Die Adler
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Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]

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Heinz Siedler
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Heinz Siedler

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MessageSujet: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 6 Sep - 21:21

Il était presque minuit quand quelqu'un vint tambouriner à la porte de Paul Nantois. Il y avait de quoi être surpris : outre l'heure pour le moins inhabituelle pour une visite, le couvre feu interdisait toute circulation dans les rues après 20h. Et ce n'était pas l'heure pour qu'un voisin vienne demander du sucre !

Pourtant, il y avait bien quelqu'un devant la porte. Quelqu'un qui semblait avoir très envie d'entrer et le montrait sans discrétion. Sans doute parce qu'il était ivre, une bouteille de Whisky -la marque préférée de Paul- dans la main droite. Débouchée, à moitié vide, elle ne faisait pas de mystère sur l'identité de son agresseur. L'homme était appuyé contre le mur, face à la porte. Il avait dû se mettre là en attendant qu'on ouvre ; quand le battant se déplaça enfin, il prenait une nouvelle rasade. Au goulot ; un peu de liquide ambré coula sur le menton et tâcha un col de la chemise.

Le bras retomba. La bouteille heurta le mur avec un "chtunk" qui, dans le couloir endormit, sembla faire un bruit d'enfer. Un regard torve fixait Paul Nantois, le blanc de l'oeil marbré de veines qui parlaient d'alcool, ou peut être de larmes. Le tout se détachait dans un rectangle de lumière sur fond de peinture blanche grisée par le passage, joue contre joue avec la forme sombre d'une ombre chinoise.

La soirée ne faisait que commencer.
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Paul Nantois
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Paul Nantois

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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 13 Sep - 9:37

En général, à minuit, les honnêtes gens dormaient. Surtout lorsqu’ils avaient travaillé jusqu’à onze heures passées. Paul ne faisait pas exception à la règle, et les coups qui ébranlèrent sa porte aux alentours de minuit le réveillèrent en sursaut. Un peu hébété, il tâtonna dans le noir, à la recherche de sa lampe de chevet, qu’il alluma. Il attrapa ensuite son réveil et regarda l’heure. Dieu du Ciel. Il se demanda, avec un brin d’espoir, s’il n’avait pas rêvé, mais un nouveau coup dissipa très vite ses illusions. Franchement soucieux, vaguement agacé, et un peu ahuri, il se leva, et marcha jusqu’à la porte. Il alluma la lumière, attrapa et enfila sa veste, histoire de ne pas se montrer torse nu, puis donna un tour de clé dans la serrure. Il posa ensuite une main sur la poignée de la porte, et marqua une hésitation.

Il avait un peu peur de ce qui l’attendait dans le couloir. A sa connaissance, les visites de bon voisinage ne se faisaient pas à une heure pareille, et si Camille avait eu besoin de quoi que ce soit, elle ne se serait certainement pas acharnée avec tant de violence sur la porte. Sauf s’il se passait quelque chose de vraiment grave. Il sentit sa gorge se serrer. Ou alors, c’était la Gestapo, pour une arrestation. Il n’avait rien à se reprocher, mais Heinz avait peut-être décidé de se venger, avec un temps de retard. De crainte que son mystérieux visiteur ne se remette à tambouriner sur le battant de bois, en ameutant tout l’immeuble, Paul se décida à ouvrir la porte.

Il lui fallut un bref moment pour comprendre ce qu’il voyait. Sa seconde hypothèse était juste. A moitié. C’était bien la Gestapo, et très vraisemblablement une vengeance de Heinz. Mais elle n’était pas là pour une arrestation. Sauf si elle avait l’habitude d’envoyer son chef, complètement ivre de surcroît, seul, à minuit, une bouteille de whisky à main, chez les gens de sa liste noire. Il faisait trop sombre dans le couloir pour que le Français puisse voir s’il était en uniforme ou pas. Mais même s’il l’était, il était bien peu probable qu’il soit venu pour l’emmener au QG de la Gestapo.

Il sursauta lorsque la bouteille heurta le mur, sans trop savoir si c’était à cause du bruit, ou à cause de l’outrage infligé à un aussi bon alcool. Il adressa un regard incrédule à son ancien amant. Heinz ne semblait pas apprécier le whisky lorsqu’ils se fréquentaient, et Paul ne voyait pas ce qui pouvait le pousser à vider la moitié d’une bouteille à une heure indue – sans compter qu’il ne semblait pas vouloir s’arrêter en si bonne voie ! Très las, le Français songea à le laisser dans le couloir, et à aller se recoucher, tout en sachant que c’était impossible. Heinz n’allait certainement pas accepter d’être laissé ainsi à la porte, surtout avec une telle quantité d’alcool dans le sang. Il serait capable de faire un scandale et de réveiller une partie de l’immeuble, Camille incluse. Paul ne pouvait donc pas lui claquer la porte au nez, ni le jeter dehors – s’il arrivait quoi que ce soit au chef de la Gestapo, ce serait tout Montreuil qui en pâtirait – ni le raccompagner chez lui, vu qu’il ignorait complètement où il logeait. Bref, sa gamme de choix était très réduite. Maudissant Heinz sur plusieurs générations, Paul attrapa la manche du gestapiste et les fit entrer dans son appartement, sa bouteille et lui.

Il ne se sentait plus soucieux, ni hébété. Il était juste en colère.

"J’peux savoir ce que tu fiches ici, à une heure pareille ?" gronda-t-il entre ses dents, en choppant Heinz par le col.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMar 15 Sep - 23:40

Trop imbibé pour avoir l'esprit clair, Heinz ne vit d'abord que le bon aspect de la chose : il était entré. Si sa cravate n'avait pas été défaite, il l'aurait dénouée ; il rêvait qu'il l'embrasserait quant même. Au lieu de cela il cligna des yeux. Le temps de comprendre la question de Paul, de se pincer les lèvres, d'inspirer et d'essayer de trouver une réponse.

Sauf qu'il ne l'avait pas, ou qu'il ne voulait -ne pouvait- pas la comprendre. Alors il referma la bouche et se contenta de regarder Paul d'un air torve et bovin. Pour la peine, Heinz avait envie de reprendre une rasade, juste pour voir si le fond de la bouteille ne pourrait pas lui mettre les idées au clair. Et puis non, ce n'était pas une bonne idée. Et puis il était déjà bien bourré, déjà, alors c'était pas la peine de se poser tant de questions pour une gorgée. Et puis et puis, et ben c'était la bouteille de Paul, qu'il n'avait pas pu lui donner la dernière fois. D'un coup, Heinz eu honte d'avoir descendu la moitié du whisky et tendit -plutôt maladroitement- ce qui restait au professeur.

"Je suis venu donner ça."

La bouteille heurta la poitrine de l'autre comme elle avait heurté le mur, quoi qu'en faisant moins de bruit. Faut dire que Paul restait moins rigide qu'une cloison.

"C'était pour toi, mais j'ai devoiru en boire un peu sinon j'avais peur venir te voir."

Ceci dit, il porta de nouveau la bouteille à ses lèvres. L'effort de parler un français à peine potable avait éloigné de ses préoccupations du moment le dilemme du "boire ou ne pas boire". Quand il se rendit compte de son erreur, Heinz laissa échapper un "pardon" pâteux et un début de sanglot d'ivrogne...
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMer 16 Sep - 0:25

Seigneur, la soirée allait être longue. Heinz était si saoul qu’il peinait à rassembler ses idées, et Paul se demanda par quel miracle il était arrivé jusqu’à sa porte, sans se perdre, et sans rouler dans les escaliers. Qu’il puisse marcher sans aide était déjà remarquable. Il semblait pouvoir tenir debout sans grand effort mais, par prudence, le Français lâcha rapidement son col, pour attraper ses épaules. Il fixait l’Allemand droit dans les yeux, mais n’y trouvait pas la moindre lueur de compréhension ou d’intelligence. Heinz semblait ne penser à rien. Il se contentait de souffler son haleine alcoolisée sur le visage de son interlocuteur, sans fournir la moindre réponse, même inintelligible. Paul songeait à répéter sa question en allemand lorsque le gestapiste se décida à réagir. Mais malheureusement, pas comme il l’espérait.

Il sursauta lorsque la bouteille cogna ses côtes. Sa veste s’était entrouverte, et il sentit nettement le goulot humide toucher sa peau nue. Incrédule, il ne broncha même pas. Il tentait de digérer ce que son interlocuteur venait de lui dire. Une demi-bouteille de whisky. Heinz était venu le tirer du lit, à minuit, pour une demi-bouteille de whisky. Une bouteille qu’il avait déjà bien entamée, et qu’il avait failli terminer dans le couloir. Il n’avait d’ailleurs pas abandonné cette idée, puisqu’il ne tarda pas à en boire une nouvelle gorgée, après avoir précisé pourquoi il avait tant bu. Mais son interlocuteur n’y prêta même pas attention. Il était sous le choc. Difficile de dire si c’était à cause de la forme de l’explication, qui lui avait arraché un hoquet de stupeur, ou à cause du fond, qui n’était pas triste non plus. Par réflexe, il leva la main gauche pour toucher la branche de ses lunettes... qui n’étaient pas sur son nez. Ce qui l’agaça prodigieusement.

Sans lâcher Heinz de la main droite, il attrapa la bouteille avec sa main gauche, l’arracha des doigts de l’Allemand et la posa sur sa table de travail. Enfin, posa... Table et whisky gémirent, l’une avec un bruit sourd, l’autre en clapotant, et si la bouteille de verre avait été une simple cannette d’aluminium, elle se serait sans doute plissée comme un accordéon. Heinz ne maîtrisait plus ses gestes parce qu’il était ivre. Paul ne dosait plus sa force parce qu’il était en colère. Et quitte à s’en prendre à un élément extérieur, autant martyriser les objets inanimés, plutôt que le chef de la Gestapo.

"Bon Dieu !" s’étrangla le Français.

Il priait pour qu’Heinz maîtrise ses nerfs et ne se mette pas à gémir. Parce que sinon, c’était clair et net, les siens, de nerfs, allaient lâcher.

"Peur ? Mais peur de quoi ?! Qu’est-ce que tu imaginais ? Je ne peux rien faire contre toi !"


Malheureusement.

Conscient que les choses n’allaient pas s’améliorer s’il se mettait à hurler, il souffla par le nez pour se calmer un peu, et tira Heinz jusqu’à un fauteuil, pour le forcer à s’asseoir avant que ses genoux ne le trahissent.

"Qu’est-ce que tu me veux, bon sang ?! J’ai pas déjà assez donné ?"
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMer 16 Sep - 20:13

Heinz sursauta une nouvelle fois et déglutit péniblement. Coup sur table + expression française désignant un clair sentiment d'agacement = Paul n'était pas content de le voir, et pas content non plus de sa réponse. Il fallait en conclure que l'entrevue était partie pour mal se passer et que Paul n'allait pas l'embrasser et sans doute pas lui faire l'amour en lui disant qu'il n'avait dit que des conneries la dernière fois et que finalement il l'aimait beaucoup. Mais Paul semblait ne même pas comprendre ce qu'il lui disait -ou alors Heinz ne comprenait pas le rapport entre sa réponse et la réaction de Paul. Pourquoi ne devrait-il pas avoir peur ? Il avait peur de se faire jeter, évidemment ! C'était pourtant pas dur à comprendre !

Et puis, la dernière partie de la phrase parvint enfin à trouver un neurone encore en état de réfléchir. Ce qui ne l'aida cependant pas à voir ce que ça avait à faire là. Alors il se laissa trainer et tomber là où Paul semblait vouloir qu'il soit. Pas besoin d'avoir de la matière grise pour comprendre parfaitement : apparemment, fréquenter Heinz était un tel déplaisir que Paul en parlait comme si on l'avait forcé à faire les vendanges pendant un mois pour le compte de la Gestapo. Ce qui était, tout de même, passablement abusé et énerva tout aussi passablement son interlocuteur.

"Donner quoi ? Quand tu savais pas, que j'étais avec le SD, ça avait pas l'air si mal !"

Il agrippa un truc en tissu -une manche, sans doute-, comme s'il avait craint que le Français allait profiter de ce qu'il était assis pour s'enfuir.

"Et toi, tu voulais quoi ! Un cul et de l'alcool, alors qu'est-ce que ça peut te faire, ce que je fais !"

Il tira sur le tissu, plusieurs fois. L'autre aurait pu être un peu secoué si Heinz y avait mis plus de force. Il avait envie de lui dire que s'il n'avait pas eu l'excellente idée de le baiser pendant qu'il était trop ivre pour réagir, ils auraient eu moins de problèmes. Mais il avait fait de Heinz un déviant qui devait se cacher de ses propres hommes, qui pensait à lui au travail et buvait plus en quelques semaines qu'en plusieurs années. Par sa faute.
Oui, Paul aurait dû y penser avant.
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMer 16 Sep - 22:07

Heinz avait déjà montré qu’il était capable de tout, mais son ancien amant fut, malgré tout, complètement désarçonné par son éclat de colère. Le Français avait conscience de l’avoir poussé à bout, mais rien ne l’avait préparé à de telles réponses, surtout dites sur un tel ton – il n’avait jamais vu l’Allemand en colère, et c’était la première fois qu’il parvenait à le fâcher pour de bon. Même leur dernier rendez-vous avait été moins houleux que cette petite entrevue. Peut-être que c’était l’alcool, qui poussait Heinz à se montrer plus vindicatif. Ou peut-être qu’il se contentait d’exprimer le fond de sa pensée, pour une fois. Peut-être qu’il s’agissait tout simplement de sa véritable personnalité. Un homme aussi doux que le secrétaire que Paul avait connu pouvait difficilement devenir chef de la Gestapo, même dans une ville aussi petite que Montreuil. Il s’était trompé sur toute la ligne, c’était clair et net.

Un frisson le secoua lorsque Heinz attrapa sa manche. Toujours stupéfait, toujours furieux, et vaguement coupable, le Français lui adressa un regard haineux, et ramena son bras vers lui, pour dégager sa manche. En vain. L’Allemand semblait bien décider à boire le vin jusqu’à la lie, bien décidé à cracher sa bile jusqu’au bout, et il ne lâcha pas prise. Au contraire. Il tenta même de le secouer – ce fut physiquement sans effet, ou presque, mais très efficace sur les émotions de Paul, qui tenta à nouveau de se libérer, plus fort. Il ne supportait pas l’idée que Heinz le retienne ainsi. S’il s’obstinait à la retenir, il lui abandonnerait sa veste, plutôt que de rester si près de lui, contre son gré.

Il était suffoqué. Parce que l’Allemand n’avait pas tort, d’une part, et parce que c’était inacceptable, d’autre part. Il ne se considérait pas comme un mauvais bougre, en dépit de ses amours anormales, et il n’était pas du genre à traiter les gens comme des objets. C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait chassé Heinz de chez lui. Continuer à voir un homme qu’il méprisait, redoutait, haïssait, juste pour pouvoir coucher avec lui, n’avait rien d’honorable.

Quant à l’alcool, et aux vivres en général, c’était une idée de Heinz. Paul refusait de mendier, et ne tenait pas particulièrement à être « payé » pour ce qu’il faisait. Mais, effectivement, il n’avait pas dit non, et s’était même habitué à ses cadeaux. Alors, oui, d’une certaine manière, c’était sa faute. Si on regardait les choses sous cet angle, il méritait ce qu’il lui arrivait.

Mais il n’était pas moins révolté pour autant.

"Parce que toi, tu ne venais pas pour coucher avec moi, peut-être ? Si je te traitais si mal que ça, pourquoi tu es revenu ?"

Il se pencha vers Heinz, haletant, et répéta, mais plus doucement :

"Qu’est-ce que tu me veux, bon sang ?"
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyJeu 17 Sep - 22:48

"Oui mais moi, je te reproche pas des choses, qui n'ont rien à voir !"

Parce que ça n'avait rien à voir. Sa relation avec Paul n'avait rien à voir avec son travail. Heinz ne pouvait pas se permettre de relier ces deux aspects de sa vie. Ils ne pourraient que s'auto détruire et le faisaient déjà. N'était-ce pas suffisant qu'il en souffre ? Il avait pourtant juré que ce serait sans conséquences ! Paul le prenait-il donc pour un menteur ?

"C'était bien ! Avant que tu compliques !"

Ses doigts restaient crispés sur la manche. Heinz voulait que tout redevienne simple entre eux deux et il avait le sentiment que, s'il lâchait encore l'affaire, le départ serait définitif. Il voulait qu'ils recommencent à se fréquenter, même si ce n'était que pour coucher ensembles, même si Paul n'accepterait sans doute pas qu'ils fassent d'autres choses ensembles. Comme Heinz avait espéré qu'ils le feraient, en se faisant passer pour des amis. Mais il n'était plus question de cinéma ensembles, ou de sortir, ou de quoi que ce soit ; pas maintenant, où leur lien le plus fort, leur seul lien était remis en question.

"Je veux qu'on refasse, comment avant ! Quand on était bien ensembles !"

Embrasse moi.

Et, comme il avait assez bu :

"Je ne veux pas que tu me détestes !"

Je n'ai que toi. Sans toi...

Cela sonnait plus comme un ordre qu'il ne l'aurait voulu.
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptySam 19 Sep - 21:01

C’était fort, tout de même. Non seulement Heinz s’obstinait à tout lui mettre sur le dos, sans laisser la moindre place à ses propres responsabilités, mais il parvenait, dans la foulée, à prendre pour de bon la place de la victime. Un sentiment de culpabilité faisait son chemin au milieu de toutes les émotions d’Apollinaire, sans parvenir à surpasser complètement la colère et la lassitude. Oui, c’était lui qui avait emmené Heinz chez lui la première fois, et oui, c’était lui qui avait décidé de faire machine arrière lorsqu’il avait réalisé que son amant n’était pas celui qu’il prétendait être. C’était effectivement lui qui « compliquait » les choses, et c’était lui qui se montrait ingrat. Il songea qu’il n’avait pas forcé l’Allemand à boire, qu’il n’avait jamais exigé quoi que ce soit de lui, et qu’il avait eu raison de se fâcher en découvrant son véritable job, mais ne se sentit pas soulagé pour autant.

Il avait renoncé à reculer, à récupérer sa manche, et à retirer sa veste. Il se contentait de fixer Heinz, les dents serrées, si fort qu’elles devaient sans doute grincer. Il ne cilla pas quand son ancien amant lui déclara qu’il voulait que les choses redeviennent comme « avant » et tordit les lèvres, comme s’il avait avalé quelque chose d’amer, en entendant la suite. Il ne releva pas l’apparente contradiction dans le discours du gestapiste. Heinz lui en voulait de l’avoir chassé de chez lui, en insistant sur le fait que son travail n’avait aucune influence sur ce qu’ils faisaient ensemble. Mais, en même temps, il ne voulait pas que Paul le haïsse. Ce genre de considérations n’était pas sans importance, si on suivait le raisonnement de l’Allemand ? Ils ne couchaient pas ensemble parce qu’ils avaient des sentiments l’un envers l’autre.

Très las, Paul classa cette pensée avec d’autres, et l’oublia presque aussitôt. Il se pencha vers Heinz et lui souffla :

"Je ne te déteste pas"

Pas trop, du moins. Enfin, peut-être que si. Mais le Français n’avait aucune envie d’y réfléchir, et aucune envie de faire face à un nouvel éclat de colère, s’il n’allait même pas dans le même sens que son visiteur nocturne.

"Tu veux revenir ? Très bien. A ta guise"

Il se rappela subitement que son interlocuteur n’était pas francophone.

"Fais comme tu veux"
traduisit-il en soupirant.

Il posa les mains sur les genoux de Heinz et s’accroupit, pour être à la même hauteur que lui. Il n’était plus en colère, mais le poids de la fatigue commençait à se faire sentir, suite à son coup de sang.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyLun 21 Sep - 22:15

L'avantage d'être bourré, c'est que beaucoup de subtilités vous passaient au dessus de la tête. Baigner dans la naïveté n'était pas forcément une mauvaise chose, surtout quand ça facilitait les choses ; ce qui était le cas à l'instant présent.

Heinz prit donc pour argent comptant tout ce que lui répondit Paul. Son esprit d'ivrogne ne chercha même pas à dénicher une éventuelle trace d'ironie, de mensonge ou de mauvaise grâce. Il ne vit que les mots et trouva le moyen de s'en réjouir. Certes ! Paul n'avait pas dit qu'il l'aimait bien, qu'il était content de son retour, mais Paul avait toujours été réservé. Heinz aussi, mais un Heinz alcoolisé pouvait avoir des réactions passablement non heinzitiques. Ce qui explique sans doute que, bien que Paul ai posé ses mains sur ses genoux (ce qui pouvait passer pour un "tu bouges pas" déguisé), il se retrouva quelques secondes plus tard et après une action floue, non identifiée et pas identifiable, moitié accroupi face à Paul, moitié affalé sur lui et les bras autours de son cou.

"Je veux."

Court, presque enfantin et prononcé d'une voix un peu baveuse. Une vague de soulagement mêlée aux molécules éthylique détendait les muscles de l'homme, lui donnant soudain une furieuse envie de s'endormir contre Paul. Et de ne se réveiller que le lendemain, et de passer la journée au lit, tous les deux, comme deux amoureux. Depuis leur première fois, ils n'avaient pas passé une seule nuit ensembles.

Heinz soupira et souda une joue déjà attaquée par une barbe d'un jour contre l'épaule de l'autre. Tout ça, c'était vraiment trop compliqué. Il avait envie d'un baiser, et de ne pas bouger de là où il était. Il avait envie de faire l'amour, mais cela exigeait de faire encore plus de mouvements. Et puis il était fatigué. Et il n'était pas sûr de rester réveillé, ce qui voudrait dire qu'il s'était donné beaucoup de mal pour rien.
Oui.
C'était tellement plus reposant de rester là et de laisser Paul décider de la suite, maintenant qu'il était d'accord pour qu'ils soient de nouveau ensembles.
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMer 23 Sep - 1:05

Heinz n’était pas le premier amant d’Apollinaire, mais c’était indéniablement celui qui lui avait donné - et lui donnait encore - le plus de soucis. Même Elain, qui n’était pourtant pas triste dans son genre, ne lui avait pas pourri la vie de cette manière. L’Allemand, non content de frapper chez lui à des heures indues, lui offrait tour à tour des sueurs froides, des coups de sang, et d’affreux remords. Comment le Français pouvait-il aligner deux pensées cohérentes dans ces conditions ? Epuisé, il passa une main sur son visage, une seconde avant qu’Heinz décide de lui sauter au cou – ou du moins quelque chose qui y ressemblait fort. Surpris, le Français le réceptionna de son mieux, un genou à terre, un coude appuyé sur le fauteuil que son amant venait d’abandonner, l’autre main battant l’air à la recherche d’un autre point d’appui, qui prit finalement la forme d’un accoudoir. Une fois que son équilibre fut complètement rétabli, il ferma les yeux et laissa échapper un soupir de pure fatigue. Il n’en pouvait plus. Il était prêt à accéder à toutes les demandes de Heinz, si celui-ci acceptait de le laisser en paix par la suite, et de ne plus jamais lui faire une telle scène.

Il attendit quelques secondes, puis enroula un bras autour de Heinz et l’aida à se lever. Il sentait bien que l’Allemand était prêt à s'endormir comme une masse, ce qui ne lui déplaisait pas trop. Tous deux avaient eu bien assez d’émotions pour la soirée. Paul n’avait pas l’intention d’embrasser son compagnon, ni de faire quoi que ce soit avec lui. Il le porta jusqu’au lit, et se contenta de lui retirer ses bottes et sa veste. Il n’osa pas lui ôter davantage de vêtements – même si l’Allemand était bien sonné, son câlin précédent montrait qu’il n’avait rien contre certains contacts physiques. Il lui laissa même ses chaussettes, et remonta vaguement les draps sur lui, avant de s’asseoir sur le rebord du lit, pour s’accorder une seconde de réflexion.

Il ne tenait pas à se coucher avec Heinz, qui allait sans doute en profiter pour le prendre dans ses bras, et lui souffler son haleine chargée d’alcool au visage. Il abandonna donc son amant, en restant sourd à ses protestations, et alla chercher un livre au hasard dans sa bibliothèque. Il alla ensuite s’enfermer dans la cuisine.

Sa première idée, c’était d’attendre qu’Heinz s’endorme, pour pouvoir, à son tour, dormir tranquille. Mais il réalisa rapidement que c’était irréalisable. Même sans compter les ronflements – parce qu’un homme qui cuvait ne dormait jamais discrètement – Paul savait qu’il allait se faire du souci. Parce qu’un homme qui a un coup dans le nez, comme chacun le sait, ça a des idées saugrenues, ça ronfle, et c’est parfois malade. Le Français sentait qu’il allait passer une partie de la nuit à veiller, et se frotta le front en soupirant.

La nuit allait être longue.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyJeu 24 Sep - 0:07

En effet, Heinz ronfla ; mais ce fut le cadet de ses soucis.

La matinée était déjà un peu avancée lorsqu'il émergea, la tête moins douloureuse que lors de leur première fois, mais pas de beaucoup. Il se sentit un peu désorienté et mis plusieurs secondes -presque une minute- avant de reconnaitre les lieux. Le double pour se rappeler (partiellement) de ce qu'il y faisait. Quand au souvenir de ce qui s'était déroulé dans l'appartement au milieu de la nuit, il commença par en rougir avant d'en avoir collecté la moitié.
N'importe quoi. Il avait vraiment fait n'importe quoi. Et s'empressa donc de ramener sa main contre son front en un geste d'agacement à peine blasé. Le choc était mal contrôlé et le coup réveilla son mal de crâne. Superbe. Une nouvelle gueule de bois, histoire de rendre le tout encore plus plaisant.

Heinz finit par se hisser sur un coude pour avoir une meilleure vue des lieux. Pas de Paul dans son champ de vision. C'était presque un soulagement, tant il aurait été gêné. Son regard finit par tomber sur une horloge, il se rendit compte qu'il était en retard, puis décida qu'il était tombé assez bas pour ne pas partir comme un voleur. Autant que le désastre de la veille ne serve à quelque chose. Mais où était passé le Français ?

Un bruit de vaisselle lui répondit : cuisine. Heinz vérifia qu'il était suffisamment habillé pour tenir une conversation vaguement normale, se trouva encore avec son pantalon et sa chemise. Et ses chaussettes. Il se sentait moite des pieds, ce qui arrivait toujours quand il les gardait dans les draps. Comme il ne pouvait rien y faire, il se leva et se dirigea vers la cuisine.

L'Allemand s'arrêta dans l'embrasure, les yeux dirigés vers le dos de Paul.

"Bonjour ?"
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 27 Sep - 23:45

Cinq heures, séparées en sept tranches de tailles inégales, allant de cinq minutes à une heure et demie – c’était, à quelques minutes près, le temps qu’Apollinaire avait passé à dormir dans la nuit du 15 au 16 avril. Dans un fauteuil. Avec un manteau sur les genoux, en guise de couverture, et un coussin déplumé en guise d’oreiller. Il avait passé le reste du temps à veiller sur Heinz, à bouquiner, et à chercher le sommeil, entre deux séries de ronflements. Il avait cessé de maudire l’Allemand vers 3 heures du matin, s’était réveillé à 6 heures, et n’avait pas réussi à se rendormir. C’était l’heure à laquelle il se levait en dehors des vacances scolaires, et son horloge interne, sourde à ses prières, refusait qu’il reste dans les bras de Morphée plus longtemps. Il avait quitté son fauteuil vers 8 heures et demi, et gagné la cuisine pour faire chauffer de l’eau. Il posait son infusion sur la table lorsqu’on le salua.

Il s’immobilisa. Il était trop las pour se mettre en colère, presque trop las pour ressentir quoi que ce soit. Il voulait que l’Allemand s’en aille, mais se sentait trop fatigué pour lui imposer quoi que ce soit. De plus, il continuait à se sentir un peu coupable. Vaguement. Très vaguement. Il ne savait plus trop pourquoi, mais, en tout cas, ces regrets l’invitaient à se montrer indulgent envers son invité indésirable. Il tourna la tête, pour pouvoir regarder Heinz par-dessus son épaule. Il avait récupéré ses lunettes, et prit le temps de les repousser sur son nez avant de faire quoi que ce soit d’autre.

"Bonjour" dit-il simplement, d’une voix lasse.

Il réprima un profond soupir.

"Assieds-toi"

Lui-même regagna sa place, à proximité d’un très vieil exemplaire d’Horace, et poussa la tasse qu’il s’était préparé vers Heinz.

"Tiens"

Bourrache. Cadeau de Camille. Excellent contre le mal de cheveux. Paul songea à se servir une autre tasse mais renonça très vite. Réprimant un nouveau soupir, il appuya son coude droit sur la table, se massa la tempe, puis posa son menton sur la paume de sa main, les yeux fixés sur Heinz.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyLun 28 Sep - 23:35

L'Allemand s'assit en silence, lui aussi peu enclin à opposer une quelconque résistance. Il suivit les mouvements du Paul du regard bas, presque en coin, de celui qui cherche à déceler une once de pardon ou d'agressivité sans oser le faire ouvertement. Paul lui en voulait-il beaucoup ? Etait-il fâché ? Heinz aurait donné Berlin pour l'entendre penser.

Le regard passa de Paul à la tasse, de la tasse devant Paul à la tasse devant Heinz -la même, mais sa migration exigeait d'être suivie. Puis les yeux remontèrent : main de Paul, col de la chemise de Paul ; et retombèrent vers la tasse qu'Heinz entoura de ses mains. C'était chaud. Absent, il se perdit quelques secondes dans un brouillard matinal très caractéristique avant de saisir le récipient à deux mains pour le porter à ses lèvres. Sans demander ce que c'était, et sans avoir envie de le savoir. Heinz était juste trop prêt à tout accepter de Paul, surtout ce qui ressemblait presque à un cadeau. Le goût n'était pas désagréable, mais impossible de placer un nom dessus, que ce soit en Allemand ou en Français.

Heinz remercia quant même et avala une nouvelle gorgée, puis passa un bout de langue sur sa lèvre inférieure -coin droit- pour récupérer une goutte égarée. Il avait espéré que Paul engagerait la conversation. Il espérait toujours, d'ailleurs. S'aurait été plus simple.

Au bout d'un moment, il but encore une fois, une longue rasade chaude qui lui pesa aussitôt sur l'estomac.

"Je suis désolé. Pour hier."

Le regard faisait la navette : tasse, col de Paul, table, visage de Paul, col, visage regard mains, tasse, visage.

"Je ne... d'habitude je bois pas comme ça. Et je ne me conduis pas comme ça."

Mains. Ses mains sur sa tasse, et soupire. Heinz resta dans cette position pendant quelques secondes, puis ses yeux bruns clairs trouvèrent directement les prunelles de Paul. Il fallait qu'ils se parlent, parce qu'ils ne pouvaient pas se quitter sans rien se dire.
Il fallait qu'il dise quelque chose. Qu'il le laisse revenir, ou lui oppose un non définitif. Heinz ne supporterait pas de continuer à se le demander : Est-ce que c'est bien fini, ou, si je retourne frapper à sa porte... ?
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMar 29 Sep - 22:58

Pour Apollinaire, il n’existait pas de musique plus mélodieuse et plus reposante que le silence. Il entendait vaguement les travailleurs fouler le pavé au pied de l’immeuble, et quelques boiseries craquer dans les couloirs, derrière sa porte, mais rien de plus. C’était plutôt agréable. Il n’avait pas mal au crâne, mais était tout de même heureux que ses sens ne soient pas saturés par une foule d’informations inutiles. Il était trop fatigué pour faire convenablement le tri entre ce qui méritait d’être vu et entendu, et tous les bruits de fond – c’était beaucoup plus reposant de laisser le silence décider pour lui. Plutôt las, mais également serein, il fixait Heinz, et ne disait rien. Il comptait sur l’Allemand pour dire quelques mots – il ne savait pas trop ce qu’il souhaitait entendre, mais savait qu’il n’apprécierait pas de voir son compagnon partir sans un murmure, comme un voleur – et se contentait d’attendre. Il avait tout son temps, contrairement à son vis-à-vis, et laissait ses doigts glisser sur la vieille couverture d’Horace, le long des veines et des craquelures du cuir, pendant que son invité goûtait la tisane.

Il fronça les sourcils lorsque Heinz s’excusa, et lui adressa un haussement d’épaules agacé en réponse. Et alors ? Est-ce que cette déclaration polie effaçait le chantage de la veille ? Est-ce qu’elle lui rendait ses heures de sommeil perdue ? Non et non. Pas à sa connaissance, en tout cas. Il ne voulait pas de ces excuses creuses, vides de sens, et ne comptait pas lui accorder son pardon si facilement. Il le laissait revenir chez lui, n’était-ce pas suffisant ? Il fallait qu’il lui dise en plus que son attitude était compréhensible, et pardonnable ? Quand l’Allemand assura qu’il ne se conduisait pas ainsi « d’habitude », Paul se leva et alla s’appuyer au chambranle de la porte, non loin de Heinz, juste un peu en retrait. Il croisa les bras sur son torse.

"Je sais. Je te connais peut-être très mal, mais assez pour savoir ça" commenta-t-il d’une voix froide.

Il soupira, et repoussa une nouvelle fois les lunettes sur son nez.

"Si tu pouvais être sobre, la prochaine fois que tu viendras, j’apprécierai"
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyVen 2 Oct - 19:45

Oui de la tête ; piteux, honteux, Heinz ne trouva rien d'autre à réponse. Il savait pourquoi il avait bu, mais ne se voyait pas l'expliquer à Paul. Il doutait que le professeur s'en réjouisse de toute façon. Et, entre hommes, on ne parle pas de sentiments, de ce qui se passe sous la peau. Ce n'était pas comme avec une femme qui vous laissait -vous demandait- de parler d'amour et de mettre des mots sur ce qu'on comprenait à peine.

Alors, il se contenta de profiter du silence que procurait la tasse car, tant qu'elle était collée à ses lèvres, il avait l'excuse de son rempart pour ne rien ajouter. Son mal de tête se dissipait légèrement ; Heinz ne s'en plaignait pas. Il avait le sentiment qu'il aurait besoin d'un esprit clair.

"La dernière fois, tu m'as dis de partir."

Heinz ne s'était pas retourné. Il préférait presque que Paul ne voit pas son visage, et ne souhaitait pas voir le sien pendant qu'il parlait.

"Tu ne m'as pas dis, si tu ne voulais pas que je revienne."


Il porta la tasse à ses lèvres, laissant trois ou quatre secondes pour une réponse qui ne vint pas, puis avala. Trop vite. Et manqua de s'étrangler, toussa, respira profondément et rapidement le temps de récupérer l'usage de ses poumons.

"Je voulais savoir, ce que tu voulais, à propos de ce. Si c'était... définitif."

Heinz lâcha la tasse, se retourna sur sa chaise. Il s'apprêta à dire quelque chose, prit une inspiration, ouvrit la bouche et finalement, la referma après qu'un souffle interrompu ai avoué qu'il avait changé d'avis. Ses lèvres se pincèrent, mais rien ne sortit et il fixa sur Paul des yeux interrogateurs, sans essayer de nouveau d'ajouter quelque chose.
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptySam 3 Oct - 2:34

Silence, de nouveau. Paul ne savait pas s’il devait être satisfait ou contrarié par l’inertie de son compagnon, qui ne semblait pas décidé à se défendre, ni à s’excuser davantage, et encore moins à fournir la moindre explication sur ses agissements. Comme s’il était tout à fait normal de débarquer à minuit, ivre mort, chez un homme qu’on avait laissé plus de deux semaines sans nouvelles, pour lui donner les restes d’une soirée bien arrosée. Heinz s’était même offert le luxe de s’étonner, et de s’indigner, face au mauvais accueil de son amant. Ce souvenir fit frissonner le Français. Certes, l’éclat de colère du gestapiste n’était plus d’actualité, mais Paul se souvenait très bien de ses accusations, de ses mots durs, de ses exigences. Il regrettait d’avoir ouvert sa porte à l’Allemand. Il regrettait de l’avoir séduit, six semaines plus tôt. Il méritait ce qu’il lui arrivait, il le savait, ce qui rendait sa situation encore plus inconfortable. Il ne pouvait pas en vouloir à Heinz, en vérité. Parce qu’à la base, tout était de sa faute.

Il se raidit lorsque l’Allemand lui rappelait que « la dernière fois », il lui avait dit de « partir ». Seigneur, il n’allait quand même pas lui reprocher ça ?! Il était en colère, à ce moment-là, et à juste titre ! Il sentit un sentiment de révolte prendre le pas sur la culpabilité, et il se redressa de toute sa hauteur, les lèvres serrées. Exact, il n’avait pas dit à Heinz qu’il ne voulait pas qu’il revienne. Est-ce que ça l’autorisait à revenir à n’importe quelle heure, n’importe quel jour, complètement saoul ?! Le Français, franchement agacé, songea à lui dire le fond de sa pensée, mais renonça aussitôt. Heinz choisit ce moment pour se tourner vers lui. Paul ne dit rien, et souda son regard au sien. Qu’est-ce que l’Allemand attendait au juste ? Son approbation ? Son pardon ? Ou il se contentait de l’informer ?

Après quelques secondes de silence, et d’immobilité, le professeur décroisa les bras et se rapprocha de Heinz.

"Maintenant, tu sais" déclara-t-il, sans aucune chaleur.

Il ajouta :

"J’étais en colère, je n’avais pas franchement envie de discuter à ce moment-là. Mais je t’ai attendu, le samedi suivant. Je pensais que tu reviendrais, pour qu’on s’explique"

Au lieu de quoi, Heinz était revenu deux semaines plus tard, dans les circonstances que l’on connaît.

Le Français se pencha vers l’Allemand, en prenant appui sur le rebord de la table.

"A présent, les choses sont claires, au moins"
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptySam 3 Oct - 19:24

Mais le samedi suivant, Heinz avait été totalement incapable de savoir. Il avait passé l'après midi à tourner en rond, à se demander s'il devait y aller et, finalement, s'était dit qu'il souffrirait plus auprès d'un homme qui ne pouvait pas l'accepter comme il était que sans lui. Le temps -et l'alcool- avait fini par le persuader du contraire, et... voilà.
S'il avait su. Il serait revenu, peut être même avant le samedi. Sauf qu'il y a des choses qu'on ne peut deviner dans la couleur du ciel et le bruissement du verger des Reynaud.

"Je suis désolé. Vraiment."

Il baissa la tête et les yeux.

"Je te suis beaucoup de soucis, non ?"

Un peu de honte se mêlait à la culpabilité, et le tout ressortait dans sa voix, légèrement étranglée et basse, comme un souffle qui trébuche. Finalement, sa relation avec Paul ne se finirait sans doute pas différemment de celles qu'il avait eues avec des femmes. La seule différence, c'est que Heinz se sentait monter des larmes dès qu'il y pensait.

Mais il ne trouvait pas que c'était clair. Rien n'était jamais clair, entre eux, et il releva les yeux vers Paul quand ce dernier se pencha vers lui. Il aurait fallut qu'il lise dans ses pupilles, ou que ses iris se parent des couleurs de ses émotions pour que tout soit clair. Mais quoi qu'on en dise, les yeux sont des fenêtres trop imparfaites pour raconter de vraies histoires. Ce qui avait l'air clair, Heinz n'osait pas le dire à Paul, ou ne le voulait pas par peur d'être mal accueilli. Et il y avait, sur le reste, un épais brouillard qui l'empêchait de comprendre.

"Tu crois ?"

Clair, dans quel sens ? Il supposait que Paul l'autorisait à revenir, mais Paul n'avait pas dit qu'il en avait envie. Il n'avait pas dit qu'il avait vraiment regretté sa présence. Il n'avait pas dit ce qu'il pensait de tout ça.

"Tu m'as manqué," répondit Heinz à sa propre question, avant que Paul ai pu ajouter quelque chose. Il voulait qu'il le sache. Et il voulait l'embrasser.
Alors il tenta de le faire.
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 4 Oct - 11:43

Heinz était « désolé » mais Apollinaire n’était absolument pas soulagé par ses excuses. L’Allemand ne précisait même pas ce qui le désolait : était-il chagriné d’avoir été vu sous son uniforme, fâché de ne pas être revenu plus tôt, honteux d’avoir fait une scène à son amant, pour rien, ou presque rien ? Son compagnon songea à lui poser la question, mais décida très vite que la réponse ne l’intéressait pas. Quelque soit la raison pour laquelle Heinz était « désolé », ses paroles n’excusaient rien. S’il s’était réellement soucié des sentiments et du bien-être de son amant, il ne se serait pas amusé à lui faire la leçon en plein milieu de la nuit, avec une demi-bouteille de whisky dans le nez. Il n’était sans doute « désolé » que sur le papier, histoire que son compagnon ferme les yeux sur ses erreurs et lui ouvre à nouveau sa porte. Bref, en un mot comme en cent, le Français accueillit cette seconde série d’excuses avec autant d’enthousiasme que la première – autrement dit, avec indifférence, et un soupçon d’agacement.

Il sentit son estomac se nouer lorsque Heinz reprit la parole. Des soucis ? Il était en-dessous de la vérité. Si les choses continuaient à ce rythme, Paul n’était pas sûr de pouvoir continuer à dormir sur ses deux oreilles la nuit. Il réprima un soupir.

"Oui, tu me causes énormément de soucis" dit-il simplement, presque avec douceur.

Ce n’était pas un reproche, juste un constat. Comme l’avait si bien fait remarquer l’Allemand, leurs rencontres se déroulaient beaucoup mieux « avant ». Ils étaient effectivement « bien ensemble », pendant leurs premiers rendez-vous. Mais, à l’époque, le Français pensait avoir affaire à un homme digne de confiance et inoffensif, en dépit de sa nationalité allemande. Il n’avait pas cherché à en savoir plus, parce que la situation le satisfaisait pleinement – Heinz lui apportait alors de quoi améliorer son ordinaire, et lui offrait une compagnie tout à fait agréable. Il plaisait à Paul, physiquement, et n’était pas difficile à vivre.

Le Français s’humecta nerveusement les lèvres lorsque son compagnon avoua qu’il lui avait manqué. Il ne s’attendait pas à ce que l’Allemand – qui lui avait bien fait comprendre qu’il ne venait que pour le sexe – lui fasse une déclaration de ce genre, et ne savait pas comment réagir. Il cherchait encore une réponse quand les lèvres de son amant frôlèrent les siennes. Surpris, il se redressa immédiatement, comme secoué par un haut-le-cœur, et recula d’un pas. Droit et pâle, il fixa Heinz sans rien dire. Il était inutile de chercher la moindre tendresse, la moindre indulgence, dans ses pupilles sombres.

Il ne savait pas si Heinz lui avait manqué, et ne désirait pas le savoir. Il ne voulait pas être l’esclave de ses pulsions, et ne voulait pas accorder son pardon à un homme qui ne méritait que sa haine et son mépris. Il frissonna. Il n’avait pas du tout envie de remuer ses souvenirs, et de se pencher sur les sentiments que lui inspirait son vis-à-vis. Il estimait porter assez de choses sur ses épaules, sans qu’on lui demander de supporter davantage de culpabilité.

Une bouffée de haine gonfla ses poumons. Il se sentait acculé. L’Allemand l’interrogeait, mais juste pour la forme – Paul n’avait pas du tout l’impression qu’il pouvait choisir. Et, rien que pour ça, il haïssait son interlocuteur.

"Dis plutôt que mon lit t’a manqué. Tu m’as bien fait comprendre que je n’avais aucune raison de refuser tes visites, vu que tu ne venais que pour ça" rétorqua sèchement le Français.

Il regretta immédiatement ces paroles.

"Oublie ça" lâcha-t-il, sans grand espoir, les dents serrées.
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 4 Oct - 17:56

Baffe numéro une : pas de bisou. Baffe numéro deux : tu viens que pour baiser. Heinz se demanda s'il avait dit quelque chose, la veille, pour provoquer une telle réaction. Il soupçonnait que oui et ressentit plus de peine que de colère, plus de culpabilité que de rancune. Il baissa les yeux, mais les releva aussitôt.

"Non, j'oublie pas."

Il se leva et planta ses yeux dans ceux de Paul, debout droit devant lui.

"Das ist totaler Quatsch ! Tu veux que je te dise ?"


Il repensait à toutes les lettres qu'il avait voulu écrire, à toutes celles qu'il avait à peine commencé, et à celles qu'il avait détruites après les avoir terminées. Surtout à celles ci, qu'il aurait pu garder si Paul avait été une femme. Heinz regrettait presque de les avoir brûlées : s'il avait pu les lui montrer, Paul aurait su ce qu'il pensait vraiment.

"Voilà ce qu'il est ! Tu n'aimes pas les allemands comme moi, tu n'aimes pas la gestapo comme moi et tu aimes pas que je boive ! D'accord, ça je sais ! Alors maintenant, soit tu veux, dass je revienne, je reviens, parce que la gestapo je m'en scheren pas quand je suis avec toi. C'est pas le même Heinz et je préfère être le Heinz avec toi que avec eux. Je mélange pas et je veux pas mélange."

Heinz recula un peu, assez pour que ses mollets butent dans sa chaise. Il avait l'air à la fois troublé, en colère et, pour une fois, déterminé.

"Ou alors pour toi c'est pas possible et je m'en vais. Je mélange pas. Si tu veux pas de moi, c'est fini avec toi et c'est tout. Je t'apprécie beaucoup mais ça fera rien si on veut pas tous les deux. Alors si tu veux, que on fasse comme si rien ne s'était passé, alors on fait comme ça. Je préfère."

Parce qu'il en avait assez. Il avait passé deux semaines torturé par tout ça ; il ne voulait pas remboiter sur un mois, voir plus à se disputer en permanence avec Paul ou à éviter son regard. Pour recommencer à se séparer après, et se disputer encore. Il voulait que tout soit clair, qu'ils se parlent franchement. Depuis le début, ils n'avaient fait que s'éviter et, à présent, ni l'un ni l'autre ne semblait plus pouvoir le supporter.
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 4 Oct - 23:37

Heinz ne laissait décidément rien passer. Chaque omission était une brèche dans laquelle il s’engouffrait, et chaque parole malheureuse, lâchée sous le coup de la colère ou de la fatigue, était l’occasion de rappeler à Apollinaire qu’il était l’unique artisan de sa misère. Il ne faisait aucun effort. Qu’est-ce que ça lui coûtait, de tirer un trait sur cette remarque ? Ce n’était pas comme si elle changeait quoi que ce soit à leur situation ! Furieux, le Français serra les dents, puis les poings, lorsque l’Allemand se leva. Il ignorait quelles étaient les véritables intentions de son compagnon, mais préférait être paré à toute éventualité. Si Heinz s’avisait de lever la main sur lui, il se défendrait, Chef de la Gestapo ou pas. Jamais l’Allemand ne s’était montré violent envers lui, mais c’était aussi la première fois qu’il se fâchait. Paul ignorait finalement jusqu’où il était capable d’aller.

Mais Heinz ne semblait pas vouloir s’approcher, ni en venir aux mains. Son compagnon se détendit légèrement lorsqu’il commença sa tirade. Oui, il voulait que son amant lui dise ce qu’il avait sur le cœur. Ce n’était pas facile à suivre, même lorsqu’on parlait couramment français et allemand, mais il comprenait grosso modo où son interlocuteur voulait en venir. Un intense soulagement s’enlaça à la fureur lorsque Heinz lui assura qu’il s’en irait, tout simplement, s’il n’était plus le bienvenu. Pas de représailles ? Et aucune crainte concernant un éventuel retour ? Paul, rassuré, desserra les poings. Il pouvait encore choisir. Mais sa fureur n’était pas complètement dissipée. Parce qu’il avait encore l’impression d’être, ou d’avoir été, le dindon de la farce. Et surtout... Pouvait-il se fier à la parole de Heinz ?

Il fit les deux pas qui le séparaient de Heinz et le saisit par le col, sans aucune douceur, pour le forcer à le regarder en face, pour l’empêcher de reculer.

"C’est vrai, ce que tu dis là ?!" clama-t-il. "Si je te disais de partir, si je te disais que je ne veux plus de toi, tu t’en irais ? Tu ne chercherais pas à revenir, et tu me laisserais en paix ?!"

Il était si soulagé que sa voix se brisa sur le dernier mot.

C’était forcément un piège. Il s’attendait à moitié à ce que Heinz proteste, se défende, voire le menace, ou tente à nouveau de le faire culpabiliser. Mais rien de tout cela. L’Allemand confirma qu’il s’en irait si Paul décidait de plus le voir. Aussitôt, le Français ferma les yeux et laissa échapper un long soupir, comme un homme débarrassé d’un grand poids. Il récupérait un certain contrôle sur la situation.

Il lâcha le col de Heinz, leva une main jusqu’à la branche de ses lunettes. Il se demanda s’il serait capable de fréquenter l’Allemand sans songer sans cesse à son uniforme. Il se demanda s’il en avait envie. Il songea à leurs premiers rendez-vous, et admit silencieusement qu’il gardait un bon souvenir de cette période. Il se dit qu’il serait peut-être mieux qu’il s’accorde le temps de la réflexion, mais sut immédiatement qu’il changerait d’avis dix fois, vingt fois, s’il ne décidait pas tout de suite.

Il caressa la joue de Heinz.

"Je crois que tu m’as manqué aussi"
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyLun 5 Oct - 23:23

Heinz faillit lui répondre "non", parce que la réaction de Paul laissait présager le pire. Est-ce que ça ne voulait pas dire qu'il le jèterait à la porte dès qu'il se saurait en sécurité ? Qu'il ne l'appréciait vraiment pas du tout ? Mais la décision était prise : l'Allemand avait affirmé qu'il préférait être sans Paul qu'avec une relation bâtarde et branlante. Il acquiesça donc, même si l'opération n'était pas facilitée par les mains de son peut être ou peut être pas ex amant.

La réaction que sa réponse souleva l'inquiéta encore : ainsi, c'était vraiment ce que Paul avait voulu. Sa présence devait avoir été absolument détestable pour que Paul soit à ce point heureux de pouvoir se débarrasser de lui. En tout cas, le Français était le seul soulagé du lot. Et ce n'était pas comme si Heinz pouvait dire quoi que ce soit sans avoir l'air de retirer sa parole.

L'homme fut donc très surpris par les doigts qui frôlèrent sa peau. Puis par la réponse de Paul.

Le "je crois" passa totalement à la trappe. Ce qui importait, c'est qu'il avait manqué à Paul, et s'il avait manqué à Paul, ce signifiait que Paul l'aimait bien, que Paul allait vouloir le revoir, que Paul ne lui en voulait pas tant que ça... Le soulagement et un début de joie lui donnaient envie de l'entourer de ses bras, de fourrer son nez dans son cou et de rester là toute la journée. Juste avec lui, sans coucher ou quoi que ce soit de ce genre. En fait, Heinz avait envie qu'ils sortent, qu'ils aillent danser dans un bal populaire avant de manger au restaurant. Ils finiraient la soirée dans un cinéma, où ils passeraient plus de temps à s'embrasser qu'à regarder le film.
Il ne le fit pas ; la dernière partie, parce qu'elle était impossible. La première, parce que Paul l'avait repoussé deux minutes avant de l'avoir pardonné, et que Heinz n'était pas sûr qu'il ai changé d'avis entre temps.
Mais il en avait très envie. Ses baisers lui avaient beaucoup manqué.

"Est-ce que je peux t'embrasser ?" finit-il par demander, ayant décidé que c'était encore la solution la plus simple.
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMer 7 Oct - 0:42

Paul n’était pas stupide, et ne fuyait pas la compagnie humaine – mais même après quarante ans de pratique, il restait incapable de deviner les sentiments de ses interlocuteurs, simplement en les regardant droit dans les yeux. C’était d’ailleurs ce qui le rendait si méfiant. Il n’était jamais certain des intentions de son vis-à-vis, et avait du mal à ne pas s’imaginer le pire lorsqu’il était confronté à une situation difficile. Mais cette fois-ci, il était presque sûr de pouvoir se fier à Heinz. Sa tirade ne ressemblait pas à un discours préparé, et il avait l’air sincère. Après avoir obtenu une réponse à sa question, Paul renonça à guetter les réactions de l’Allemand. Il était trop fatigué pour jouer aux devinettes, et ne parviendrait certainement pas à décrypter les véritables sentiments de son vis-à-vis, sauf si celui-ci décidait de lui envoyer des signaux évidents.

Heinz n’avait pas de souci à se faire concernant la seconde partie de son plan : même si elle avait été réaliste, et réalisable, Paul aurait refusé tout net d’entrer dans la danse. C’était une chose, d’accueillir l’Allemand chez lui, et de faire semblant d’ignorer ses activités lorsqu’ils n’étaient que tous les deux. C’en était une autre, d’être vu en sa compagnie, dans les rues de Montreuil, et de ne pas prêter attention au regard des habitants. Le Français n’approuvait pas, et n’approuverait jamais, les convictions et les actes de la Gestapo. En d’autres termes, il n’aimait pas, et n’aimerait jamais, l’homme qui lui faisait face. Mais ce n’était pas ce qu’Heinz venait chercher, de toute manière – il cherchait un amant, pas un compagnon.

Il ne disait pas non à la tendresse, en tout cas. Paul n’était pas très tactile, sauf avec les personnes qu’il appréciait le plus, mais la relation qu’il entretenait avec Heinz sortait du cadre de l’ordinaire. Il caressa à nouveau la joue de l’Allemand, et l’obligea gentiment à lever le menton.

"Tu peux" commenta-t-il, avant d’embrasser Heinz au coin des lèvres.

Il fit glisser sa main derrière la nuque de son amant puis l’embrassa pour de bon. Il avait apprécié que l’Allemand le laisse décider, et ce fut lui, également, qui prit l’initiative de s’écarter, après un bref instant.

"Est-ce que tu veux manger quelque chose avant de t’en aller ?"

Ce qui était une façon polie de le prévenir qu’il devait commencer à songer au départ, sans le chasser. Paul voulait bien qu’il reste un peu plus longtemps, mais il voulait aussi aller se coucher – et dormir.
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyDim 11 Oct - 21:51

Etrange comme la tempête pouvait s'achever si rapidement ; l'orage avait couvé dès le réveil, mais semblait désamorcé après quelques roulements de tonnerre. Le tout ne laissait que des nerfs à vifs et un arrière goût aigre dans la bouche qui, Heinz l'espérait, disparaitrait vite. Le baiser ne suffisait pas, mais donnait tout de même l'assurance que pour le moment, le soleil était de retour.

Cela ne l'empêcha pas d'être plutôt tendu et, pour une fois, de ne pas laisser ses mains glisser autours du cou de Paul. Il avait beau l'embrasser comme si rien ne s'était passé... Heinz ne savait pas encore s'il devait vraiment croire à sa chance. Sa réponse fut un peu tardive et, lorsque Paul le lâcha, il n'était pas encore tout à fait détendu. Aussi, quand le français proposa avec plus ou moins de finesse qu'il s'en aille, Heinz -qui aurait dû être en train de travailler au lieu de faire son tire au flanc avec son ex-ex-petit ami- saisit la balle au bond. Après quelques bredouillages qui ressemblaient à un mélange de "oui", "non", "non mais", "en fait je vais y aller tout de suite", un blanc quelque peu épais se chargea de remplacer la conversation.

Il prit une grande inspiration.

"Je vais y aller tout de suite."

Il commença à réarranger son col.

"Je travaille, aujourd'hui, en fait."

Il se tendit pour l'embrasser, juste au bout des lèvres, comme Paul l'avait fait quelques instants plus tôt.

"Au revoir ?"
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Paul Nantois
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyLun 12 Oct - 2:30

Très las, Paul ne chercha pas à décoder la réponse de son vis-à-vis, qui était pratiquement inintelligible. Il jugeait que regarder ses actes serait moins fatiguant que de l’écouter répéter ses mots. Si Heinz s’attaquait aux plis de sa chemise, ou touchait avec inquiétude sa barbe d’un jour et demi, c’était qu’il songeait à partir. S’il se rasseyait devant sa tasse et terminait l’infusion de bourrache, c’était qu’il n’était pas pressé. Dans tous les cas, le Français décida de ne rien dire. Il n’avait pas envie de mettre l’Allemand dehors, mais ne comptait pas pour autant l’inviter à rester toute la journée chez lui. Heinz lui avait promis de ne pas s’imposer, et n’abuserait donc pas de son hospitalité, en théorie.

Une seconde plus tard, l’Allemand mettait la théorie en pratique, ce qui lui valut un hochement de tête approbateur. Paul réprima un soupir de soulagement mal venu et fit un mouvement vers la porte, pour raccompagner son invité indésirable. Son visage s’assombrit lorsque le trentenaire évoqua son travail, mais une ébauche de baiser parvint presque immédiatement à le distraire. Il adressa un regard un peu surpris, et vaguement amusé, à son amant, qui prenait rarement ce genre d’initiatives, puis se pencha vers lui, pour poser brièvement ses lèvres sur les siennes.

"Oui" murmura-t-il, sans émotion particulière. "A samedi"

Il songea à lui dire de récupérer sa bouteille de whisky à demi-vide. Sous prétexte qu’il ne voulait pas de ses restes – par fierté – ou en arguant qu’il ne souhaitait pas priver l’Allemand de quoi que ce soit – il ne voulait pas qu’Heinz ait l’impression de pouvoir obtenir ce qu’il voulait de lui, tant qu’il y mettait le prix. Mais la vraie raison, c’était qu’il avait honte de lui. Il ne voulait pas qu’un homme l’entretienne. D'un autre côté, il était trop fatigué pour se lancer dans une polémique de ce genre.

Alors, il n’ajouta rien. Et une fois seul, il s’allongea sur son lit, tout habillé, et s’enfonça aussitôt dans un sommeil sans rêve.
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Heinz Siedler
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MessageSujet: Re: Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril]   Mondscheinsonate [Mardi 15 Avril] EmptyMar 20 Oct - 23:13

Baiser donné, baiser rendu ; Paul semblait pressé qu'il parte. En homme amoureux qui se respecte, Heinz aurait voulu qu'il cherche à le persuader de rester, mais il s'estimait déjà heureux qu'ils puissent se quitter sur un revoir heureux... au moins en apparence. Il répondit au Français par un sourire timide, fut tenté de lui sauter dessus pour l'embrasser avec un peu plus de fougue, mais jugea que ce serait malvenu (c'était le genre de trucs qui vous bouffaient les lèvres et faisaient ricaner Pfeffel dans votre dos).

"D'accord. A samedi."

Main sur la poignée ; ouverture, puis fermeture de porte dans un "clac" discret mais rude, comme pour marquer la fin de la confrontation.

Fallait-il en rire ? C'est sans doute la fatigue qui fit opter pour un soupire ourlé d'un sourire silencieux. Heinz plongea les mains dans ses poches et descendit au premier, pensa à aplatir vaguement ses cheveux, refit son col en arrivant au rez de chaussé, se regarda dans la vitre de la loge de la concierge pour constater qu'il avait des cernes.
Mais malgré son look plus ou moins artisanal, il ne pouvait s'empêcher d'être heureux. Les vieilles lettres pouvaient bien n'être que de la cendre, elles n'étaient plus nécessaires et seraient vites oubliées et évacuées dans une poubelle quelconque. Et puis le rictus de Pfeffel, il s'en foutait, Pfeffel c'était un salopard. Même avec Pfeffel, il serait certainement heureux pour tout le mardi, le mercredi, le jeudi, et s'il commençait à déprimer le vendredi, ça lui donnerait juste envie d'être samedi soir.

Non, vraiment : la vie était belle en ce début d'Avril.
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