Die Adler
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Deborah Loewe.

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AuteurMessage
Deborah Levy
Française
Deborah Levy

Messages RP : 3
Messages : 15
Âge du personnage : 26 ans.

Deborah Loewe. Vide
MessageSujet: Deborah Loewe.   Deborah Loewe. EmptyMar 28 Juil - 20:19

Fiche de personnage


Nom : Loewe.

Prénom : Deborah.

Âge : 26 ans.

Nationalité : Polonaise.

Métier : Couturière.

Description physique : Il a souvent été fait mention d’un « type » juif. Tous les mêmes ? Grâce à ses grands yeux bleus, Deborah a évité d’être repérée par d’éventuels nazis, et de fuir en France.
C’est une jeune femme d’un bon mètre soixante-cinq, pour une masse corporelle assez légère : le manque de nourriture subit à Varsovie l’a marqué de manière tenace, comme le laissent deviner ses pommettes saillantes et ses épaules maigrelettes. Sa peau est rude, comme si un tanner était passé avec ses outils.
L’évolution de ses idées quand à sa façon d’être s’est directement répercutée sur son corps : auparavant trapue et bossue, elle se distingue par son port de tête altier, et sa marche assurée.
Quand à son visage, il est construit dans un ovale. Ses lèvres sont fines et d’une largeur assez commune. Son nom, contrairement aux idées reçues, est assez court, comme celui de sa mère.
De son père, elle tient ses cheveux couleur d’ébène, naturellement ondulés. De sa mère, elle tient sa peau couleur de craie, et ses yeux clairs, qui dérangent tellement, dans la rue. Ils vous ignorent, vous snobent. Puis, durant une seconde, ils se plantent en vous, comme un défit.
Etant couturière, Deborah ne disposa pas de beaucoup de moyens. La plupart de ses revenus sont utilisés pour payer sa chambre, sa nourriture, et faire l’aumône dans la rue. La coquetterie étant quelque chose d’incompréhensible pour elle, Deborah ne dispose ni de maquillage, de chaussures féminines, ou de tenues bien coupées. L’important est de ne rien dévoiler, rester pure, tenace par rapport à ses idéaux.

Description mentale : A vrai dire, il est difficile d’expliquer concrètement quel est le caractère de la demoiselle. En effet, suite à son changement radical à cause de l’enfant mort, il y eût une métamorphose totale.
Désormais, Deborah est une personne silencieuse, ne déclenchant pas de problèmes. Ce n’est pas pour autant qu’elle passe inaperçue. Pourquoi ? Après avoir découvert la débauche de la société française, elle décida de se retirer de la vie sociale, afin de se préserver des autres. Cela est visible dans la manière qu’elle a de vous observer : le menton haut, les yeux ne vous remarquant même pas. Et parfois, un regard de mépris. Ce sera tout.
Quand à la suite de sa vie, tout est flou. En effet, elle ne restera pas couturière indéfiniment. Mettons que pour elle, cela se terminera comme son père. Fort certainement. L’injustice du petit enfant fut le premier, remplissant ainsi le vase de toutes ces visions qu’elle est capable de supporter. Et prochainement, il se brisera.
Deborah a subit un entrainement, lui-même assez proche de celui qu’auront les agents du Mossad, des années plus tard. Attaques psychologiques, souffrances physiques. De quoi tenir.
Evidemment, sans aide dans la société, il y a un problème. Mais, nous verrons plus tard ?


Histoire : A l’origine, mon nom signifie « Abeille ». Oh, bien sûr, tu imagines que cela fait de moi une personne gaie et vive. Mais ces insectes le sont-ils réellement ? Une abeille fait de longs voyages, avec un seul objectif en tête : la survie des siens. Elle travaille comme si elle devait vivre éternellement. Et un jour, elle meurt.
La vie d’une enfant juive est divisée en deux temps. Jusqu’à ses douze ans, elles vit, sourit au monde. Je me souviens encore qu’avec ma mère, nous sortions une fois par mois de Varsovie pour aller chercher du grain chez ma tante, à Radom. Pour cela, il nous fallait traverser des forêt, et des endroits peu fréquentables. Mais ces moments fûrent parmi les plus beaux de ma vie. Je montais sur notre vieil âne squelettique et amorphe, et m’imaginait galopant dans le vent avec un cheval d’un grande beauté. Et puis, je sautillais sur le chemin, heureuse de découvrir un paysage totalement différent de celui de ma ville. Il m’arrivait de caresser des bourdons, tout doucement, pour les mettre en confiance. Uniquement les mâles, car les femelles sont pourvues d’un dar. Douze années d’épanouissement total, de joies et de rires.
A l'âge de 12 ans révolus, le soir même, l’enfant passe au statut de femme. Avec l'obligation d'observer les préceptes de la Torah. Ce jour-là, je m’y étais préparée : on m’avait toujours dit que ma manière de vivre changerait, que je me rapprocherais de Dieu. Aussi, pour ma Bat Mitsva, j’étais vêtue d’une robe de fête, une robe blanche touchant mes chevilles. Ma mère n’avait pas voulu que j’ai une fleur dans les cheveux. Trop extravagant. Nous avons fait un grand dîner avec ma famille, ce soir-là.
Ce ne fût que le lendemain que je pris la mesure de ce changement. Plus de course folle sur un âne, plus de caresse aux bourdons. Désormais, je devais aider ma mère, apprendre à être une bonne épouse pour mon futur mari. Alors qu’auparavant je vivais dans la rues, avec les autres enfants, désormais je restais cloitrée dans la cuisine. A part mon père, je ne cotoyais pas d’hommes. Même mes frères ne pouvaient pas m’approcher. Oh, il y a bien eu un mariage, mais nous étions séparés des individus de l’autre sexe. Alors que eux discutaient, mangeaient, nous leur préparions des plats en silence, le regard posé sur le sol. Soumises.
Ma mère m’avait appris à parler français, tout comme ses parents. Je ne sais même pas quelle en fut la raison, d’ailleurs. Secret de famille ? L’allemand n’était parlé que par mon père, et jamais à la maison. Situation tendue.
Cependant, quelque chose était pire que tout cela. La chaleur. Car nous ne devions pas montrer un centimètre de peau. Pas un seul cheveux. Juste notre visage. Aussi étions-nous constamment habillés en noir, avec des robes couvrant jusqu’à nos mains.
Novembre 1940. Je ne savais pas que depuis le mois d’octobre dernier, la situation de la ville avait changé, les premiers ghettos étaient apparus. Des quartiers sordides et surpeuplés, entourés d’une protection vigilante. Nous ne pouvions pas sortir, parqués comme des bêtes. Réduits à un rang inférieur.
La donne était nouvelle. Les vêtements recouvrant mon cœur avaient cédé place à une vulgaire robe de laine. La cuisine avait cédé place à des visites quotidiennes à nos voisins, et à un cercle d’individus qui s’appelleraient pas la suite « Żydowski Związek Wojskowy ». L’union militaire juive.
Mon père n’avait pas hésité une seconde. Pour lui, cette séparation était pire qu’un gant jeté par terre. Son visage, autrefois calme et placide, était désormais ravagé par des tiques aussi brusques que réguliers. L’organisation n’avait pas d’armes, on était loin du soulèvement de 1943 : une poignée d’individus, dont la seule force résidait dans leur foi et leur union, cherchaient une solution. Improbable.
Cet hiver fût horrible. Plus de combustibles, de nourriture, sur le marché. Evidemment, les trafics commencèrent à fleurir. Le froid et la faim exposaient sans pudeur leurs crimes. Chaque jour, je pouvais voir des cadavres au beau milieu de la rue. Et chaque passant tournant la tête ailleurs, mal à l’aise. A travers le ghetto, les charrettes morbides tachaient de protéger les juifs de ces spectacles qui leur rappellaient leur avenir proche.
Un soir d’avril, mon père ne rentra pas. Ni pour le souper. Ni pour le matin. Le signal était clair, les allemands commencaient à s’interesser à nous. Ca ne valait rien de bon. Nous devions partir, ma mère et moi.
La France. Le mot était sorti de sa bouche comme une parole divine, une idéalisation totale. Comme le pays des délices, où se trouvait le miel. Un pays sacré, au même point qu’Israël.
Je ne me souviens pas réellement de comment je suis arrivée dans ce pays. Ni du visage de ma mère. Les cris, les coups de feu dans la rue, les larmes. Je me souviens juste du bruit des matraques contre le corps des juifs portant l’étoile jaune. Leur regard levé au ciel, dans l’attende d’une réponse divine.
Le regard. La seule qui séparait ces juifs de moi. Le mien restait braqué au sol, comme refusant la situation. Ce n’était pas possible. Non. Ce devait être une autre signification, cette étoile qui restait dans mes rêves. Pas notre étoile.
Je perdis ma mère à Montreuil. Un violoniste jouait un air qui me plaisait, et, sans m’en rendre compte, je ne bougeais plus. Elle n’était plus là.
Cette ville me paraissait hostile. Comme toutes les autres, d’ailleurs. En effet, rien ne ressemblait à la vie que j’avais connu. L’alcool, les femmes de joies, tout ça était nouveau. Leurs rires à gorge déployée. Leurs sous-entendu vulgaire. Lieu de perdition et de débauche.
Je trouvais une chambre en centre-ville, comportant un lit, et un petit meuble pour mes maigres affaires. Au bout de quelques semaines, je passais mes journées à coudre. Que vouliez-vous que je fasse d’autre ?
Un jour, alors que j’arrivais à proximité de la gare, un enfant faillit bousculer un officier allemand. Sans état d’âme, ce dernier repoussa le jeune garçon. Le camion ne s’arrêta même pas. Le sang s’épaississait sur la chaussée, sans que personne ne s’en soucie. L’étoile jaune était tachée de sang.
L’abeille est forte. Elle puise sa force d’elle-même, sachant que ses sœurs sauveront la collectivité plutôt qu’une de leur sœur. L’abeille vit. Je devais être une abeille, mon père me l’avait dit. Il fallait retrouver ma fierté. Réagir.
A l’angle de la rue, je relevais le regard.
Désormais, je suis Estelle Baurin.

Relations : Si tu crois qu'elle a des connaissances par ici, tu te trompes.

Dragon : Sûrement pas.

Texte personnel : Veston bleu. Fil bleu. Aiguille grise.
Chaque jour, le même refrain. Guerre ou non, allemands ou français, tout le monde avait besoin d’une couturière. Toutes les heures, les boutons tombent. Alors, à peine préoccupé de donner ses vêtements à une parfaite inconnue au visage blaffard. La couturière est entrée dans les mœurs, au même titre que le chauffeur de la voiture. Des individus caractérisés par leur rôle, et non ce qu’ils sont.
Léger soupir. Cela faisait des semaines qu’elle restait là, cloitrée chez elle, le visage collé à la sueur des riches. Elle les voyait passer, ces hommes et femmes honorables. Mais il ne fallait pas s’y tromper, l’argent ne transforme pas les êtres que nous sommes. Il permet davantage la débauche. Un riche hérité a autant la capacité de devenir un ivrogne qu’un pauvre. Mais ce qui compte, c’est le masque.
Oui, le masque. Mais qui n’en portait pas ? Elle-même se cachait derrière un pseudonyme. Une excuse ? De taille, c’est possible. Mais tout le monde peut se trouver une excuse. Et, petit ou grand, nous sommes tous des lâches.
Elle se releva doucement, posant la veste sur la table. Dehors, il faisait beau, les parents étaient de sortie, emmenant leur enfant au square. Et elle restait là. A vrai dire, son existence était réduite à très peu d’actions. Se lever, un peu d’eau sur le visage, manger, faire les courses, coudre, dormir. Quelque chose d’automatique, en vérité.
Là-bas, il y avait un petit groupe d’enfants juifs auquel elle apportait régulièrement un peu de nourriture. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, en les voyant s’envoyer le ballon fait à partir d’un estomac de porc. Il leur fallait peu.
Le climat changea, les enfants s’enfuirent, de même que le sourire. Un groupe d’officiers nazis. Les dents de Deborah se serrèrent. Ils portaient et semaient la mort, le désespoir. Ils lui avaient pris son père. Sa mère, peut-être. Son peuple.
L’aiguille transperça un peu de sa peu, et les neurones transportèrent le message à son cerveau. Pourtant, elle ne bougea pas. Elle les regarda passer, en silence. Comme toujours. Faible complice de par son inactivité.
Elle retourna à sa place, changea d’aiguille. Et piqua. Comme chaque jour, chaque minute de son existence. Le bruit à sa porte n’était pas prévu. Tel un fantôme, elle alla ouvrir, et découvrir l’un des enfants. Moite de sueur, apeuré.
L’étreinte se fit naturellement, entre individus qui partagent une même douleur.
Un jour, l’aiguille se ferait couteau, et reprendrait son rôle inlassable. Piquer.
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Deborah Loewe.

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