Die Adler
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Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)

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Samson Jäger
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Samson Jäger

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Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) Vide
MessageSujet: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptySam 21 Nov - 17:23

C’était gênant. Vraiment.

Jamais Samson n’avait été réduit à une telle extrémité, et penser à tous les hommes qui l’avaient précédé dans cette déchéance ne suffisait pas à l’apaiser. Il avait calé son livre sous son bras gauche, et laissait les doigts de sa main droite tapoter la couverture de l’ouvrage, à un rythme de plus en plus rapide. Sa honte et sa nervosité enflaient de minute en minute. Il restait immobile au milieu du chemin, droit comme la justice, en jetant de fréquents regards autour de lui. Toujours rien. Désert. Silence. Il pouvait entendre la Fresne couler à quelques mètres de lui, paisible, ignorant tout de ses tourments. Une brise mutine jouait autour du cours d’eau, et venait parfois se glisser sous sa veste, dont le col était de guingois.

Samson savait que les Français n’étaient pas ravis d’accueillir les Allemands chez eux, et laissait donc son uniforme à Sarnand quand il obtenait l’autorisation de sortir. Une veste noire, déformée par l’âge et par les mouvements brusques de son propriétaire, une chemise pas trop mal coupée et un pantalon brun à peine trop court lui permettait de passer à peu près inaperçu dans les rues de Montreuil. Mais le tout n’était pas aussi chaud que son uniforme de Stabsgefreiter, et il rentra la tête dans les épaules quand une nouvelle bourrasque de vent gonfla sa veste. Il faisait plutôt bon, mais l’après-midi touchait à sa fin, et les températures ne tarderaient pas à baisser.

Il se tourna vers le petit bosquet qu’il venait de quitter et songea à se réfugier à nouveau sous le couvert des arbres. Mais il ne fit que deux pas dans cette direction avant de changer d’avis, et de faire demi-tour. Il était impossible de voir la route au milieu des buissons, et personne ne viendrait à lui s’il retournait se cacher là-bas. S’il voulait en finir, une bonne fois pour toute, il devait rester où il était.

Dix minutes plus tard, tout son enthousiasme s’était envolé. Il se dit, avec un mélange de soulagement et de déception, que c’était fichu, et qu’il était condamné à retourner à Sarnand sans avoir obtenu ce pour quoi il était venu. Mais, comme chacun le sait, le Destin est farceur – et Samson n’avait fait que cinq pauvres mètres quand une silhouette humaine entra dans son champ de vision. Immédiatement, l’Allemand s’arrêta. C’était une femme.

Bon. Partagé entre le désespoir et le ravissement, le jeune homme l’observa. Elle marchait dans sa direction. Elle était seule. Sa tournure... Sa démarche... Ses vêtements... Oui... C’était cohérent. Oui, elle appartenait à l’espèce qu’il chassait ce jour-là. Il prit une grande inspiration, son courage à deux mains, puis fila à sa rencontre.

"Mademoiselle" commença-t-il, avec son charmant accent allemand. "Je..."

Il toussa derrière son poing. C’était diablement embarrassant.

"Ce n’est pas facile de demander ça, mais je voulais savoir... Vous ne seriez pas... Je veux dire..."

Il se sentait ridicule, par-dessus le marché. Vraiment, c’était une idée fameuse, qu’il avait eue là.

"Vous marchez souvent le long de ces rives, non ?"
finit-il par demander, jugeant que c’était mieux que de poser directement la question qui lui brûlait les lèvres.

[Mademoiselle Lange]
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Emmanuelle Lange
Française
Emmanuelle Lange

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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 22 Nov - 16:31

Allez savoir pourquoi, les cours d'eau ont souvent mauvaise réputation. Les bois, aussi. Ça dépend lesquels, au demeurant. Pourtant, jusqu'ici, Emma avait toujours considéré la Fresne comme un endroit reposant, même quand tous le joli monde de Montreuil s'y réunissait, le bruit léger de la rivière avait quelque chose de paisible.

Elle n'aimait pas vraiment passer dans les quartiers bourgeois qui lui semblaient toujours faux et trop guindés, aujourd'hui cependant une envie de calme l'avait saisie, et elle s'était retrouvée à déambuler le long de la Fresne, seule, silencieuse. En tenue de ville, bien sûr, elle n'aurait jamais été assez sotte pour marcher ici en robe longue ou avec son blouson d'officier. Jupe-culotte marron, chemise noire, bottes, rien que de très discret ; rien qui aurait en somme pu lui donner l'allure de... hé bien, de ce qu'elle était.

Et pourtant.
Il fallait croire que ces messieurs avaient un flair incroyable, ou tout du moins que la partie de leur anatomie qui les travaillait le plus souvent avait un effet galvanisant sur leur capacité d'observation. Elle ne connaissait pas ce type-là, ce grand échalas qui semblait tout retourné à l'idée de lui adresser la parole. Amusant. Il lui faisait l'effet d'un jeune innocent qui pour la première fois devait aborder une dame. Enfin, une dame, évidemment tout était relatif, Emmanuelle n'avait pas vraiment de points communs avec les bourgeoises élégantes assises sur les bancs... D'ailleurs elle se voyait fort mal grondant gentiment un petit garçon aux cheveux d'or parti se salir dans une flaque de boue. Ce n'était pas vraiment ainsi qu'elle avait été conçue, dès le départ...

Dès que le jeune homme s'approcha d'elle, elle s'arrêta, dans l'attitude quasi militaire qu'elle affectait bien souvent face à des interlocuteurs importuns, un sourcil haussé. Il avait l'air très gêné, c'en était presque mignon – du moins ça l'aurait été s'il n'y avait pas eu cet accent allemand, tout charmant fût-il. Elle ne put s'empêcher de grimacer. Ah, les Boches...

Elle sourit, sans rien dire, le laissant s'embourber dans ses paroles un peu incohérentes. Et lorsqu'il en vint à sa question finale, elle manqua d'éclater de rire... Oh sangdieu, c'était trop drôle. Pour un peu, elle se serait montrée aimable...

Mais c'était encore plus drôle de le faire tourner chèvre.

- Oh, non, je m'y promène, de temps en temps... Le grand air, c'est bon pour le teint, n'est-ce pas ?

Elle esquissa un petit sourire, presque entendu.

- Et vous-même, vous marchez souvent ici ?

Le sourire s'élargit encore plus, amusé, alors qu'elle essayait de contenir un rire, qu'elle ravala aussi vite. De nouveau, son visage reprit sa froideur habituelle. Ce n'est pas charitable de se payer la tête des gens...
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Samson Jäger
Allemand
Samson Jäger

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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 22 Nov - 23:44

Samson craignait que son interlocutrice se fâche. C’était la première fois qu’il abordait une femme de cette caste et son choix lui semblait de moins en moins raisonnable. Il se demandait comment une telle idée avait pu faire son chemin dans son esprit. C’était ridicule. Honteux. Stupide. Mais trop tard pour faire demi-tour. Envahi par ce qui ressemblait fort au trac des artistes, Samson recommença à tapoter l’ouvrage qu’il avait sous le bras, tandis qu’elle le considérait avec ce qui ressemblait à de l’amusement. Au moins, elle n’était pas en colère. Peut-être qu’il ne s’était pas trompé sur son compte. Il regretta qu’elle ne se montre pas plus expressive, ni volubile, histoire de l’aider un peu, et de confirmer sa première impression. Pendant une seconde, elle avait semblé sur le point de rire, mais n’en avait rien fait. Le Stabsgefreiter le regretta. Car, comme dit l’adage « femme qui rit... »

« Femme qui rit... »


Samson fronça les sourcils. Il lui semblait que la suite parlait de lit, ce qui ne l’arrangeait pas trop. Ils se trouvaient après tout au bord d’un cours d’eau, presque hors de la ville, et le seul mobilier du coin était composé par des berges boueuses, des arbres noueux et un petit bosquet qui avait le mérite d’être plus confortable que le reste. Enfin, c’était sans importance. Ils allaient faire avec. Parce que c’était précisément vers le bosquet que Samson comptait conduire la femme tombée dans ses filets.

"Excellent" répondit Sam quand la dame parla du grand air et de son teint.

Il regarda autour de lui, comme pour vérifier que personne n’était là pour les voir, ou pour les entendre.

"Je passe ici de temps en temps. Pour être tranquille. J’aime bien"

Puis il se pencha vers la jeune femme, comme pour lui faire une confidence. De ce fait, il s’autorisa à toucher légèrement son bras. Il ne se sentait pas tout à fait à l'aise, mais la première réaction de son interlocutrice avait apaisé certaines de ses craintes. Comme elle était grande pour une femme, à peine plus petite que lui, il n'avait presque pas besoin de se courber pour atteindre son oreille. Mais ses lèvres restèrent de toute manière à distance respectueuse des oreilles, du front, des joues de son interlocutrice - bref il ne s'approcha que de quelques centimètres, juste assez pour lui faire comprendre que ce qu'il comptait dire ne devait pas être crié sur les toits.

"Mais aujourd’hui, je suis ici pour une raison particulière. Je vous cherchais"

Comme il ne voulait pas que son interlocutrice pense qu’il la guettait, elle, en particulier, il se hâta d’ajouter, en se redressant :

"Enfin, quelqu’un comme vous, je veux dire. Je dois vous demander quelque chose"

Il se sentait à nouveau embarrassé. Comme son livre menaçait de tomber, il le cala un peu mieux sous son bras, avant de regarder à nouveau autour de lui.

"Parler ici, c’est un peu gênant. Est-ce que ça vous dérange si on quitte le chemin ?"

Et tandis qu’il disait ces mots, ses yeux revenaient sans cesse vers le bosquet.
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Emmanuelle Lange
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 29 Nov - 19:03

Emma avait la vague impression – oh, très vague – qu'elle avait affaire à un type étrange.
Voire bizarre.
Voire complètement tapé.
Et le pire c'est que ça ne lui déplaisait pas.
En effet, il fallait être un peu idiot, ou un peu fou, ou les deux, pour aborder ainsi une femme sans être certain de sa condition et lui parler ainsi, en allant jusqu'à lui toucher le bras, s'approcher d'elle, lui parler sur un ton de confidence et lui proposer de quitter le chemin en regardant avec insistance ce pauvre bosquet qui n'avait rien fait à personne. Enfin, on disait souvent que les Allemands avaient tous un léger grain, surtout les Allemands de l'armée.

Qu'importe, Emma savait parfaitement séparer le grain de l'ivraie.

- Peu de choses me dérangent, mein Herr.

Un petit sourire un brin moqueur pour appuyer ses paroles, et elle jeta un regard vers le bosquet, comme pour lui faire signe de l'y conduire. De toute manière, à présent, il ne pouvait guère plus douter de sa profession ; toute femme respectable, surtout dans ce quartier terriblement bourgeois, n'aurait pas hésité à lui adresser un soufflet magistral. Emmanuelle se trouvait être plus amusée qu'offensée par une telle attitude.

Il avait l'air d'un puceau qui va chercher sa première fois chez qui peut la lui donner sans qu'aucune histoire de sentiment n'entre en compte...

Et si c'était le cas, le pauvre garçon allait être servi. Pas encore certaine de ses véritables intentions et pas assez sotte pour s'en prendre à un Allemand en public par les temps qui couraient, Emma préférait lui laisser le bénéfice du doute et croire qu'il voulait autre chose qu'une passe rapide à l'abri des arbres. Encore que, vu sa demande, son ton, sa façon d'agir, il n'y avait guère d'autre possibilité... Mais encore une fois, elle préférait être au couvert du bosquet pour l'envoyer sur les roses. Violemment.

Et puis il y avait ce livre qui ne correspondait pas vraiment à la situation. D'ailleurs, alors qu'il entraînait vers le bosquet, elle ne pouvait s'empêcher de lorgner pour en découvrir le titre. Si c'était un de ces ouvrages un peu tendancieux qui circulaient sous cape ces derniers temps, elle allait bien rire... Encore une fois. Pauvre garçon, il n'avait pas vraiment choisi la bonne personne. Une fille comme Matilda ou Bérangère lui aurait sauté au cou, trop contente de gagner un peu plus d'argent. Emma se contentait de se demander à quel moment le rabaisser plus bas que terre, comment, et jusqu'à quelle limite.

Du bout des lèvres, elle murmura sans pouvoir s'empêcher de ricaner un peu :

- Dites-moi mein Herr, quel est ce livre que vous tenez sous votre bras ? Il doit être très instructif pour que vous vous promeniez ainsi avec...
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Samson Jäger
Allemand
Samson Jäger

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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 29 Nov - 20:43

Samson était très satisfait par ce premier contact, mais se sentait toujours un peu nerveux. Il savait que rien n’était encore joué, et que ce début prometteur ne signifiait pas que la damoiselle l’accompagnerait jusqu’à la dernière étape. Ils avaient fait un pas dans la bonne direction, tous les deux, mais il restait une distance considérable à franchir. Il devait la conduire jusqu’au bosquet, à présent, et retrouver la place qu’il avait repérée deux jours plus tôt. Ils seraient tous deux à l’abri du vent, et la mousse qui couvrait le sol leur permettrait de s’installer à peu près confortablement, tandis qu’ils discuteraient des prix que...

Samson en était à ces réflexions quand la jeune femme déclara que peu de choses la dérangeaient. Un sourire ravi éclaira le visage du Stabsgefreiter, qui ne s’attendait pas à une reddition aussi rapide. Il se réjouissait d’être tombé directement sur cette charmante Française, plutôt que sur une péronnelle qui se serait lancée dans des discussions et des marchandages sans fin. Ils ne devaient pas traîner s’ils voulaient profiter d’une luminosité convenable. Même si la journée était loin d’être terminée, la lumière commençait déjà à décliner, et Samson savait que les courbes risquaient de perdre leur charme une fois plongées dans l’ombre.

Quand la Française lui demanda des précisions sur ses lectures, il tapota la tranche du livre calé sous son bras, avant de le prendre pour de bon, sans l’ouvrir. Ce n’était pas un livre tendancieux, et il lui montra la couverture sans se faire prier.

"C’est un traité de botanique. Je l’ai parcouru en vous attendant"

Il avait d’ailleurs fait plus que le parcourir. Il avait passé chaque fleur en revue, presque à la loupe, les sourcils si froncés qu’ils menaçaient de se rejoindre à chaque instant. Seuls les livres de fantasy et les ouvrages fantastiques le fascinaient autant.

Pendant ce temps, ils étaient arrivés audit bosquet, et Samson la guida sans hésiter jusqu’à un espace de deux mètres sur deux, encadré de buissons et d’arbres, au milieu duquel il s’assit. Visiblement ravi, il posa son livre devant lui et invita son invitée du soir à s’asseoir près de lui.

"Asseyez-vous, ce sera mieux. Ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait confortable"

Puis son regard vert fila entre deux buissons, comme pour s’assurer que personne ne les espionnait entre les branches chargées de minuscules feuilles.
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Emmanuelle Lange
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 13 Déc - 17:04

Un livre de botanique ? Emma put difficilement cacher sa surprise. La situation commençait à vraiment devenir bizarre, les attitudes de son interlocuteur semblaient claires et pourtant... et pourtant il y avait quelques détails étranges, indéniablement. Tout d'abord, COMMENT aurait-il pu voir dans cette grande femme élégante une prostituée, surtout qu'il ne semblait pas vraiment un habitué des cabarets ? Ensuite, pourquoi attendre au bord de la Fresne alors que peu de filles de son « espèce » traînaient dans les parages, hormis quand il fallait aller voir un client ? C'était vraiment... vraiment... bizarre.

En tous cas, la jeune femme sentait parfaitement qu'elle n'avait strictement rien à craindre de son interlocuteur. Il était grand, certes, mais comme un grand échalas pas vraiment dangereux... et surtout, plus c'est grand, plus c'est con. De toute façon, elle ne risquait rien, alors pourquoi ne pas tenter le coup et le suivre effectivement.

Elle s'engouffra derrière lui dans le bosquet, poussée par la curiosité, et ne put s'empêcher de ricaner quand il lui offrit de s'asseoir à ses côtés. Pour qu'elle salisse sa tenue de ville ? Non, il allait falloir qu'il se montre un peu plus galant. Qu'il recherche une catin ou pas, un homme se devait d'être galant avec ces dames. Enfin, surtout quand ces dames avaient décidé d'ennuyer leur monde, ce qui était le cas d'Emmanuelle à peu près tout le temps. Sauf quand elle dormait. Et encore, certaines mauvaises langues diraient que ses ronflements occasionnels étaient du chiqué pour voir quand ses voisines allaient venir l'étouffer dans son sommeil.

Et elles avaient probablement raison.

En tous cas le coin était douillet et agréable, presque romantique. Cette scène avait l'air tout droit sorti d'une oeuvre romantique du siècle précédent, et le héros allait bientôt faire une déclaration enflammée à la superbe héroïne toute de candeur effarouchée, lui demander sa main, lui promettre monts et merveilles, lui dire que sa vie entière serait dévouée à son bonheur, qu'il accepterait tout pour elle, qu'il serait pour toujours son ami le plus fidèle, son époux, son frère, qu'il ne la quitterait jamais. Et en retour, il se prendrait un éclat de rire certes pas très élégant, mais traduisant parfaitement un mépris intense.

Ceci étant, vu la tête du prince, on était en droit de se demander s'il connaissait assez de vocabulaire pour s'exercer à pareille déclaration.

- Je ne peux pas m'asseoir, minauda donc Emmanuelle, mimant les autres filles du cabaret, je risque de salir mon pantalon.

Il allait devoir lui proposer sa veste. Et sa veste serait salie. Le pauvre.

- Hé bien, continua-t-elle de son ton caressant qui masquait difficilement un embryon de fou rire, que me vaut le plaisir de me retrouver dans un endroit aussi enchanté avec un homme tel que vous ?

Et elle battit des cils.
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Samson Jäger
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyJeu 17 Déc - 1:29

Samson pensait que la dame avait compris ses attentions et qu’elle ne se ferait pas donc prier pour s’asseoir à ses côtés, bien au contraire. Il fut, en conséquent, passablement surpris par son hésitation et imagina, pendant une terrible seconde, qu’elle avait changé d’avis. Une heure plus tôt, il ne savait pas ce qui était le pire, entre rentrer bredouille et devoir aborder une femme de cette caste – à présent qu’il avait sauté le pas, et touchait au but, le choix était vite fait. Il ne pouvait pas la laisser partir. Il se demandait ce qu’il devait choisir, entre la flatterie, les promesses orgueilleuses et l’appât du gain, quand sa compagne expliqua pourquoi elle ne pouvait pas s’asseoir sur l’herbe. Soulagé, l’Allemand lui offrit un franc sourire, avant de se frotter la nuque, à la recherche d’une solution. Il pouvait lui proposer sa veste, bien sûr, mais les militaires de Sarnand risquaient de s’en apercevoir, et de faire des commentaires. Peut-être même qu’ils lui demanderaient où il était allé, pour salir ainsi son pantalon et sa veste.

Mauvais plan.

"Si je vous donne ma veste, j’ai peur qu’on me demande où je suis allé"


Mais s’il donnait sa chemise, qui serait plus tard cachée par la veste, il risquait d’avoir froid. Il songea brièvement à sacrifier le livre, mais une telle solution n’était ni confortable ni pratique. Embarrassé, il tripota les boutons de sa veste, puis ceux de sa chemise, tout en laissant ses yeux traîner sur la jupe-culotte d’Emma, en particulier vers les parties charnues de l’anatomie de la dame. Ce vêtement était sombre, et d’éventuelles taches de vert risquaient d’être horriblement voyantes. Catastrophe. Samson secoua la tête, avant de proposer :

"Vous pouvez venir vous asseoir sur mes genoux, au pire. Ce ne sera pas forcément très confortable, mais c’est provisoire, de toute façon"

Un éclair fit briller ses yeux.

"Non, attendez !"

Il retira sa veste, la retourna, puis la posa au sol, de telle manière que la partie plaquée contre la mousse serait plus tard plaquée contre son dos. Ni vu ni connu.

"Maintenant, dépêchons-nous, il va faire noir"

Sans se soucier de la réponse d’Emma, il se pencha vers le buisson et souleva délicatement deux branches épineuses. Un sourire ravi éclaira son visage une fois que cette manœuvre fut achevée. Elle était toujours là.

"Regardez, elle est là"

Dans la pénombre, une fleur inconnue, aux pétales délicats et colorés, se courbaient sous les épines du buisson, les feuilles enroulées autour de sa tige, comme pour la protéger d’éventuelles agressions extérieures.
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Emmanuelle Lange
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 10 Jan - 18:31

Emmanuelle se retrouva donc à fixer comme deux ronds de flan une adorable petite fleur dans la pénombre.
Bien.

C'était absolument et parfaitement normal d'être abordée par un homme en pleine rue, de le suivre jusque dans un bosquet, de s'asseoir à ses côtés – ou sur ses genoux, étant donné que telle avait été sa première proposition, quelque peu choquante peut-être pour une femme de digne condition – et même de le laisser avoir des gestes et des paroles déplacés si les choses avaient tourné ainsi.

Mais ça.
Ça, c'était tout sauf NORMAL !

D'accord, elle avait vu des choses nettement plus curieuses, nettement plus inquiétantes aussi, mais il fallait reconnaître qu'une telle situation en aurait fait chanceler plus d'une. Emma montra sa stupéfaction par un haussement de sourcil très évocateur, très expressif et ô combien empli d'une grande intensité dramatique. Bien. En relativisant quelque peu, ce n'était pas dramatique.

C'était juste bizarre.

Elle accepta de s'asseoir sur la veste du soldat et regarda donc la charmante fleur qu'il lui montrait. Certes. Elle avait vu, restait à savoir ce qu'il attendait d'elle... Elle se souvint alors du livre qu'il avait sous le bras. Un traité de botanique. Une fleur et un traité de botanique. Emma additionna deux et deux et se demanda s'il fallait rire, se mettre en colère, ou partir sans plus un mot.

Les soldats allemands étaient tous plus étranges les uns que les autres mais alors là, celui-là battait des records !

- C'est une très belle fleur, osa-t-elle d'un ton neutre, sans l'ombre d'une surprise dans la voix.

C'est ce qu'on pouvait appeler enfoncer une porte ouverte, mais que dire d'autre ? Que dire qui ne laisse transparaître sa surprise, son ahurissement, qui ne trahisse pas son désir furieux d'éclater de rire en se moquant ouvertement d'un tel hurluberlu ? Elle ne pouvait déjà pas empêcher les coins de ses lèvres de se soulever.

Restait à savoir ce qu'il attendait d'elle. Elle avait souvent reçu des fleurs, bien sûr, des roses d'admirateurs, des mimosas parfois, des orchidées, mais elle ne savait pas du tout ce qu'on pouvait faire d'un bouquet de fleurs à part le jeter à la poubelle avant qu'il ne déclenche des allergies...
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Samson Jäger
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Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) Vide
MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptySam 23 Jan - 22:35

"Magnifique, n’est-ce pas ?" insista Samson, enchanté que l’inconnue partage son avis.

Comme d’habitude, comme chaque minute de chaque heure de chaque jour, il ne réalisait pas à quel point son attitude pouvait paraître déroutante aux yeux de la jeune femme. Il trouvait sa démarche tout à fait logique, et d’une grande simplicité. Il avait trouvé une fleur pendant l’une de ses rares promenades, et n’avait pas réussi à l’identifier. Son livre de botanique préféré, puis tous les traités qu’il avait consultés, avaient également déclaré forfait. Dans ces conditions, n’était-il pas évident que seule une femme, et en particulier une femme de bonne famille, était en mesure de le renseigner ? Il avait un peu honte d’avoir dérangé une dame dans ses rêveries, et était gêné de devoir demander l’aide d’une parfaite inconnue, mais sa curiosité était la plus forte. Il se réjouissait d’être tombé sur Emma : elle était délicieuse. Jolie, intelligente et gentille. Tout pour plaire, même si l’heure n’était pas au flirt.

Ils devaient s’occuper de la fleur.

Samson ouvrit son livre de botanique sur ses genoux et lui montra plusieurs fleurs, en expliquant qu’il avait cherché sa famille botanique en vain. Elle ressemblait un peu à cette orchidée, mais la forme des feuilles faisait plutôt penser à une fleur de ce genre-là. Ses é-ta-mi-nes (Il buta un peu sur le mot, peu habitué à utiliser du vocabulaire scientifique dans la langue de Molière), quant à elles, étaient comparables aux étamines de cette fleur-ci. Il lui montra un croquis de la fleur sur un coin de page, puis se tourna vers elle, plein d’espoir.

"Est-ce que vous connaissez le nom de cette fleur ?"


Peut-être qu’il se faisait des idées, et que cette merveille était très courante autour de Montreuil. Mais il en doutait : c’était le seul spécimen qu’il avait vu au cours de ses longues errances.

"Si elle n’en a pas, on pourra la baptiser, si vous voulez ! D’ailleurs, comment vous vous appelez ?"
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Emmanuelle Lange
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 21 Mar - 20:42

Ah... Atchoum.

La jeune femme ponctua le discours de son compagnon fortuit au sujet de la fleur par un éternuement d'une élégance rare, suivi d'un reniflement à peine audible, à condition d'être un peu dur de la feuille. Une chose était sûre au sujet de cette fleur, elle appartenait à la race ô combien maudite des Allergènes Puissants, et cette constatation, doublée de l'irritation provoquée par l'insidieux pollen, fit monter les larmes aux yeux d'Emma.

Heureusement le soldat ne s'en rendit d'abord pas compte, occupé à disserter sur le fait qu'il n'avait rien trouvé dans son livre de botanique, elle put tirer un mouchoir de sa poche et se moucher. A peine bruyamment, bien sûr, et de toute façon il était tout à sa tirade et ne l'entendrait sûrement pas. Bien sûr qu'il ne l'entendrait pas. C'était évident.

Elle se força à regarder la fleur, un sourire commercial aux lèvres, retenant avec force l'éternuement qui grondait à nouveau dans sa gorge. Il n'y avait pas que cette maudite fleur, il y avait toutes les autres, et les haies, et même l'herbe, l'herbe certainement exhalait d'horribles... choses qui la feraient éternuer et renifler comme une malpropre pour l'heure à venir. C'était un complot. Un complot communisto-nazi visant à éliminer toute forme de vie allergique – de toute façon ça rentrait totalement dans ces fichues thèses eugénistes. Mais nous, les allergiques, résisteront jusqu'au bout.

Enfin, peut-être.

Après un reniflement particulièrement élégant, presque méprisant, elle daigna répondre à la question de son interlocuteur.

- Comment voulez-vous que je m'appelle ? Dit-elle avec le ton le plus langoureux qu'elle avait en réserve, en se retenant de rire – non seulement parce que ça gâcherait tout l'effet, mais en plus parce qu'elle risquerait d'éternuer.

Atchoum.

- Je ne connais pas cette fleur, je suis confuse...

… Nouvelle idée. Quitte à jouer à la groupie énamourée, autant le faire jusqu'au bout et avec un maximum de ridicule, la voix la plus vibrante et les yeux les plus brillants possibles. Par chance, ses camarades du bordel savaient parfaitement adopter ces attitudes et Emmanuelle avait un certain talent pour le mimétisme. Pas pour le théâtre, malheureusement, car sa performance d'actrice fut des plus lamentables.

- … Mais elle me semble fort rare, et regardez-moi cette perfection dans le pétale ! Vous devriez la présenter à l'Académie des sciences, vous recevriez certainement des éloges de scientifiques reconnaissants...

Et de lâcher une petite larme, ayant oublié de sécher ses yeux rougis par l'allergie.
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Samson Jäger
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 28 Mar - 20:53

Samson avait parfois du mal à se connecter à la réalité – mais lorsque c’était fait, tous ses sens, de l’ouïe au toucher en passant par l’odorat, le goût et la vue, fonctionnaient parfaitement. Il entendit nettement sa délicieuse compagne renifler et se moucher, même pendant sa tirade passionnée sur les étamines, les sépales, les pétales et le gynécée de sa fleur. Comme le climat de l’Est n’était pas tendre, surtout à cette période de l’année, il ne s’en soucia pas et poursuivit ses explications, enchanté d’avoir trouvé un public intéressé et –sans nul doute– averti. Emma souriait, ce qui lui semblait bon signe. D’habitude, les gens dépassés, agacés ou dubitatifs ne souriaient pas. Ou tout du moins, pas avec tant de naturel et de fraîcheur. Il réprima un soupir, heureux que les choses se passent si bien. Il avait eu de la chance de tomber sur une dame aussi compréhensive, et aussi attentive. Il fronça les sourcils quand la minute des présentations officielles vint, enfin.

"Quelle drôle de question. Je veux que vous vous appelez comme vous vous appelez"

Peut-être qu’elle avait un prénom honteux ou un nom à calembours. Pourtant, on pouvait difficilement faire plus ringard que Samson, non ? Parmi tous les prénoms possibles et imaginables sur le calendrier, rares étaient ceux qui avaient si ma résisté aux assauts du temps. Sans compter que certains Allemands le regardaient de travers, lorsqu’il se présentait, et quelques uns s’étaient empressé de lui demander si ses parents étaient juifs. Samson devait alors leur expliquer que son prénom n’était pas plus juif que Ludwig, ce qui ne manquait jamais de surprendre ses interlocuteurs, pour des raisons encore mystérieuses. Il réalisa subitement que son interlocutrice ne connaissait pas son prénom. Ni son nom. Et qu’elle ne savait même pas qu’il n’était pas Juif.

"Moi, je m’appelle Samson. Samson Jäger"

Mais la fleur, elle, n’avait toujours pas de nom et, malheureusement, la charmante dame qui s’appelait comme le voulait autrui ne semblait pas avoir d’idées pour elle. Par contre, elle était d’accord avec lui : c’était une fière beauté, et d’autant plus fière qu’elle était seule, et d’autant plus belle qu’elle était rare. Plus qu’une fleur – un chef d’œuvre. Il se rapprocha d’Emma pour passer un bras autour de ses épaules et tapoter son bras, histoire de la réconforter. La malheureuse était émue aux larmes !

"Je compte bien la présenter, oui. Mais avant, on doit trouver un nom. Et la mettre à l’abri. Pour qu’on ne nous la vole pas"

Oui, oui, « nous ».
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Emmanuelle Lange
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptySam 1 Mai - 22:05

- Samson ? Vous êtes Juif ?

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. La jeune femme était cultivée certes, mais pas assez pour connaître le détail de chaque prénom allemand ou français qui se présentait, et pour elle, Samson, c'était un personnage biblique qui s'était fait entourlouper par Dalila - donc un prénom qui avait de bonnes chances d'être juif. Emma n'aimait pas les Juifs, même si elle ne le criait pas sur tous les toits. Elle regretta immédiatement d'avoir laissé échapper cette phrase malheureuse, espérant que son interlocuteur ne relèverait pas la portée antisémite d'une telle question. D'accord, c'était un Allemand, donc probablement d'accord avec elle, mais tout de même. S'il était vraiment Juif, il allait mal le prendre.

Elle esquiva la partie sur son propre nom. Méfiance naturelle ou paranoïa exagérée, les deux étaient possibles, mais elle n'avait pas vraiment envie de se présenter à lui. Il avait bien la tête du pervers obsessionnel, même si pour l'instant son attention semblait tout entière attachée à sa fleur adorée. C'est vrai que c'était une jolie fleur, mais Emma la soupçonnait d'être tout à fait commune et prenait un réel plaisir à le voir s'extasier à l'idée de la présenter à l'Académie. Elle avait envie de lui jouer un méchant tour. Il l'avait tout naturellement incluse dans son plan génial, elle trouvait l'idée très amusante, et puis après tout ça ne ferait de mal à personne.

Sauf s'il était vraiment fleurophile et que la perte de l'amour de sa vie ne le poussât au suicide, chose qui eût pu avoir quelque cocasserie en l'occurrence. Un Allemand se suicide suite à la mort de sa fleur chérie. Voilà qui eût porté un coup conséquent au mythe de l'aryen digne et fort. Rien que l'idée la faisait frémir.

Il fallait dire que Samson n'avait absolument pas le physique de l'emploi, il n'avait pas grand chose de l'aryen typique, à commencer par le sex-appeal des grands blonds forts aux yeux bleus. Bon d'accord, il était plus ou moins blond, si on n'y regardait pas de trop près et qu'on évitait de se dire que la vague teinte rousse était peut-être due à une relation très compromise avec le shampooing, mais il restait très loin de l'archétype communément admis. L'effet aurait été plus intéressant sur un vrai aryen cent pour cent pur jus germain, mais ce serait déjà amusant de faire bisquer ce gars-là.

Atchoum.

C'est pourquoi elle s'appuya un peu contre lui, en prenant un air tout ému, comprenant qu'il avait pris ses sanglots pour des pleurs de saisissement. Elle fit appel à tous ses talents d'actrice pour pleurnicher un instant sur son épaule sans exploser de rire, puis se reprit - à grand-peine, bien sûr - et se redressa, se dégagea du bras du jeune homme et essuya dignement ses larmes.

- Excusez-moi, c'est que c'est tellement émouvant, une telle découverte ! Vous êtes brillant, Mein Herr,
minauda-t-elle, en prenant bien garde de ne pas en faire trop parce que quand même, il fallait lui donner l'impression qu'elle était elle aussi intelligente et cultivée et tout à fait capable de l'aider avec cette fleur. Si vous permettez, je puis vous suggérer une cachette pour la mettre en sécurité. Ma chambre est un lieu très sûr, personne n'y vient jamais à part moi, je l'y garderai précieusement et la traiterai avec un soin très respectueux, en attendant que nous trouvions un nom. Peut-être pourrais-je faire le schéma de sa constitution ?

Elle avait vu ça dans des livres, quand elle étudiait un peu, des schémas de fleurs et d'intérieurs de fleurs. Elle se dit que comme ça, Samson la croirait très intelligente et très au fait de la botanique et lui confierait son bien aveuglément.

L'espace d'un instant, elle se trouva quand même franchement puérile.
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Samson Jäger
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyVen 14 Mai - 3:31

Samson secoua légèrement la tête, désabusé, lorsque la charmante dame posa la sempiternelle question. Juif ? Non. Il était Allemand grâce au sang de son père, Alsacien grâce aux racines de sa mère, mais pas Juif. Il avait été appelé Samson parce que son frère jumeau s’appelait déjà comme le patriarche, et qu’on ne pouvait pas donner le même nom à deux enfants d’une même fratrie, à plus forte raison à des jumeaux parfaits. L’Alsacienne qui leur avait donné le jour, épuisée par son accouchement et complètement anéantie par la disparition de son époux, avait laissé les accoucheuses et le calendrier décider pour elle. Comme le hasard avait voulu que le Fêlé naisse le jour de la St-Samson, ce nom biblique était devenu le sien. C’était une longue histoire, en un mot, et le blondin se demanda comment la résumer en quelques mots, afin qu’ils ne perdent pas de temps avec des détails. Il adressa un petit sourire en coin à son interlocutrice, et répondit :

"Non. Je ne suis pas Juif. C’est à cause de la guerre"

Sans prendre la peine de s’expliquer davantage, le Stabsgefreiter reporta son attention sur la fleur. Il était déjà tard, et la nuit s’approchait à grands pas, tirant son voile noir sur la lumière solaire. La luminosité avait déjà considérablement changé, et sous les rayons du crépuscule, la plante adoptait une autre aura, avec des pétales plus roux que rouges, tandis que de nouvelles ombres marquaient sa tige et ses feuilles. Elle semblait encore plus majestueuse à Samson, si c’était possible. C’était décidément un trésor. Un modèle de délicatesse, de grâce, d’harmonie. Une fleur exemplaire, en bref. Il résista à une furieuse envie de se pencher pour toucher cette œuvre de la Nature, mais la chaleur d’Emma et le son de sa respiration – qui semblait un peu sifflant, étrangement – suffirent à le convaincre de rester immobile. Il y avait une beauté à ses pieds mais il en avait une autre dans les bras. Tout était une question de choix, dans la vie.

"Je pense que c’est une merveilleuse idée. Je vais la déplanter"

Il lâcha la beauté pleurnichant d’émotion pour s’agenouiller devant celle qui provoquait l’émotion en question. Il réalisa subitement qu’il n’avait pas de pot mais ne se laissa pas démonter pour si peu. Après un moment de réflexion, sa main attrapa le livre de botanique et arracha résolument la page de garde. Quelques pliages plus tard, l’Allemand était l’heureux propriétaire d’un récipient en papier informe et enfonçait ses longues mains dans la terre meuble, pour déraciner sa découverte. Ce fut l’étape la plus longue. Il craignait d’arracher trop de racines, condamnant leur fleur à une mort certaine. Mais il ne pouvait pas en laisser trop, vu la taille de son pot en papier, et opta finalement pour un compromis. Une fois que la plante arrachée de son sol nourricier, au profit d’un origami mal fait, Samson se tourna vers Emma et, toujours à genoux, comme s’il comptait la demander en mariage, prit sa main pour passer un anneau à son doigt lui donner la fleur. Il attrapa sa main libre de ses doigts terreux et les serra brièvement.

"Je vous fait confiance. Quel est votre nom au fait ?"
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Emmanuelle Lange
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MessageSujet: Re: Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941)   Mignonne, allons voir si la rose... (9.05.1941) EmptyDim 23 Mai - 16:50

A cause de la guerre... Euh, certes. Emmanuelle n'était pas assez intéressée par le sujet pour approfondir ou même se poser des questions dessus, de toute façon ce type était bizarre, et si elle devait s'arrêter à chaque truc bizarre qu'il disait, elle y était encore le lendemain. Voire le surlendemain. En tous cas il n'était pas Juif et ça c'était bien.

En tous cas le Fêlé avait accepté sa proposition, il était tombé dans le panneau comme un imbécile, et elle allait pouvoir se trouver une occupation intéressante pour les quelques jours à venir. Ce serait toujours ça de pris. Même si, bon, à trente ans passés, il y avait des loisirs plus intelligents et constructifs que faire bisquer un pauvre idiot qui n'avait rien fait de mal (ou presque). Mais, vous comprenez, c'est une vie teeeellement triste et teeeeellement difficile d'être prostituée et d'avoir perdu son unique amour et d'être rejetée par tous...

Oui, bon, enfin, la motivation principale restait l'opportunité de faire quelque chose de parfaitement stupide, hein.

Animée d'un intérêt scientifique (teinté en fait d'un intérêt prononcé pour les clowns en tous genres), Emma suivit du regard toute l'opération de déplantage de la plante, un petit sourire mesquin aux lèvres.

Et c'est alors qu'il s'agenouilla devant elle.
Et prit sa main.
Dieu merci, ils ne se connaissaient pas depuis assez longtemps pour qu'elle pût croire sérieusement qu'il envisageait un hymen, mais sangdiable la scène la refroidit nettement – tout en lui donnant l'envie d'exploser de rire, quitte à ne plus pouvoir respirer pendant quelques secondes.

Le solennel de la situation lui arracha un sourire plus large, mal retenu, moqueur à souhait. Décidée à rester dans le ton, elle serra la fleur contre son coeur avec une mine très sérieuse, en prenant grand soin de ne pas abîmer la plante. Le regard froid et empli de dignité, elle lui assura qu'elle prendrait grand soin de la fleur.

- Je serai une gardienne et une compagne pour cette plante si précieuse. Je jure solennellement d'être toujours présente pour assurer sa survie et son bon développement. Vous pouvez me faire confiance, oui, Herr Samson, cette fleur trouvera chez moi un foyer en attendant d'être exposée au grand jour et de faire la fierté de la Science ! Vous verrez, cette petite merveille sera célèbre, grâce à vous, grâce à nous.

Pour appuyer ses paroles emphatiques, elle se leva d'un bond et posa une main sur son coeur.

- Merci de votre confiance, mein Herr !

Et, à ces mots, elle se détourna vivement et partit à grandes enjambées, lâchant au passage son nom, sans savoir s'il l'entendrait ou pas.

Emmanuelle Lange venait de prouver qu'une femme mûre, digne et respectable peut parfois se comporter comme une adolescente.

(Fin du sujet)
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