lettre de la sorte était écrite par un membre proche de sa famille. Son frère était un anti-allemand et il aurait fallut que l'homme croit que son frère était un collaborateur ? Si cela était vrai, l'échange de lettre entre ces deux grossiers personnages n'auraient plus eu lieu depuis longtemps. Un résistant ne pouvant accepter de filtrer avec la collaboration de l'État Français de Vichy.

Il était impensable aux yeux d'Otto qu'un tel comportement puisse être possible. L'Allemagne avait vaincue la puissance que la France était autrefois, dans les heures les plus belles de son histoire : Napoléon et la monarchie qu'Otto avait étudié à l'école, en classe de français, un certain Louis quelque chose...

Maintenant, la France n'était plus la Rome qu'elle était destinée à devenir, elle était le centre des déchets espagnols qui étaient réfugiés dans l'espoir de fuir un dictateur ainsi que des déchets juifs, communistes et autres opposants au Régime de la Race Supérieure.

Otto regarda son interlocuteur, l'homme semblait trop parfait pour que derrière ce masuqe, il n'y ait pas une épine. Et il savait que cette épine portait un nom redouté par les soldats de la Wermacht : Résistance. Rien que le mot était sujet à écœurement. Beurk.

Le capitaine ne décroisa pas les mains, il ne bougea pas d'un centimètre mais il remua les lèvres d'un mouvement rapide, clair.

"Vous comprenez bien, qu'il est complexe de vous croire."

Nouveau silence, Otto décroise les mains et les pose à plat sur son bureau de bois.

"Et comme il est complexe de vous croire, il me semble que faire la demande d'une enquête auprès d'un service compétant en la matière au Reich, ne serait pas de trop, n'est-ce pas ?

En gros, ça voulait dire "Sois tu avoue, sois t'es mal." Il fit un des sourires les plus hypocrites de sa vie puis il parla de nouveau.

"Comme ça, au moins, nous serions certain, vous et moi que la résistance, ce n'est pas votre domaine...
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Rodolphe Conreid
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Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] Vide
MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptySam 25 Sep - 14:23

Toute cette affaire commençait sérieusement à mettre Rodolphe mal à l'aise. Raydel n'avait pas l'air de vouloir lâcher l'affaire, il était aussi acharné qu'un bouledogue sur un os. Il faisait preuve d'une mauvaise foi flagrante, aussi, visiblement déterminé à ne croire que ce qu'il voulait croire et rien d'autre. La frustration de Rodolphe se mélangeait à de la peur et un brin d'agacement. Qu'y avait-il de compliqué là-dedans ? Ce n'était pas Rodolphe qui avait écrit cette fichue lettre, il s'était contenté de la recevoir, et à l'insu de son plein gré encore.

Raydel évoqua la possibilité de faire appel à un service compétent pour faire une enquête et déterminer la vérité. Rodolphe n'était pas sûr de ce que le capitaine entendait par "service compétent" mais l'idée que l'affaire serait hors de l'autorité de Raydel était assez séduisante. Ce fut donc avec un enthousiasme peut-être naif mais sincère que Rodolphe répondit.

"C'est une très bonne idée, capitaine. D'ailleurs j'étais sur le point de suggérer que vous fassiez un rapport à l'Oberst Krüger, ou à l'Oberstleutnant Klegermann... voire les deux. Je suis sûr que ce regrettable malentendu peut être facilement éclairci. Je ne sais pas si c'est à eux que vous faisiez référence mais ils devraient être mis au courant, n'est-ce pas ?"

Un peu tardivement, Rodolphe réalisa que si enquête il y avait, elle risquait de permettre la découverte de certaines choses dont il préférerait qu'elles restent secrètes. D'un autre côté, s'il avait l'air réticent, il aurait l'air d'autant plus suspect et il y aurait une enquête de toute façon, il avait aussi vite fait de prendre un air enthousiaste.

Une chose était sûre, Raydel ne figurerait pas dans la liste de personnes qu'il inviterait à son mariage.
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Otto Raydel
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptySam 25 Sep - 14:45

Était-il aussi déficient mental qu'il en avait l'air ? Même le gestapiste du nom d'Hans Pfeffel était plus doté de réfléchir et de comprendre que ce français. Par ces mots, Otto n'entendait pas du tout faire appel à Klergermann, d'ailleurs, il ne connaissait que très peu l'homme, et encore moins Krüger, qu'il ne considérait pas comme assez nazi dans les fonds de son âme.

Otto pensait plus à un véritable service de police du Reich, ceux qui étaient chargés des enquêtes, de traquer les résistants et de les rafler, d'une manière méthodique, dans un silence de plomb. Nuit et brouillard.

En Pologne, sur le front, lorsque les allemands arrivaient dans un village, ils se livraient à la liquidation immédiate de la population jugée "peu germanique" comme se plaisait à dire Otto.
L'homme faisait référence à la Gestapo, ce service réellement compétent, et Raydel savait de quoi il parlait...

La Wehrmacht, c'était son armée, cependant, son chef, ce Krüger ne considérait pas l'Occupation comme un bon allemand, aux dires du Herr Pfeffel, il préférait la compagnie de l'aubergiste, une certaine Manon. De plus, ce dernier trouverait le moyen de dire que cette lettre n'était rien, et passerait plus de temps qu'autre chose à s'intéresser à "comment la lettre est parvenue à un allemand ?".

Pas de temps à perdre avec les jérémiades d'un amoureux de la paperasse inutile et des décisions stupides. Il fallait affligé aux traitres le traitement qu'ils méritaient, et ce traitement se nommait groupe d'exécution, ou un mot moins violent : déportation vers un camp de travail.

Il prit la parole.

"Que ce soit clair, je ne dépends pas de Sarnand, je suis officier de la Wehrmacht pas de l'aviation allemande. Après le résultat de l'enquête, L'Oberstleutnant Klegermann sera tenu au courant de la suite des évènements."

Il poursuivit en français, cette fois.

"Ne vous en faites donc pas. L'Oberst Krüger sera tenu au courant. Mais je crois que les services de la Gestapo seront plus compétents pour mener une enquête sur votre personne, et sur vos activités..."

Le ton était donné. Krüger n'était qu'accessoire dans cette procédure... Le voir encore intervenir pour défendre un français aurait été une autre preuve de sa véritable identité : un allemand qui jouait le jeu d'être nazi...
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyLun 27 Sep - 2:20

Peut-être que Raydel ne dépendait pas de Sarnand, mais Rodolphe si. Le capitaine n'avait pas l'air très sincère quand il parlait de prévenir Krüger (et il n'avait pas non plus dit quand il avait l'intention de le faire). Rodolphe était déterminé à insister autant qu'il le faudrait pour faire intervenir Krüger à temps, de toute façon cela ne pouvait pas vraiment faire empirer sa situation. Le problème c'était qu'il n'était là que depuis peu, et il avait à peine eu l'occasion de croiser son commandant en chef depuis son arrivée. Il ne savait rien de lui, et n'avait pas la moindre idée du genre d'homme dont il s'agissait. Allait-il décider qu'il se lavait les mains du sort de son subordonné, ou était-il du genre à ne pas laisser d'autres services lui dicter ce qui arrivait à ses hommes ? Impossible de le savoir en avance...

Seulement, si Raydel faisait intervenir la Gestapo, cela changeait tout. Rodolphe avait entendu un certain nombre d'histoires sur ce service, et s'il était certain que la plupart étaient de grossières exagérations, l'idée qu'elles puissent se rapprocher, même de loin, de la réalité, n'avait rien de rassurant.

Encore une fois, Rodolphe maudit le fait qu'il n'était arrivé que récemment. Il ne savait rien de la Gestapo locale, même pas le nom de leur commandant. Mais un coup d'œil à Raydel suffit à le convaincre qu'il serait impossible de s'arranger à l'amiable. Il n'avait jamais rencontré de personne aussi arrogante, froide, inamicale, vicieuse... les synonymes lui manquaient pour exprimer ses sentiments. Peut-être que la Gestapo serait une amélioration... enfin, c'était peut-être aller un peu loin. Aussi antipathique que soit Raydel, il n'avait pas fait usage de violences.

Rodolphe regarda Raydel, qui avait l'air de prendre plaisir à son malaise et sa nervosité, qu'il ne parvenait pas à dissimuler entièrement en dépit de ses efforts. Il fallait faire attention. Des dénégations trop violentes et anxieuses ne seraient pas convaincantes, et lui donneraient de fait l'air plus coupable qu'innocent. Mais pas de protestations du tout ne serait pas beaucoup mieux.

"Ma foi, je trouve que faire intervenir la gestapo pour une affaire de si peu d'importance est une perte de temps, mais c'est vous qui voyez."

Sous-entendu, si Raydel envoyait chercher la Gestapo et qu'ils n'étaient pas contents d'être dérangés pour si peu, c'était le capitaine qui en prendrait pour son grade. Rodolphe força un sourire un peu grimaçant.
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyLun 27 Sep - 19:57

La Gestapo ne se déplaçait pas pour rien, et surtout, le service de la Gestapo ne prenait pas en charge n'importe quelle affaire, seulement, Otto avait la certitude que bientôt, grâce à son intervention, une sorte de réseau de Résistance serait dévoilé. Peu importe sa taille ou sa véritable importance dans la Résistance française, des français en moins luttant contre Hitler serait, il en était sûr, une joie.

L'officier ne se laisserait en rien convaincre par le peu d'arguments que le français donnait. Ce dernier pensait que le nazi serait berné par de fausses informations destinées à le détourner dans ses idées de faire appel au service de police du Reich.

Avait-il réellement quelque chose à cacher ? Faisait-il réellement l'apologie de la Résistance et défendait-il vraiment le Gouvernement des Français Libres ? Ou cachait-il autre chose, de telle façon à ce qu'il soit inquiet à l'idée qu'un service de police vienne mettre le nez dans sa vie.

Car il tentait de convaincre par tous les moyens le jeune capitaine que sa vie ne méritait en rien l'intervention d'un service de police... Sa vie pouvait-elle renfermée un quelconque secret digne d'intéresser la Gestapo ? Peut-être que oui, ou peut-être que non. De plus Otto connaissait Siedler depuis cette fameuse rafle... Il pouvait en profiter.
Il parla de nouveau en allemand.

"Vous savez, je connais bien le dirigeant de la SD du coin, je crois qu'il ne m'en voudra pas de faire mon travail convenablement."
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyDim 3 Oct - 17:39

Oui, finalement, cela n'avait rien de surprenant que ce désagréable individu ait des accointances avec la Gestapo. Il fallait bien qu'il y en ait des comme ça un peu partout, sans doute. Comme on dit, il faut de tout pour faire un monde... et ce genre de citations ineptes n'aidait en rien Rodolphe à se tirer de cette situation problématique. Il réprima difficilement le besoin de s'essuyer le front. Des gouttes de sueur froide commençaient à perler sur sa nuque. Pourquoi avait-il fallu qu'il tombre sur le capitaine le plus coincé de toute l'armée allemande ?

Au début il avait presque trouvé ça amusant. L'indignation bien-pensante de Raydel avait, au fond, un petit quelque chose de comique. Il n'avait pas réalisé alors à quel point cela pouvait devenir sérieux. Plus il lâchait prise, plus l'officier de la Wehrmacht s'acharnait. Peut-être même qu'il avait en tête de faire passer Rodolphe en cour-martiale ou autre châtiment complétement disproportionné (surtout qu'il n'avait rien fait du tout, à la base). Mais la hiérarchie ne le laisserait pas faire, n'est-ce pas ? Surtout qu'ils n'étaient même pas dans la même armée...

Non, il était temps de passer à l'offensive. Sans perdre son calme ni son amabilité, Rodolphe répondit :

"Ecoutez, capitaine, je crois vraiment que vous..." faites des montagnes de taupinières. "...accordez davantage d'importance à la question qu'elle n'en mérite vraiment. J'ai essayé de vous expliquer que c'était un simple malentendu, mais j'ai l'impression que votre opinion est déjà faite. Je me permettrait simplement de vous rappeler que je ne suis pas sous vos ordres. Si vous tenez à faire appel à la Gestapo, faites donc..." il le ferait de toute façon, évidemment. "...eux au moins ont l'autorité nécessaire pour prendre cette affaire en main. Dans le cas contraire, je prendrai respectueusement mon congé. De toute façon, vous savez où me trouver si vous voulez continuer cette investigation..." ridicule. "...inutile."
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MessageSujet: Re: Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941]   Le courrier se perd, parfois. [29 Juin 1941] EmptyDim 3 Oct - 19:19

Inutile ? Otto ne put pas empêcher un sourire sincère d'apparaitre sur ses lèvres. Comme si l'enquête sur une lettre envoyée par un membre notable de la Résistance pouvait être jugée comme quelque chose d'inutile.
L'officier allemand n'était pas d'accord et il était certain que plusieurs collègues seraient d'accord avec lui, sauf Krüger qui lui mettrait des bâtons dans les roues, évidemment, comme à son habitude. Ce dernier n'arrêtait pas, les deux hommes s'en tenaient à des purs rapports professionnels et surtout, ils partageaient un seul point commun, visible de tous. Ce bandeau qui recouvrait un organe absent, pour l'un, perdu au combat, pour l'autre, à l'escrime, avant la Guerre.

Même lorsqu'il perdait un œil, c'était sans aucune classe. Il le perdait pour un jeu d'épées, lui, il l'avait perdu pour son pays, son Allemagne. Otto savait parfaitement que le jeune en face se servirait de cette relation ambiguë quand il en aurait connaissance, c'est pour cette raison que Krüger serait prévenu plus tard.
Quant à Siedler, il ne savait pas trop comment le considérer, l'homme semblait être un fidèle nazi, tout comme Pfeffel, le musclor de la SD. Il s'en tiendrait au patron pour une affaire comme celle-ci. Il regarda le français et il répondit dans la langue de Conreid.

"Ecoutez-moi Conreid, je me fiche bien de savoir votre point de vue. Vous êtes français et en tord, je suis allemand et je n'ai rien à me rapprocher, aussi, je décide des affaires importantes ou non".

Il appela Hermann de plusieurs petits cris catégoriques. Ce dernier arriva.

"Ja, Mein Herr ?

[font=Courrier new]"Faites venir Herr Siedler au plus vite, dites lui que c'est urgent.[font]

L'homme sortit après un salut et un "compris". Otto croisa les mains, attendant l'arrivée de Siedler et de ses analyses.
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