Die Adler
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A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]

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Heinz Siedler
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Heinz Siedler

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MessageSujet: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyMar 9 Mar - 20:51

A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] 155giad
Erwin Kurz
(guest star qui s'invite)

"On doit attendre toute l'après midi ?
-Jusqu'à ce qu'ils arrivent."

Siedler enfonça les mains dans les poches de son imper' civil. Le soucis avec les filatures, c'était que ça devenait rapidement très chiant. Du genre : il ne s'y passe rien et une fois sur deux on vient pour rien. Et on ne peut pas passer le temps sur un livre parce qu'il faut regarder un peu partout d'un air absent et pas intéressé. Vraiment passionnant...

Il jeta un regard en coin à Kurz. L'homme feignait de lire un journal -La Dépêche Montroise- tout en jetant des fréquents coups d'oeil par dessus le papier, à gauche vers le fronton de l'église. Il guettait à l'évidence ce qui pouvait ressembler à un résistant d'Action libre et qui devait rencontrer un autre résistant à ladite église. Il était bien évidemment habillé en civil, avec un costume un peu râpé mais des chaussures bien cirées. Professionnel, composé ; Siedler savait très bien que sa dernière plainte le faisait passer pour un gamin à côté de son aîné. Mais après tout, leur cible avait au moins deux heures de retard sur l'heure prévue, donc il pouvait pester.
Parce qu'au bout de deux heures, le banc commençait à avoir l'air très dur sous vos fesses.
Parce qu'avant les deux heures, ils étaient évidemment déjà là.
Parce qu'il était l'heure du goûter et qu'il avait faim.
Et accessoirement parce que Siedler avait un gros tas de paperasse sur son bureau, et que savoir qu'il ne faisait rien au lieu de travailler là dessus l'agaçait.

Il aurait dû laisser Kurz faire ça tout seul ; mieux, Siedler aurait dû faire ça tout seul et demander à Kurz de faire la paperasse.

Et puis il avait envie de pisser ; vraiment, c'était une après midi de merde.

Oh, et puis zut. Il pouvait bien s'absenter cinq minutes pour aller squatter un bar et faire son affaire. Toujours les mains dans les poches et le regard tourné vers Kurz et l'église -il s'apprêtait à dire qu'il s'absentait momentanément-, Siedler se leva, commença un quart de tour pour remonter l'allée dans le sens inverse de la directement de l'église et, comble de malchance -ou de chance, s'il avait sut-, percuta la demoiselle qui justement passait passait sur l'allée en question.

A ce moment là, Heinz Siedler que c'était vraiment, vraiment une après midi pourrie.
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Liliane Keller
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyMer 10 Mar - 0:21

L’humeur de Liliane se détériorait de jour en jour. Ses insomnies empiraient. Elle passait de longues heures à regarder fixement le plafond et ne trouvait le sommeil que très tard dans la nuit, lorsque l’épuisement l’emportait sur ses angoisses et interrogations obsédantes. Avec l’arrivée de l’autre gradé allemand elle ne pouvait même plus s’offrir le luxe d’une quelconque source de lumière pour lire ou écrire, de sorte à occuper son esprit et lui éviter les délires propres de la paranoïa nocturne. La perte de sommeil était un des signes les plus évidents de culpabilité ou du moins d’activités répréhensibles par l’autorité en place. Se faire surprendre et avoir à en justifier devant l’Oberstleutnant aurait été compliqué. Certes il était très peu probable que les difficultés d’endormissement que rencontrait la fille d’une famille de bourgeois germanophile intéressent un militaire comme lui mais on ne savait jamais. L’accumulation de petites négligences pouvait être vite fatale dès qu’un observateur avisé tiquait sur un point.

Une excessive prudence était toujours préférable, oui. A moins qu’il s’agisse d’un petit trait peureux de sa personnalité qu’elle refusait de voir depuis toujours. Liliane préférait évidemment s’imaginer en personne réfléchie et méthodique ayant juste le sens du détail. Peut-être s’agissait-il uniquement d’une question de point de vue. Dans tous les cas elle avait suffisamment matière à réflexion pour ne pas en plus rajouter la question de sa vanité. Elle continuerait de rester sagement allongée dans le noir même si c’était à en devenir dingue à force !

La veuve avait de toute façon mieux à faire que se morfondre. La situation actuelle l’obligeait à des rencontres un peu trop régulières avec certaines personnes ce qui les rendaient donc plus dangereuses qu’à l’accoutumée. Aujourd’hui elle avait rendez-vous à l’église pour des confessions d’une étrange nature. L’habitude commençait à lui donner une bonne gestion de sa nervosité, elle résistait mieux à la tentation d’accélérer l’allure ou de se tasser comme si on la verrait moins.

Ayant bien retenu la leçon de ses précédentes maladresses la professeure fixait consciencieusement les pavés de la rue. Se vautrer alors qu’elle n’aspirait qu’à la transparence aurait été bien fâcheux. Malheureusement pour elle l’obstacle était cette fois un peu plus massif qu’une simple ornière ou un étui à violon posé au mauvais endroit et surtout devant et non en bas.

Liliane percuta l’homme de plein fouet. Elle retint une grimace de douleur devant les contorsions qu’elle imposa à ses chevilles pour éviter de se retrouver encore une fois par terre. Ayant retrouvé l’équilibre la musicienne ressentit un sentiment de triomphe gâché aussitôt par la vue de son sac gisant sur le sol, en partie vidé. Heureusement qu’elle ne transportait jamais rien de compromettant dans sa besace.

Ne se souciant pas de déterminer qui était fautif ou non la française s’empressa de se confondre en excuses un peu confuses tandis qu’elle s’accroupissait du mieux que le lui permettait sa jupe pour récupérer ses divers effets éparpillés. Ce n’était, certes, pas très élégant, cependant elle ne supportait pas que l’on touche à ses affaires.

« Excusez-moi monsieur, je… mon attention était portée ailleurs. »

Pas d’uniforme, ouf. Au moins il ne s’agissait pas « a priori » d’un occupant. Ces derniers temps la jeune dame se désespérait devant la guigne qui semblait la faire côtoyer exactement les individus qu’elle aurait mieux fait de ne jamais voir, même de loin.
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Heinz Siedler
Allemand
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyMer 10 Mar - 1:11

A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] 155giad
Erwin Kurz

Décidément, Heinz n'était doué pour rencontrer les demoiselles qu'en leur rentrant dedans... littéralement. Peut être qu'il devrait écrire un guide sur l'art de heurter toutes les jolies dames qui passent, parce qu'entre Madeleine et cette inconnue, il commençait à être abonné. Qui sait, jamais deux sans trois, et la troisième serait une grande chef de la Résistance qui s'empresserait de tomber amoureuse de lui (et par miracle, lui d'elle ?), et ils décideraient de fuir ensembles et de s'acheter une ferme au Texas.

...

... oui, bon. S'il pouvait rêver que Paul l'aimerait un jour, ce n'était pas si irréaliste.

Sur son banc, Kurz commença à se masser le front avec un air trèèèès blasé.

Heinz ne le vit pas, si bien qu'il ne perdit pas totalement ses moyens. C'est à dire qu'il ne se mit pas à begayer, garda un français grammaticalement correct et ne rougit pas (enfin presque pas). Mais comme avec Madeleine, son réflex immédiat fut de se baisser pour aider la dame et de se confondre en excuses qui, si elles étaient francophones, étaient prononcées dans un accent qui l'était beaucoup moins et dont on pouvait conclure qu'il venait d'outre rhin. Quelque chose comme "je suis désolé, je suis confus, non c'est ma faute, je vous en prie, laissez moi vous aider", en bref, exactement la même chose que ce qu'il avait déjà sortit à Madeleine, mais en moins bordélique (l'habitude ?). La différence étant que ce léger incident attirait l'attention, risquait de mettre à mal leur observation et, pire, qu'il y avait un témoin gênant : Kurz.
Bon.
Il n'aurait qu'à lui dire que c'était pour éviter qu'elle ne devienne hystérique en découvrant qu'elle avait bousculé un homme de la Gestapo. Voilà, c'était une excellente excuse. Un homme de la Gestapo n'était pas censé être sympathique, donc s'il était sympathique, à priori elle n'aurait pas l'excellente idée de faire une syncope ou de fondre en larme.

Circulez, y'a rien à voir.
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Liliane Keller
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyMer 10 Mar - 15:26

Pour une fois Liliane bénit son manque d’adresse car si elle n’avait pas eu la tête rivée vers le sol pour rassembler ses affaires l’homme aurait distinctement vu l’expression horrifiée de son visage subitement blême.

Cet accent si caractéristique trahissait sa nationalité aussi clairement que s’il avait agité une pancarte. C’était surtout son accoutrement qui l’inquiétait. Pourquoi était-il habillé en civil ?

Parce qu’il ne voulait pas être identifié. Pourquoi un Fritz ne souhait-il pas être reconnu comme tel, en général, au lieu de parader orgueilleusement dans son uniforme ?

Parce qu’il ne pouvait oser espérer coincer qui que ce soit si on le voyait arriver de loin.

D’autres hypothèses étaient possibles mais la coïncidence du lieu et de la date était trop grosse pour être ignorée, si on y ajoutait en plus l’ambiance fébrile qui la tenaillait… Merde, vraiment merde, merde, merde. Si elle visait juste il ne devait certainement pas être seul, elle savait les bouffeurs de choucroute trop lâches pour une telle chose. NON ! Ne surtout pas regarder à droite et à gauche avec son air de gibier qui vient de croiser un chasseur, ce serait signer son arrêt de mort sur le champ. Il ne fallait pas qu’elle panique. Hélas c’était trop tard, elle avait déjà l’estomac au bord des lèvres et pour peu elle se serait mise à trembler sur place. La professeure se sentait paralysée, pourtant il était vital qu’elle réagisse et vite. Rien à faire…

Alors quoi ? Elle allait craquer maintenant, de façon aussi stupide et pathétique ? Sans lutter ? Se mettre à pleurer comme une enfant devant la première réelle difficulté ? Faire plonger les autres par l’unique faute de sa faiblesse ? Sans même être sûre de la réelle raison de la présence de l’allemand ?

Piquée au vif dans sa fierté la montroise dirigea instinctivement ses mains vers une de ses chevilles comme si elle en souffrait, voilà déjà de quoi justifier son sale teint. Elle se ressaisissait, bien, il fallait qu’elle continue dans ce sens. Mettant un terme à l’interminable échange d’excuses et de politesses, elle demanda avec un sourire sciemment crispé s’il pouvait l’aider à se relever et à récupérer un instant sur le banc. Puisqu’il prenait les français pour des cons en jouant au gentil agneau elle n’allait pas se priver d’en profiter pour lui faire perdre du temps dans la mesure du raisonnable. Subir sans cesse les évènements sans broncher lui était insupportable. Suivant une de ses résolutions elle ignora soigneusement le deuxième personnage assis, après tout elle était censée ne s’intéresser qu’à l’autre et n’avait aucune raison valable de le dévisager… à moins de dévoiler qu’elle était effectivement aux aguets. Voulant signifier à son tour sa sympathie elle avança en allemand une niaiserie bien que pas si rare dans la région.

« Laissez-moi deviner, vous rendez visite à de la famille n’est-ce pas ? »


Feindre le détachement et la légèreté tout en ayant la marche de manœuvre de la barrière de la langue et de son pseudo élancement à la cheville pour les notes fausses. L’enseignante s’enhardissait un peu, à tort certainement. De toute façon, si elle était dans le vrai, quiconque ayant eu le malheur de mettre un pied dans cette satanée zone rentrerait directement dans une liste de suspects potentiels. Liliane devait « juste » ne pas donner d’eau à leur moulin, au moins le temps d’apprécier la situation et d’éventuellement tirer une quelconque information utile. Plus facile à dire qu’à faire, c’était quitte ou double.

Si la jeune femme avait su à qui exactement elle avait affaire il ne faisait pas de doute qu’elle ne se serait pas exposée aussi vainement. A condition qu’elle n’ait pas eu une belle syncope avant…
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyJeu 11 Mar - 2:05

A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] 155giad
Erwin Kurz

Raté, panique à bord, traumatisée sur le pont ! Pourquoi fallait-il toujours qu'il rencontre des hystériques ?

Toutefois, la dame se calma assez vite et Heinz se retint donc de lever les yeux au ciel. Avec un peu de chance il pourrait rapidement s'en débarrasser et revenir à Kurz et à leurs résistants, sans esclandres et sans réveiller la moitié de la place. Le bonheur retomba lorsqu'il sembla clair qu'elle n'allait pas mettre les voiles.

Bon. Il était un gentil Allemand, il n'allait pas lui dire d'aller voir à Varsovie si les boches aidaient les femmes des pays occupés ; il se sentit aussitôt coupable d'avoir pensé une chose pareille, même si tout le monde savait qu'un Polonais valait moins qu'un Français, et proposa son bras, même si vu la distance à parcourir, elle aurait bien pu le faire seul.

Kurz plia son journal et le déposa sur ses genoux.

"En fait, nous sommes ici pour affaire. Nous travaillons pour un grand magasin de vaisselle de Hamburg et nous cherchons de nouveaux produits. Montreuil est connue pour son verre..."

Pendant qu'il parlait, tourné vers la Française, Siedler avait mis ses mains dans ses poches et, debout plus ou moins face à eux, surveillait l'église du coin de l'oeil. Même s'il pensait que leur cible ne viendrait plus, il refusait de refaire une gaffe devant Kurz.

"Les vitraux."

Kurz tourna la tête vers lui.

"Ce n'est pas un style très ancien. Est-ce que vous sauriez qui les a fabriqué ? Notre magasin pourrait sans doute faire des commandes à l'artisan, s'il travaille encore."


En fait, il n'avait aucune connaissance en vitraux ; une plaque à l'intérieur de l'Eglise indiquait que toutes les vitres avaient été prisées par une explosion pendant la première guerre mondiale. Kurz pouvait dire ce qu'il voulait, ça leur donnait une excuse pour les regards en coin du côté de la rosace... et du portique qu'elle surplombait.
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Liliane Keller
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyJeu 11 Mar - 14:59

Liliane, si elle avait su, aurait aussi pu se demander pourquoi il fallait toujours qu’elle rentre dans des allemands importants sans en avoir le moins du monde conscience. Dommage ou tant mieux qu’il ne soit pas tombé dans la Fresne celui-là. Elle ne se gêna pas pour appuyer lourdement sur son bras.

Elle retint de justesse un sursaut quand l’autre individu s’exprima en allemand. Et en voilà de deux comme l’avait présumé la française. Etaient-ils au complet ou un troisième rodait encore aux alentours ? Impossible de savoir. L’explication se tenait néanmoins et elle aurait pu la gober dans un autre contexte, si elle n’avait pas eu l’atroce impression que c’était un traquenard qui la concernait directement. Malheureusement, si la professeure n’était pas en pleine crise de paranoïa, cela signifiait qu’il ne s’agissait pas d’abrutis sans cervelle ce qui corsait la situation. L’intervention du personnage debout la glaça. Les vitraux, l’église… Liliane fixa un instant l’endroit où elle aurait dû se trouver si elle ne l’avait pas percuté. Quel cauchemar, c’était à en perdre la raison…

« Oh je vois, laissez-moi réfléchir un instant… »

Pour une fois elle ne mentit pas complètement, elle profita de cette occasion en or pour faire le point sans avoir l’air étrange. La musicienne n’avait absolument aucune idée de l’artisan en question, ce n’était pas ce qui manquait à Montreuil. Se souvenant vaguement d’une boutique elle décida d’y aller au bluff et de ne pas prolonger plus longtemps sa réflexion, plus elle serait spontanée et mieux ce serait.

« Oui je crois savoir de qui il s’agit, je peux vous montrer le chemin si vous le souhaitez, je ne pense pas que la gare s’envole entretemps. J’ai juste besoin d’une minute ou deux le temps que ma cheville ne me fasse plus souffrir. »


Voilà la professeure avait réussi à glisser l’information de sa fausse destination en faisant mine de rien, sous le couvert d’une plaisanterie. Voyons à présent si elle pouvait les faire décoller de ce fichu banc. Puisqu’elle ne pouvait plus en définitive les esquiver autant y aller au culot. En plus ce n’était pas comme si elle avait forcé la proposition, la montroise ne faisait que répondre à une question, c’était le boche qui lui avait tendu une perche !

Pourquoi se permettait-elle d’être malgré tout aussi serviable ? Tout simplement parce qu’elle avait l’intime conviction que s’ils cherchaient des informations à son sujet ils ne trouveraient que le profil d’une collabo en puissance. C’est qu’elle avait travaillé dur pour s’assurer son image de fille sans opinion suivant docilement les directives du clan Keller auprès des personnes bavardes entre autre ! Le reste elle le devait donc naturellement à sa famille. A moins qu’elle ne soit déjà grillée et regrillée depuis longtemps. Ou que resurgisse une vieille connaissance parisienne pouvant trahir ses réelles orientations politiques par exemple… Non, le défaitisme était à proscrire sans quoi elle allait piquer une violente crise d’hystérie comme lorsque le Leutnant Hessler l’avait aidée à sortir du fleuve. De toute façon les dés étaient jetés à présent.

Afin de renforcer sa crédibilité la jeune femme ajouta toutefois en se tordant les doigts et en baissant les yeux, feignant l’embarras qu’elle avait pu observer chez certaines domestiques.

« Si jamais vous avez besoin d’une interprète pour les négociations… j’ai déjà un travail mais les fins de mois sont difficiles pour tout le monde. »

L’intérêt, c’était une motivation typiquement humaine et banale n’est-ce pas ?
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyDim 14 Mar - 0:22

A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] 155giad
Erwin Kurz

"Ne vous ennuyez pas avec cela, madame... ?" répondit Kurz, en profitant pour demander très ostensiblement son nom. "Je vous prie de nous excuser, quelle impolitesse de notre part ! Je m'appelle Erwin Kurtmeyer, et mon collègue, Heinz Zielberg. Je voulais donc vous dire qu'il n'est pas nécessaire que vous nous montriez le chemin, surtout si vous vous êtes blessées. L'accueil de l'hôtel aura certainement un plan de la ville pour que nous trouvions l'adresse par nous même."

Siedler y ajouta un sourire un peu absent, toujours tourné vers ses vitraux -ou plutôt, son église. Il laissait à Kurz la maîtrise de la conversation pour le moment.

"Je suis désolé, mais Monsieur Zielberg et moi même parlons assez bien Français. Cependant notre entreprise aurait peut être besoin de personnes françaises pour, peut être, mettre au point des accords plus étroits avec les artisans de votre ville. Si vous nous laissez vos coordonnées, nous les donnerons à notre patron, au cas où."

Siedler remarqua que Kurz accentuait beaucoup plus son Français que lorsqu'il parlait habituellement ; sans doute ne voulait-il pas que la Française sache à quel point il maîtrisait sa langue. Se rappelant d'une chose qu'elle avait dit et que Kurz n'avait pas encore relevé, Heinz reprit le baton du relais ; Kurz comprit aussitôt et, même si son buste se tournait vers la gare, Siedler savait que l'entrée de l'église figurait au coin de son champ de vision.

"Vous allez à la gare ? Vous êtes sûre, que vous y arriverez seule, avec votre cheville ?"

Si Kurz l'avait trouvée inintéressante, il s'en serait débarrassée au lieu d'entretenir la discussion. Maintenant que Siedler y pensait, après tout, la jeune femme se trouvait dans le périmètre des choses à surveiller...
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Liliane Keller
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyDim 14 Mar - 13:52

L’inconvénient avec les mensonges improvisés c’est qu’ils ont souvent tendance à se retourner contre l’investigateur. Liliane en faisait les frais. Elle sentait que s’amorçait une guerre des nerfs à la nuance près que s’il devait y avoir un perdant dans l’affaire ce serait uniquement elle et personne d’autre. La manière habile dont les questions étaient amenées ne fit que renforcer son inquiétude. Ces types-là n’étaient pas des débutants, à la moindre erreur… Oh non il fallait qu’elle se ressaisisse sans quoi elle allait faire une baisse de tension et pâlir encore plus ou bien alterner les phases d’hyperventilation et d’apnée pour se calmer ce qui était encore pire.

Les noms énoncés ne lui évoquèrent rien. Enfoirés de Zielberg et de Kurtmeyer, elle en aurait volontiers précipité un du haut d’une falaise et fait bouffer le journal de l’autre pour qu’il s’étouffe. Bien, la haine l’aidait à ne pas défaillir et à réveiller sa combattivité, même si elle ne s’exprimait que par des pirouettes orales.

« Liliane Keller, je vous suis reconnaissante de votre sollicitude monsieur Kurtmeyer. »

Mentir aurait été de la pure folie. Ses vêtements trahissant son niveau de vie limitaient déjà le champ des recherches, si on y ajoutait sa tranche d’âge, sa maîtrise correcte de l’allemand et sa description physique, retrouver son identité était un jeu d’enfant. Même si la demande n’était pas officielle, et que raconter un mensonge était dans son droit, on ne pouvait pas faire plus suspect. Quelqu’un n’ayant rien à cacher n’avait aucune hésitation à donner ce type d’information bien que leur faciliter le travail la rendait malade.

L’incursion dans sa langue maternelle lui déplut tout autant que le reste, elle avait l’impression de perdre du terrain. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle choisit volontairement la tournure la plus complexe pour un étranger, se fiant à son accent bien présent. La gestion du duo n’était pas évidente, la discussion allait être éprouvante s’ils enchainaient ainsi sans lui laisser de répit. La française répondit en poussant un petit soupir, contenant une vive envie de lui envoyer son pied soit disant blessé dans l’entrejambe.

« Que j’en sois capable ou non il faudra bien que je me débrouille, à moins que vous n’ayez vraiment beaucoup de temps à perdre, ce dont je doute. »

Avec bonheur elle fixa le fond de son sac à la recherche de matériel pour écrire. Soutenir un regard sans ciller était nerveusement très fatigant, cette pause lui fit le plus grand bien. La montroise reprit avec un sourire plus affirmé.

« Enfin étant donné que ma cheville n’a toujours pas la taille d’un melon j’imagine que ça ne doit pas être bien méchant, j’ai l’habitude des maladresses de ce genre. »

Tandis qu’elle griffonnait ses coordonnées l’enseignante lâcha distraitement manière d’alimenter la conversation et de ne pas laisser de place à d’oppressants blancs, tendant le papier à la fin de sa phrase.

« Venez dîner un de ces soirs, je suis convaincue que voir des compatriotes, sans uniformes pour une fois, ferait plaisir à l’Oberstleutnant Witsenhausen qui loge dans mon foyer. »

Sa famille devait bien être un minimum respectable pour qu’on lui confie la charge de l’hébergement d’un officier de la Luftwaffe, avec cela elle espérait bien s’en sortir plus facilement.

C’était décidé, elle s’enivrerait ce soir jusqu’à ne plus être capable de tenir debout si elle s’en sortait sans y laisser trop de plumes.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyDim 14 Mar - 19:58

A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] 155giad
Erwin Kurz

"Madame, c'est de ma faute, si vous êtes mal. Si vous avez besoin d'aide, un gentleman doit s'exécuter," répondit Siedler avec un sourire. S'il fallait s'intéresser à elle, savoir ce qu'elle ferait à la gare permettrait de vérifier son alibi (et de ne pas se conduire comme un fat au cas où elle aurait été sincère). Le problème était que si elle n'était pas leur cible et que ladite cible se pointait pendant que Siedler était absent, le pistolet à l'intérieur de sa veste ne serait d'aucune utilité à Kurz.
Mais bon. Cinq minutes plus tôt, Siedler était à moitié sûr que personne ne viendrait.

Et cinq minute plus tard, il toussait dans sa main pour ne pas avoir l'air de tiquer horriblement.
Witsenhausen.
Merveilleux. Absolument merveilleux.

Quoi que.

En fait oui, c'était totalement merveilleux.

Parce que si on avait des raisons sérieuses de croire que la dame était suspecte, on pouvait la surveiller... et donc avoir un oeil sur l'autre abruti de Junker.

Donc elle suspecte. Même si elle avait un alibi, était même totalement suspecte. Hop, plié, journée rentabilisée ! Si en plus elle pouvait vraiment être une résistante, il pourrait aller agiter sous le nez de ses supérieurs que l'abruti de l'Abwehr dormait au dessus d'une terroriste, mangeait avec elle le matin, mais était incapable de voir qu'elle préparait des cordes de piano pour l'étrangler dans son sommeil. Mais pour que ça marche, il fallait évidemment qu'il n'aille pas manger chez elle quand Junker-man y était.

"Malheureusement, nous ne savons pas encore si nous revenons à Montreuil. Peut être que notre patron voudra envoyer d'autres personnes. Mais si nous revenons, nous penserons à vous. Avez vous le téléphone ?"

Que je sache si je pourrai le mettre sous écoute, au cas où Witsenhausen aurait envie de l'utiliser...
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Liliane Keller
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyLun 15 Mar - 20:41

Mais c’est qu’il insistait le bougre ! Réfrénant l’envie de lui cracher au visage qu’un gentleman n’employait pas des ruses aussi basses pour piéger ses cibles, Liliane lui adressa en retour un sourire de remerciement, requérant son aide pour se lever et marcher, appuyant joyeusement sur son bras sous prétexte de maladresse et d’élancements à la cheville. S’il pouvait en tirer des courbatures demain ce serait déjà une petite victoire en soi.

Elle avait suffisamment encaissé sans broncher, à son tour de mettre à l’épreuve la couverture des boches. Si elle n’attaquait pas elle ne s’en sortirait jamais, oui elle sentait instinctivement qu’il fallait qu’elle torpille leur jolie histoire, même ça n’allait pas être évident. La professeure claudiqua une poignée de mètres, de sorte à ce que l’autre ne puisse pas se permettre d’intervenir, avant de répondre.

« En effet, oui, cependant… »

Elle fronça légèrement les sourcils, comme si elle tentait de se remémorer la chose. En réalité la française se réjouissait de voir que l’écart s’agrandissait petit à petit entre eux et le banc, en ce jour, elle croyait comme jamais à l’expression « diviser pour mieux régner ».

« C’est assez embarrassant, je n’ai jamais eu la mémoire des chiffres, d’où probablement mon horreur des mathématiques. Je suis une grande adepte de l’épistolaire, la technologie a ses avantages mais manque cruellement de… saveur et de romantisme je dirai. Si cela ne vous pose pas de problème je vous enverrai ce numéro par courrier à l’ancienne. »

Le Fritz aurait de quoi cogiter un moment (donc pas le temps de lui chercher des poux) à moins qu’ils n’aient poussé le vice au point de préparer une fausse adresse à l’avance ce qui ne l’étonnerait qu’à moitié, aussi farfelu que cela puisse paraitre.

Objectif numéro deux : trouver une connerie afin de justifier son pseudo voyage jusqu’à la gare.

Paris, famille, tournage. Elle tenait les fondations du mensonge autour duquel elle allait broder, il ne restait plus qu’à prendre l’initiative de la conversation afin d’en conserver la maitrise.

« Je dois rendre visite à mon oncle et à ma tante, ils ont tant fait pour moi durant mes études. C’est grâce à eux que j’ai rencontré mon mari et que j’ai par la même occasion pu étudier la littérature, tout en me perfectionnant au violon au conservatoire. Le seul inconvénient c’est qu’ils habitent à Paris. Ce sont des personnes si généreuses, je… »

Blablabla, elle se saoulait toute seule mais au moins ce flot de paroles empêchait l’autre de l’ouvrir et, ça elle l’espérait, de réfléchir correctement en l’abreuvant d’informations insignifiantes partant dans tous les sens. Ils avaient affirmé parler assez bien français ? Soit, elle avait accéléré progressivement la vitesse du débit, de quoi monopoliser un peu plus son attention.

« …en fait je comptais organiser ce voyage demain sauf que j’avais totalement oublié que ce jour concordait avec la date du tournage du Major… Her… Hernst… comment déjà ? Ju… Ju… ah oui ! Jungen. Le Major Hernst Jungen, si mes souvenirs sont exacts et rien n’est moins sûr avec ma pitoyable mémoire comme vous avez hélas dû le constater. Un homme fort sympathique. Figurez-vous que j’ai été convoquée il y a quelques jours au siège de la Wehrmacht, un endroit assez intimidant ceci dit en passant, pour participer à un reportage visant à mettre en évidence la bonne entente entre nos deux patries. »

Une idée lui vint subitement, elle tenait là une nouvelle occasion de mettre des bâtons dans les roues de ce fouille-merde de premier ordre.

« Oh je suis sûre qu’il serait du plus bel effet que vous veniez, on pourrait par-fai-te-ment illustrer le propos. C’est ici même demain matin. En plus, à ce qu’il parait, c’est le ministre Goebbels en personne qui souhaite que ce film se fasse, vous vous rendez compte ?! C’est une occasion inespérée et ça me permettrait de vous remercier de votre si grande amabilité, les hommes ayant encore le sens de la galanterie sont si rares. »

La française se rapprocha un peu, lui adressant son plus beau sourire enjôleur.

« J’imagine que vous devez avoir beaucoup de travail mais votre collègue peut bien se débrouiller seul une matinée. Au pire vous pouvez en profiter pour échanger vos billets, une opportunité comme celle-là ne se refuse pas. En la repoussant ce serait comme nuire indirectement à votre ministre en plus de briser le cœur d’une pauvre veuve. Oh s’il vous plait… »

Elle lui lança un regard de chaton larmoyant et resserra sa prise sur son bras, bien décidée à ne pas le lâcher autant physiquement que verbalement.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptySam 20 Mar - 1:01

"Vous pouvez nous écrire au 17, Albertstrasse, Hamburg," répondit Siedler mécaniquement. Il avait vécu à cette adresse, mais à Berlin, ce qui en faisait un choix automatique. Bien sûr, la lettre arriverait dans le vide, mais il n'avait pas besoin de l'aide de la dame pour trouver son numéro. "Le nom de l'entreprise, c'est Schmidts Glas."

Très recherché, vraiment. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'avait pas la langue dans sa poche. Elle lui rappelait Emilia, la plus chiante de ses ex, qui pouvait passer tant de temps à parler du ciel et des chats et de la voisine et des vélos et des pigeons et des robes à la mode et du chauffage de son appartement et de la nappe et des bus en retard et... d'un tas d'autres choses, tant de temps qu'elle lui avait donné des envies folles de sortir entre hommes, juste pour avoir une excuse de ne pas la voir pendant ce temps. En bref, la dame confirmait que les femmes étaient des créatures horriblement chiantes. Pas étonnant qu'il faille des lois contre l'homosexualité : si elles étaient toutes comme ça, tous les hommes s'arrangeraient entre eux.

Il se contenta donc d'appliquer la Stratégique Masculine N°4, aka "Ja Ja je t'écoute pas je fais semblant". Jusqu'à ce que malheureusement, la dame demande des réponses un peu plus développées.

Uh. Fallait déjà qu'elle essaie de lui déboiter l'épaule, maintenant il fallait en plus qu'il ai l'air intéressé ?

Oups.
Et qu'il trouve une excuse, en plus.

"C'est très gentil, Frau Keller. Mais vous devriez, plutôt, proposer cela à mon ami Erwin. Je n'aime pas trop les appareils à photographie et les films, je ne me trouve pas bien du tout dessus. Je suis timide, vous voyez."

Et c'était pas la peine de lui faire du pied : il lui manquait quelques tailles et c'était pas avec des talons aiguilles qu'elle allait l'allumer.
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptySam 20 Mar - 4:06

Liliane tâcha de mémoriser l’adresse débitée sans la moindre hésitation, elle avait encore raté son coup. Son estomac se noua un peu plus (si c’était possible).

« La timidité est un trait charmant enfin tant pis, insister plus serait grossier j’imagine. »

Loooong soupir de pseudo déception. Oh mauvaise foi quand tu nous tiens. Sa main la démangeait sérieusement, si seulement elle avait pu le gifler…

« Transmettez la proposition à votre ami de ma part alors, je n’ose le faire moi-même, essuyer un second refus serait très gênant vous comprenez. »


Elle se força à conclure sa phrase d’un petit rire tout simplement insupportable. Liliane se disait qu’elle aurait peut-être dû insister un peu plus, afin de continuer dans la logique de son cinéma mais c’était au-dessus de ses forces et elle était à court d’arguments, elle ne voyait pas comment faire plus. Bah les bavardes avaient souvent des sauts d’humeur aussi fréquents que leur manie de passer du coq à l’âne. Autant minauder aux dépends du Leutnant Hessler avait été amusant autant la chose était en l’occurrence déplaisante au possible. Son intime conviction d’avoir affaire à deux ordures de la pire espèce expliquait essentiellement ce fait. D’ailleurs si la professeure avait délégué ainsi la proposition c’était surtout qu’elle ne tenait absolument pas à les affronter à nouveau en binôme. A ses yeux il était évident que l’un comme l’autre allait refuser ou bien lui poser un lapin, s’exposer à leur regard conjugué encore une fois aurait été stupide.

Ils arrivaient enfin dans le hall de la gare. La française chercha du regard un guichet, hésitant toujours entre acheter des billets tout de suite ou simplement demander les horaires. Une chose était toutefois certaine : la présence du boche était pesante, il était temps de s’en débarrasser. Elle déclara en souriant, relâchant enfin son bras.

« Je pense pouvoir me débrouiller seule à présent, merci beaucoup pour votre précieuse aide. »

Autrement dit :

Bon maintenant le schleu tu dégages et vite. Plus de raisons de jouer au pot de colle donc du vent. Tu n’as vu qu’une bourgeoise idiote et chiante comme il y en a tant, rien de suspect, ça ne colle pas du tout avec ce que tu cherches, allez casse-toi !

Bah quoi ? En le pensant très fort ça pouvait peut-être devenir réalité, on ne savait jamais ! Liliane angoissa cependant un instant en se demandant si elle n’avait pas laissé transparaître sa contrariété durant une seconde ou deux comme lors de la convocation par un air pincé ou un froncement de sourcils un peu appuyé. Avant d’être dépassée par ce doute elle s’exhorta mentalement à garder le calme. La seule preuve physique pouvant susciter des questions gênantes était sa cheville or la montroise avait eu la chance qu’aucun des deux affreux ne regarde de plus près son réel état quand elle était encore assise sur le banc. Elle se rassura en se répétant que tout danger était écarté à présent, surtout après son baratin assommant. Oui dans quelques instants elle pourrait même exulter d’avoir réussi à berner les deux emmerdeurs aux viles méthodes ! Hein ? Quoi, c’était trop simple ?! En effet, impossible d’oublier qu’ils avaient dorénavant son nom, son adresse et sous peu son numéro. D’un certain point de vue c’était quasiment comme être pris à la gorge…

D’ailleurs à propos de coordonnées elle formula une question pour renforcer la cohérence de ses mensonges précédents.

« C’est terrible, j’ai honte, à quel numéro de l’Albertstrasse avez-vous dit déjà ? »
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyJeu 25 Mar - 23:54

Charmant, charmant... ça dépendait pour qui. Siedler garda soigneusement des commentaires acerbes pour son ouïe intérieure et en dehors de sa bouche. La timidité, ce n'était absolument pas charmant. Il avait même des jours où il trouvait ce trait charmant plus handicapant que son asthme. Ce n'était pas la première bêtise insipide dite par cette femme, mais elle lui tapait plus sur le système que ses autres répliques, qui s'étaient contentées d'être endormantes.

"Oui, je lui transmettrai. Peut être, qu'il sera intéressé."


Ou pas. Ils avaient quant même autre chose à faire et, de toute façon, leur couverture ne l'aurait sans doute pas supporté.

Arrivé à la gare, Heinz se demanda s'il s'en débarrassait maintenant ou s'il fallait continuer à la coller jusqu'à ce qu'il soit sûr. Après tout, elle pouvait avoir donné une fausse adresse ou un faux nom, ce qu'il ne pourrait vérifier à moins d'avoir ses papiers. Bien sûr, ils avaient son signalement, mais quid si elle n'était pas de Montreuil ?

"Vous êtes sûr, que ça ira ? Si vous voulez, allez vous asseoir, j'irai acheter les billets pour vous."

Si elle acceptait, avec un peu de chance elle lui refilerait carrément son porte feuille. Si elle allait jusque là, toutefois, ce serait certainement une preuve de sa non culpabilité : quelqu'un de méfiant ne confierait pas ses papiers à un presque inconnu, même quand le presque inconnu tend une main encourageante et se fend d'un sourire sympa (mais un peu crispé).

"17. C'est le numéro 17."
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyVen 26 Mar - 23:00

Ce Fritz lui évoquait une tique, c’était un parasite autant nuisible et compliqué à s’en débarrasser, la jugeote en plus. Non en fait il était bien pire.

« C’est que… »

Puis elle comprit d’un coup ce qui se cachait derrière son attitude si serviable. Oh non… oh non… non, tout mais pas ça. Liliane sentait déjà poindre le début d’une crise d’angoisse.

Fils de…

Ca n’avait l’air de rien mais dans la situation de la française se séparer ainsi de ses papiers représentait une épreuve quasi insurmontable. Heureusement qu’elle avait misé sur la carte de la franchise un peu plus tôt ! Mais… qu’est-ce qui lui prouvait qu’il les lui rendrait bien ensuite, hein ? Si ça se trouvait c’était juste un stratagème pour les lui voler sans difficulté et après elle serait dans une merde pas possible ! Il pouvait toujours crever ce boche, elle n’allait tout de même pas lui mâcher le travail ! Toutefois refuser revenait plus ou moins à avouer qu’elle avait des raisons de se montrer méfiante. Sauf s’il avait anticipé ce raisonnement et qu’une trop grande docilité ne la trahisse tout autant ! C’était tout à fait possible, tordus comme ils étaient, n’est-ce pas ?! Voilà, la professeure commençait à dérailler totalement, ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Elle se força à réagir sans réfléchir plus, affichant un sourire un tantinet crispé.

« Merci, c’est très gentil. »

Bon elle avait tranché, cependant elle ne s’en trouvait pas rassurée pour autant. La montroise sentit avec horreur le sang quitter son visage à mesure qu’elle farfouillait dans son sac en désordre. Sa nature un brin craintive avait du bon au moins : elle se promenait toujours avec une petite somme d’argent, au cas où, sans être non plus excessive. Y aurait-il assez ? Nouveau haut-le-cœur, si elle ne se ressaisissait pas vite elle allait vraiment se trouver mal. L’enseignante se fit violence pour donner les informations nécessaires d’une voix à peu près décidée, bien que légèrement cassée sur la fin, tout en tendant son portefeuille.

« C’est pour le week end dans trois semaines, de préférence tôt le samedi matin, s’il n’y a pas assez d’argent relevez juste les horaires et les tarifs, pour le retour je verrai plus tard ou sur place, je n’ai pas encore pris des dispositions pour me faire remplacer au travail et prolonger éventuellement ce séjour… »


Lilianne porta la main au front, simulant un vertige.

« Je crois que j’ai un peu trop forcé, je ne me sens pas très bien, je vais m’asseoir… »

Impossible que sa pâleur lui ait échappé, tout comme son ton défaillant, autant tenter un mensonge même si la coïncidence du moment le rendait un peu bancal. Il ne restait plus qu’à espérer que la confirmation de son identité calme la suspicion du boche, après tout pour le moment on ne pouvait que lui reprocher d’être dans le mauvais quartier au mauvais moment. Ou alors elle se faisait un film depuis le début, ce serait tellement bien ! Mouais… C’est au prix d’un gros effort qu’elle lui tourna le dos et tâcha de boitiller avec le plus de crédibilité jusqu’à un banc, l’estomac au bord des lèvres.
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyLun 29 Mar - 0:03

Réaction : douteuse. Siedler se retint de froncer les sourcils et s'efforça, au contraire, d'afficher une expression neutre. Et puis, après un temps d'hésitation, elle accepta et le tendit papiers et portefeuille. Encore une fois, il se retint se rider son front de plis pensifs, ne sachant quels calculs passaient sous cette tête blonde.

Mais ce qu'elle disait tenait la route et, surtout, le vertige était une justification qui se tenait : vu comme elle avait pesé sur son bras au cours du trajet, elle pouvait très bien être sincère. Bien sûr, le stress pouvait faire cet effet là à une femme, mais une résistance n'aurait-elle pas trouvé une excuse pour ne pas donner ses papiers ? Elle n'aurait pas ignoré qu'un agent de la gestapo savait identifier des faux.

Il allait quant même jeter un oeil. Pour le reste, si les papiers étaient vrais, on pouvait la retrouver très facilement pour vérifier son histoire.

"Laissez moi vous aider, il faut vous asseoir," dit-il en reprenant son bras pour l'amener jusqu'à un banc de la petite salle d'attente. C'est vrai qu'elle avait l'air pâle, ça, ce n'était pas une excuse.

Même si elle pouvait être pâle à force de nervosité. Et nerveuse parce que c'était une résistante et qu'elle s'inquiétait devant chaque Allemand qui passait.
Retour au point de départ ; il déciderait à la tête des papiers.

"Je vais voir au guichet. Attendez ici, il faut vous reposer."

Avec un peu de chance, elle serait assez dans les vappes pour qu'il puisse prendre son temps avec sa carte d'identité. Un sourire qui se voulait engageant aux lèvres -mais qui était plutôt crispé et manquait de naturel-, il se dirigea vers le guichet et demanda un billet pour Paris. Pendant que l'employé cherchait dans sa grille de prix, il regarda attentivement la carte, sans identifier un des indices qui aurait permis d'y voir un faux grossier.

L'employé lui annonça le prix ; il n'y avait pas assez dans le porte feuille, aussi Heinz le remercia, remballa les papiers et retourna auprès de la dame.

"Je suis désolé, il n'y avait pas assez d'argent. Il faudra que vous reveniez."
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyMar 30 Mar - 0:07

Il n’y avait que deux choses qui auraient pu la soulager. Que le Fritz soit réellement un homme d’affaire, ce dont elle n’arrivait pas à se persuader même si elle était encore bien loin de se douter de son identité réelle. Ou pouvoir s’allonger et maintenir ses jambes en l’air afin de palier à sa baisse de tension ce qui n’était naturellement pas réalisable en pleine gare.

Lorsqu’il la rejoignit pour l’aider à gagner le banc de la salle d’attente elle imagina durant un instant le pire, sa peur atteignant un degré tel que Liliane se retrouva incapable de penser à quoi que ce soit de cohérent. C’est donc dans un relatif brouillard qu’elle le regarda d’un œil à moitié vitreux s’éloigner temporairement. Des idées toutes plus stupides les unes que les autres traversèrent son esprit. L’enseignante regretta pendant une brève période de ne jamais avoir appris à utiliser une arme à feu par exemple. Cette pensée fit refaire surface le souvenir d’une soirée bien arrosée où des amis peu fréquentables avaient évoqué des anecdotes farfelues mais soi-disant véridiques. Une relatait la manière dont un soldat français avait liquidé un allemoche suite à une longue lutte épique avec coup de crosse dans la tronche, clé de bras, insultes fleuries, dégainage de gros poignard, en l’embrochant finalement comme un poulet à l’aide d’une branche sèche de moins de deux centimètres de diamètre. Comme quoi, un rien pouvait être mortel avec un peu d’imagination !

N’importe quoi… comme si c’était le moment de penser à de telles bêtises. Elle reprit d’un coup conscience de sa situation et tacha de reprendre le dessus laborieusement.

Il lui restait encore suffisamment de présence d’esprit pour penser à replier une jambe sous le siège et ainsi cacher à la vue de l’allemand sa cheville théoriquement légèrement foulée. Il avait beau ne pas être médecin elle ne tenait pas à prendre le risque qu’il remarque que l’articulation n’était pas le moins du monde enflée, ne serait-ce qu’un chouia (si ce n’était déjà pas trop tard). Cette opération posait un problème non négligeable toutefois, à savoir que la position avachie, que l’on adoptait généralement naturellement lors de moments de faiblesse liés aux malaises, devenait très étrange et rendait le but de la manœuvre assez évident. La française pencha un peu son buste en avant et profita de l’absence du boche, occupé à l’achat du billet uniquement elle espérait, pour trouver une pause n’évoquant pas si possible l’inquiétude, l’attitude d’une bête blessée attendant un coup ou un air fuyant. Finalement elle finissait de se tapoter vainement les joues pour se redonner des couleurs et commençait à se masser les tempes lorsqu’il revint.

Liliane mit une fois de plus à contribution son autodiscipline pour ne pas réclamer avec trop d’empressement son portefeuille et par ailleurs ne pas céder à la tentation de regarder fixement ses genoux ou le sol qu’elle tendait à trouver soudainement dignes d’un intérêt tout nouveau. Au lieu de cela elle se contraignit à répondre en le regardant bien en face, la mine, ni plus, ni moins, blême qu’auparavant, quoi qu’un peu crispée.

« Désolé de vous avoir ennuyé avec ça pour rien. »


Avec un sourire d’excuse la montroise tendit une main pour récupérer ses biens, dévorée par l’envie, qu’elle savait pourtant ne pas pouvoir satisfaire immédiatement, de vérifier que tout était bien à sa place. Si elle avait été un peu moins à côté de la plaque, elle aurait ensuite pu jeter un coup d’œil discret à l’intérieur, puis au moyen d’une petite phrase présentée comme une plaisanterie crétine essayer de faire ainsi mettre ses réticences antérieures et vérifications sur le compte de la radinerie. La professeure regretterait, certainement, plus tard, une fois tous ses moyens retrouvés, de ne pas avoir pensé à cette astuce.

« J’ai l’habitude avec ma santé fragile, dans un quart d’heure ça ira mieux, je vais me reposer ici en attendant. Allez-y je vous ai fait perdre suffisamment de temps comme ça… »

Intérieurement elle pria de toutes ses forces dans l’espoir de le voir la laisser enfin en paix. Si seulement elle ne s’était pas attardée après lui être rentré dedans, raaah c’en était si frustrant ! Pas de doute, une fois seule et en sécurité, si ça arrivait un jour, elle se mettrait assurément à geindre honteusement en cachette.
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyVen 2 Avr - 2:12

A voir la jeune femme comme la vit Heinz en revenant, on aurait pu croire qu'elle avait vu un monstre insecte. A moins que ce ne soit un monstre des mers ?

Quoi qu'il en soit, qu'elle se crispe n'arrangeait pas ses affaires, d'après le peu qu'Heinz savait de ce genre de faiblesses féminines. Quand il allait mal, il se contentait d'avoir des crises d'asthme, pas de faire une tête de pauvre victime d'un vicieux monstre des vers. Sa cheville devait lui faire vraiment mal et il se demanda s'il devait appeler un médecin, mais il se rappelait que Kurz l'attendait encore ; s'il tardait trop, l'officier serait aussi furieux qu'un monstre des marais sanguinaire à son retour et le transformerait en charpie pour monstre de la mort.

Pas le choix, il fallait qu'il l'abandonne.

"Ce n'est rien, c'était ma faute," dit-il cependant, parce que même face à trio composé d'un monstre de l'espace, d'un monstre des cavernes et d'un monstre des eaux, il refusait d'être impoli face à une personne certes agaçante comme un monstre du cancer, mais qui ne méritait pas d'être traité avec tout le mépris qu'on devait à un monstre des abysses. Non ; il ne se conduirait pas comme un infâme monstre vampire.
Il serait poli, quitte à ce que Kurz se mue en monstre des montagnes pour l'écraser sous des éboulements de reproches.

"Je vais devoir vous laissez," ajouta-t-il, avec autant de regrets qu'un monstre lion à qui un monstre des ténèbres aurait arraché sa proie, avant que lui même ne soit taclé par un monstre batracien croisé avec un monstre hibou et dont le résultat serait un monstre de la traitrise. Elle n'avait vraiment pas l'air bien et il se demanda, s'il posait la main sur sa joue, s'il la trouverait aussi froide que celle d'un monstre reptile ou, au contraire, chaude comme la peau d'un monstre de la lave ; toujours est-il qu'il ne pensait pas qu'elle était à la merci du monstre de la mort (sans doute était-il trop occupé à jouer à la marelle avec le monstre des forêts, un autre monstre vampire et un monstre squelette qui n'en avait pas l'air). Mais si elle avait froid, il faudrait qu'elle trouve elle même un monstre des volcans pour se réchauffer ; et si elle avait trop chaud, un monstre des glaces devrait faire.

Heinz, lui, devait malheureusement la quitter.

"Je vous souhaite une bonne fin d'après midi, ma demoiselle, et un bon rétablissement."

Puis, sur ces mots et tel un monstre ailé face au soleil couchant, il s'en alla... lonesome cowboy.


[Message écrit pour le défi nanar avec cette vidéo.]
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MessageSujet: Re: A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai]   A l'entrée du confessional [Lundi 19 mai] EmptyVen 2 Avr - 23:06

Liliane lâcha un lent soupir, ouf c’était fini, il ne restait plus qu’à attendre sagement un quart d’heure, histoire de ne pas se trahir bêtement dans l’éventualité où l'endroit soit encore surveillé. Le soulagement dissipa toutes ses angoisses, en moins de quinze minutes il ne restait plus la moindre trace de détresse. A la voir ainsi à présent il était difficile d’imaginer qu’elle était au bord du désespoir si peu de temps avant. Une joie jubilatoire complètement puérile la gagna même peu à peu. Elle était fière comme Artaban, ces crétins n’y avaient vu que du feu. Ce sentiment de triomphe ne risquant pas de durer, la française décida d’en profiter pleinement, elle déprimerait suffisamment dans la soirée.

Un bruit sourd et fort, provenant de sa gauche, la fit sursauter brutalement. Après un examen rapide la professeure comprit qu’un oiseau s’était violemment écrasé contre la fenêtre. Il glissa finalement, laissant une infâme bouillie de plumes et de chair sur la vitre. Gnu ? Maintenant les boches employaient des pigeons Kamikaze pour se débarrasser des suspects afin d’éviter la paperasse ? Peut-être qu’ils avaient même été génétiquement modifiés pour lâcher des fientes radioactives mortelles ! En plus avec leur étrange vol en stationnaire, proche de la lévitation, ils avaient vraiment l’air louche ces piafs. Pas sûr qu’il soit judicieux de sortir sans être armé d’une bonne mitraillette au cas où. Enfin, elle ne pouvait pas rester là indéfiniment, il fallait bien rentrer.

Ce qu’elle pouvait se sentir stupide à boitiller ainsi alors que la place était déserte. Mais bon, elle avait beau fanfaronner intérieurement, dans la pratique la prudence était toujours de mise. Ce constat l’agaçant prodigieusement, la montroise laissa libre cours à son imagination vengeresse. L’étrange claquement irrégulier de ses talons de bois sur les pavés aida l’inspiration à venir. Dans sa vision, elle portait des vêtements informes avec une belle casquette sur la tête, un gros fusil à pompe en mains.

Clac

Elle défonçait d’un coup de pied la porte d’entrée du siège de la gestapo puis retirait sa coiffe libérant une tignasse bouclée dans un mouvement digne d’une future publicité de shampoing.

Clac

L’arme était chargée.

Clac

Boum et un schleu sans tête !

Clac, clac

Trou dans le ventre pour un autre.

Ce délire mental continua ainsi un petit bout de temps, jusqu’à ce qu’elle s’estime satisfaite de son massacre virtuel. Puis, comme il fallait un minimum de crédibilité, elle décida qu’elle se ferait finalement trouer comme une passoire et tomberait après coup, agitée de mouvements frénétiques incontrôlés dignes des plus belles crises d’épilepsie dans une splendide mort surjouée. Ou alors elle se ferait attraper, ce qui était moins cool. La personne qui lui parlerait aurait forcément un accent étrange, assez ridicule et elle, à force de s’être époumonée à jurer comme un charretier, aurait une voix anormalement rauque et grave. La discussion commencerait par un classieux « hé l’enculé », forcément suivi d’un « vas te faire foutre ». Il y aurait en fond une petite mélodie s’étant échappé d’un cours quelconque de musique et s’étant par un miracle insidieusement amenée pour poser l’ambiance du prochain trip patriotique. En pleurnichant elle parlerait de déshonneur pour son pays, ses ancêtres, son Dieu, ses élèves, le chat du voisin, l’ivrogne cuvant sous le Pont de Sarnand. Elle se montrerait d’une ignooooble méchanceté en les traitant tous d’assassins de bas étages, de putains d’enfoirés faisant chier la terre entière, terminant son envolée lyrique sur un « essayez plutôt de causer à mes burnes ». Puis elle réaliserait que, malgré son accoutrement ne rendant pas l’identification de son sexe évidente, sa voix de fumeur et son gros calibre, elle était bel et bien toujours une femme, et que donc, elle ne pouvait physiquement pas avoir de burnes.

C’est sur cette pensée d’un raffinement exquis que l’enseignante rentra chez elle.

[HJ : Post écrit aussi dans la perspective du défi nanar d’où le n’importe quoi]
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